Au début, je le suppliais chaque semaine d’acheter des tampons ou des serviettes hygiéniques quand il allait se ravitailler à la supérette du village. Il répondait : « Ma mère, elle a jamais eu besoin d’affaires comme ça, et t’en as pas besoin non plus. » C’est une insulte, une humiliation si intime que j’en étais malade. Je dois utiliser les torchons de sa mère, les tissus mangés aux mites dont elle se servait pour elle-même, puis comme couches pour lui quand il était bébé. Ils les ont portés tous les deux et maintenant c’est moi qui dois les porter. Je m’y suis habituée. C’est le prix à payer pour cinq ou six nuits tranquilles chaque mois, dans la petite chambre du fond, seule avec mes pensées et mes beaux souvenirs.