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Critiques de Haruki Murakami (4568)
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Kafka sur le rivage

« Kafka développe avec angoisse et ironie un univers labyrinthique et absurde » (extrait de Babelio)



Que vient faire ce grand écrivain tchèque dans ce roman japonais ???



Eh bien, il y a tout à fait sa place !

En effet, le héros a choisi le prénom de Kafka en fuguant de la maison paternelle, et il l’a bien choisi ! Ce jeune Japonais de 15 ans porte en lui une blessure qui le brûle : sa mère l’a abandonné à 4 ans, et son père lui a prédit qu’il le tuerait et qu’il coucherait avec sa mère !

Nous voilà entrainés à la suite de Kafka dans sa fuite, et surtout dans sa recherche de lui-même. Et c’est un véritable labyrinthe ! Et c’est une véritable tragédie grecque !

Rien ne nous est épargné :

Il y a …des meurtres….commis réellement ou pas ? En effet, si l’on rêve qu’on tue, est-ce qu’on tue réellement ? La responsabilité commence-t-elle dans les rêves, dans l’imagination ? La culpabilité est-elle inévitable ?

Il y a …la torture de chats…insoutenable ! Ces chats si sages, pourtant, qui savent comment marche le monde.

Il y a…l’expérience de la solitude, dans la forêt profonde

Il y a … la communion profonde avec la Nature

Il y a …une incursion à l’entrée du Royaume de la Mort

Il y a…un amour fou avec …la mère ?



Il y a …des tas d’autres choses encore, qui me bouleversent, qui me traversent, qui me secouent de fond en comble !

Tout est métaphore dans ce roman. Tout est absurde, tout est ironie et pourtant tout est si vrai !



Je n’oublie pas l’autre personnage important : Nakata, un vieil homme qualifié d’anormal parce que suite à un fait mystérieux passé pendant son enfance, il a perdu totalement la mémoire, ne sait plus lire ni écrire.

Et pourtant ! Qu’il est sage ! Que j’aurais aimé faire quelques pas avec lui ! Un jeune chauffeur de camions, ex-voyou, lui, l’a fait ! Il a compris cette douceur, cette acceptation de la fatalité et en même temps cette lutte contre le mal qui habite le vieil homme. Ce sont des passages tendres et comiques à la fois : la confrontation du bon sens du jeune homme et la sage folie du vieil homme…

J’ai beaucoup acquiescé, j’ai beaucoup souri, aussi, dans ces moments-là !



Et les personnages « secondaires » ! Quelle force ! Quelle puissance dans leur aide !

Et les autres thèmes : la lecture, la musique, la peinture…qui nous rapprochent de la Beauté !



C’est difficile de conclure un roman pareil ! Il me hante, c’est certain ! J’aurais voulu encore dire plein de choses, citer plein d’extraits si percutants (petit clin d’œil à mon amie Guylaine et ses scotchs colorés ;)

J’aurais voulu….Non, je dois m’arrêter. M’arrêter et savourer, encore, « Kafka sur le rivage », que je porterai en moi longtemps !

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1Q84, Livre 1 : Avril-Juin

Très légèrement fantastique.





Premier tome d'une trilogie d'un auteur japonais célèbre, au point d'avoir été envisagé pour le nobel (j'aurais au moins appris quelque chose). La barre est haute.





Aomame, 29 ans, enseignante en arts martiaux, discrète, ascète et célibataire, exerce à ses heures perdues, pour le compte d'une charmante, riche et philanthrope vieille dame, le métier de tueur professionnel. Mais la morale est sauve car ses victimes (par ailleurs, très peu nombreuses) sont des monstres pervers ayant détruit la vie de leur femme. Sa vie, ses émois, ses désirs sexuels.

En parallèle nous suivons, Tengo, la trentaine, vieil ours un peu solitaire, professeur charismatique de math le jour et écrivain à ses heures perdues qui se trouve embarqué par son éditeur dans la réécriture d'un troublant premier roman d'un énigmatique jeune fille.





Non. Si l'on perçoit les fils qui sous-tendent ces deux histoires et les relient, ce n'est pas pour ce tome. Ils ne se rencontreront pas.

Classé science-fiction ? Oui très légèrement catégorie uchronie ou monde parallèle, bien qu'à mon sens on verse plus dans le fantastique très très léger. On se doute que nos mystérieux Little People vont prendre de l'importance et qu'ils sont probablement la clé de cette histoire.

Je me suis demandé au début, devant le style, si c'était une catégorie jeunesse. Mais non, vu les nombreuses scènes explicitement sexuelles (assez émoustillantes d'ailleurs, mais sans aucune vulgarité), on vise un public adulte. Un style simple donc mais qui possède une indéniable poésie, très agréable à lire. Des digressions, longueurs et quelques redites (que l'on soupçonne très fortement d'être volontaires) nuisent un peu à la fluidité du texte, mais ce n'est pas rédhibitoire.





Une lente, très lente construction. Des personnages très bien dessinés, (et j'ai eu une nette préférence pour l'histoire de Aomame) heureusement d'ailleurs, car en matière d'histoire, il faut avouer qu'il ne se passe que peu de chose.

Un roman, lent, un brin cérébral où l'on a l'impression que l'écrit est plus important que ce qu'il raconte.





Est-ce un premier tome réussi ? En tout cas, il m'a donné envie de lire (ou tout du moins connaître - et il faut avouer que ce n'est pas la même chose -) la suite.
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Kafka sur le rivage

Le jour de ses quinze ans, Kafka (c’est le nom qu’il s’est choisi) décide fuguer. Il n’en peut plus de vivre auprès d’un père, sculpteur renommé, qui ne s’intéresse pas à lui et l’a accablé d’une terrible prédiction : un jour Kafka tuera son père, violera sa mère et sa sœur. De quoi plomber un avenir…

Il organise son départ de Tokyo, choisissant la destination avec soin : un endroit où il fait beau pour ne pas avoir trop de vêtements à emporter. Il prépare très bien son voyage, réserve ses billets, prévoit hôtels, nourriture bref tout ce dont il peut avoir besoin.

Pendant le voyage, il fait la connaissance d’une jeune femme, Sakura, qui se dirige aussi vers Takamatsu et il finit par arriver dans une bibliothèque privée appartenant à une riche famille, la bibliothèque Komura. Il se lie avec Oshima, femme qui préfère être un homme et Melle Saeki la directrice.

Pendant ce temps, Nakata, un vieux monsieur, qui a été victime d’un coma quand il était enfant et a perdu définitivement sa mémoire alors qu’il était doué à l’école et a gagné sa vie en faisant des meubles, lui-aussi quitte Tokyo pour se rendre vers Takamatsu en faisant du stop ce qui lui permet de rencontrer yoshimli avec qui il va partager une belle expérience.

Leurs destins vont-ils se croiser ?



Ce que j’en pense :



Ce livre est extraordinaire. Il s’agit du parcours initiatique d’un adolescent en fugue et son voyage dans différents mondes, le notre certes mais aussi la mort, l’imaginaire. On aborde les considérations psychologiques avec l’Œdipe, l’inceste. On voyage dans ses différents mondes avec un plaisir sans fin, car on est embarqué dans l’histoire comme dans une croisière sur le Titanic : on ne sait jamais si on est dans le réel ou dans l’imaginaire, mais on est tellement happé par le récit qu’on ne se pose pas de questions, on tourne les pages entraîné par la plume magique de Murakami, accompagnant Kafka et Nakata dans leur voyage initiatique.

C’est le premier roman de Murakami que je lis et j’ai adoré le style, l’imagination fertile de l’auteur et son amour pour les arts (littérature, musique, mais aussi peinture, car un tableau va jouer un rôle important). L’écriture est magique, car dès que l’on a commencé à lire le roman, il est impossible de s’en détacher malgré tout ce qui peut arriver, malgré les situations ubuesques et improbables, on avance dans la lecture, comme hypnotisé, victime d’un charme. La trame du roman est très structurée, l’auteur ne se disperse pas.



Je pourrais parler de ce livre pendant des heures tellement il m’a bouleversée, fait perdre mes repères, poser des tas de questions. Où commence l’imaginaire ? Une découverte magnifique, un vrai coup de cœur et un désir impatient d’entamer un autre roman de l’auteur. Je connais assez peu la littérature japonaise. J’ai bien aimé KAWABATA, j’aime les contes Zen, et les mangas de Fuyumi SORYO et j'ai rajouté à ma PAL une jeune auteure Yoko OGAWA avec deux de ses livres: "la mer" et "les abeilles".

Tout conseil concernant la littérature japonaise sera le bienvenu et donc, qui sait peut-être un challenge Japon ?

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1Q84, tome 3 : Octobre-Décembre

Arrrrrrgggggggghhhhhhhhh !!!

Ceci est le cri proche de l'agonie d'une lectrice (moi) qui pensa ne jamais se désembourber de la troisième épreuve de son triathlon littéraire murakakamien.



Grrrrrrrrrrrrrrr!

Ceci est le cri de colère de la même lectrice (moi toujours) , qui après avoir été appâtée au thon à sushi lors du premier volume, a persisté avec le second tome alors que les trop nombreuses arêtes signalaient une très nette baisse de qualité.

Cela sentait déjà la godiche, il y avait des airs de Bridget Jones, et l'on s'attendait à ce que des écureuils tristes en début de semaine (les lundis par exemple) dansent avec des tortues (une valse) dès la première nuit ou bien le premier jour (je me mets en mode clonage avec Murakami qui ne cesse d'égayer son absence d'intrigue par de jolies citations d'auteurs connus et/ou reconnus).



La référence à l'illustre Wittgenstein n'offre aucune caution à ce 1Q84 T3, proche de la pire indigence. Pas plus que Proust.

Maître de la redite dès le second tome, Murakami est élevé au grade de Grand Chevalier du délayage creux dans ce troisième volume.

Trois personnages ne cessent de conjecturer. Aomamé (qui devient aussi intéressante qu'un bol de haricots de soja), Tengo (plus plat qu'une limande-sole), Ushikawa (aussi méchant dedans que vilain dehors, utile pour le rabâchage pédagogique ).



La conjecture à foison des uns et des autres permet à l'écrivain nippon de redire une bonne trentaine de fois ce qu'il avait déjà été écrit plus de vingt fois précédemment. L'avantage est que son lecteur est certain de ne pas s'égarer, de ne commettre ni faux sens, ni contre-sens.

Et comme l'intrigue est aussi vide que le réfrigérateur d'une anorexique (une tranche de jambon cuit, un yaourt allégé ici. Un bâtonnet de cèleri, une soupe au miso là-bas), il est possible de déposer ses neurones pour un dépoussiérage le temps de la lecture.



En revanche, l'achever (la lecture) constitue un très louable effort de volonté dont je ne suis pas peu fière. On se réconforte comme on peut.

Sans parler de la qualité littéraire globale de ces …. (bouh ouh ouh) quelques 1500 pages au total. (Petit aparté: en 1500 pages, le Don Paisible offre un incroyable moment de lecture).



Ainsi, pour illustrer mon propos, il aurait été dommage de se priver de cette remarquable péripétie:

"Elle n'avait pas envie d'uriner. Elle sortit du réfrigérateur une bouteille d'eau minérale, en but deux verres. Mais l'envie n'était toujours pas là. Après tout, elle n'était pas pressée. Elle mit de côté les tests de grossesse, s'installa sur le canapé et se concentra sur sa lecture de Proust. L'envie d'uriner se manifesta trois heures plus tard. Ce qu'elle fit dans un récipient adéquat".



J'ai admiré la futée Aomamé. Faire pipi dans un dé à coudre n'aurait pas été judicieux. Ni dans un entonnoir. Effectivement, un récipient adéquat s'imposait. A mon tour, je me suis lancée dans quelques hypothèses distractives : avait-elle utilisé une tasse à thé? Une petite casserole? Un pot de confiture vidé au préalable? On se désennuie avec les moyens du bord.

Dans la foulée, j'ai salué le talent de l'écrivain quant à l'hasardeux mariage de l'évènement urinaire avec la recherche proustienne du temps perdu.



Deux cents pages plus loin, aucune amélioration n'était à espérer.

"elle se massait le visage à l'aide de crème et de lotion et, avant de se coucher, elle s'appliquait un masque. Comme, de nature, elle jouissait d'une bonne santé, très peu de soins suffisaient pour qu'immédiatement sa peau soit lisse et éclatante".

Passionnant, non? Et avec 1Q84, vous prendrez bien un abonnement à Elle?



Dans la multitude de non-évènements, de bavardages et ratiocinations divers, on s'achemine sûrement vers un mélo sirupeux. La fin ne déçoit pas. On reste les doigts tout poisseux (mais les neurones frais).



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Le Meurtre du Commandeur, tome 1 : Une idée a..

Mais qu'est-ce qui fait que c'est si prenant, si bon de se plonger dans ce roman?



Pas facile de saisir ce qui me plaît tant chez Murakami, c'est quelque chose de subtil, dans l'atmosphère du livre, dans l'écriture, dans les réflexions des personnages... Il y a de la douceur et de la profondeur, de l'humour aussi - L'«Idée» qui prend la forme du Commandeur m'a bien fait rire avec sa drôle de façon de parler (et bravo à la traductrice, Hélène Morita), surprenante et réjouissante, en décalage avec ce que sa dimension fantastique et poétique pourrait faire attendre.

Beaucoup de choses mystérieuses aussi. Des mystères qu'on pourrait qualifier d'ordinaires: Pourquoi la femme du narrateur décide-t-elle de le quitter? Des mystères qui ont leur rôle dans la trame narrative: Pourquoi Tomohiko Amada a-t-il dissimulé son tableau représentant le meurtre du Commandeur dans le grenier? Des mystères poétiques, troublants: Que penser de l'étrange rencontre avec l'homme sans visage du prologue dont le narrateur nous dit: « je savais bien que non, ce n'était pas un rêve. Si c'en était un, ce monde lui-même dans lequel je vivais était également fait de l'étoffe des rêves. »? Et puis il y a les mystères de la création bien sûr - Qu'est-ce qui fait qu' « Une Idée apparaît »? Qu'est-ce que peut bien être cette chose qui tend la main vers l'artiste et appuie sur l'interrupteur caché à l'intérieur pour mettre en route le courant?



Une fois encore c'est bon de se laisser glisser, flotter dans cet univers singulier d'une apparente simplicité, d'une si belle étrangeté qui semble naturelle, qui n'a rien de déroutant tant elle sonne juste et profond. Murakami a une façon bien à lui de tisser le quotidien bien réel et l'invisible qui me charme et m'emporte.

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Sommeil

Aujourd'hui je vois : journée de la femme. Il est même précisé quelque part, journée " internationale " de la femme. Va pour l'internationale. Japonaise, ça pourrait aller ? Haruki Murakami aux commandes, ça va toujours ? Ok, c'est parti.



Une femme. Comme des milliers — millions peut-être — d'autres femmes. Asservie plus ou moins volontaire à un rythme métro-boulot-dodo mais sans le métro et sans le boulot. Un mari magnanime. C'est pire encore parce qu'on se sent redevable de quelque chose quand on ne nous impose rien. Il va rentrer, vite, vite préparer le repas. Aïe ! c'est bientôt l'heure d'aller chercher le fiston à l'école, faut encore se dépêcher.



La maison est tout en bazar, qui va devoir ranger ? Il n'y a plus rien à manger, qui va devoir faire les courses ? Plus personne n'a quoi que ce soit à se mettre, qui va se coller à la lessive ? Et c'est ainsi que des milliers — des millions peut-être — de femmes Sisyphe roulent le rocher de leur quotidien du matin jusqu'au soir en haut de cette colline sans horizon qu'on nomme pompeusement leur vie. Des femmes rendues petites et noires par cette existence, comparable à des milliers — des millions peut-être — de bousiers laborieux qui roulent leur pilule de merde en marche arrière sans oublier d'y déposer leurs oeufs afin de les inscrire dans la danse comme dans un tambour de machine à laver et dont on ressortira toute propre, prête à salir avant un nouvel usage…



Cette vie, des milliers — des millions peut-être — de femmes la connaissent de par le monde. Pas de statut officiel sinon " femme de ", " mère de ", préposée aux corvées quotidiennes et inintéressantes au possible. Mais cette femme, là, celle de Murakami, va connaître une déveine : l'insomnie. La nuit blanche, blanche de chez blanche. Pas moyen de fermer l'oeil. Que faire ? Ouvrir un livre ? Pourquoi pas ?



Anna Karénine, un gros pavé, dans l'espoir qu'il vous assomme. Mais non, ma p'tite dame, c'est bien mal connaître notre bon vieux Tolstoï car loin de vous endormir, il va vous happer, vous extraire, vous sublimer. N'espérez pas dormir ma p'tite dame. Tiens ! c'est bizarre, la nuit est passée, et l'on n'a rien senti. Si au contraire, on s'est senti très bien, on voudrait que cela dure toujours.



La journée s'écoule comme toutes les autres. On se dit qu'on va sombrer, qu'on va tomber de fatigue. Mais non, tout va très bien. On a même méchamment envie de poursuivre la lecture qui s'avère captivante au-delà de toutes espérances. Le soir arrive et l'on n'a toujours pas sommeil. Et on continue à lire, et personne ne se rend compte de rien. Sauf que la bonniche vient d'avoir quelques heures de vie à elle, rien qu'à elle, et ça lui fait un bien fou de se sentir " elle ", et non juste " femme de ", " mère de ".



Cette déveine qu'est l'insomnie pour ceux qui vivent le jour devient une sorte de paradis pour ceux qui justement n'ont pas de vie le jour. Voilà une femme qui s'ouvre à la vie, qui fendille un petit peu la coquille dans laquelle elle est enfermée quand la vie des autres s'assoupit. Dix-sept jours que ça dure. Est-ce que ça durera toujours ? Ça, ce sera à vous d'aller le lire, la nuit, quand tout le monde dort, mesdames.



En somme, une grande nouvelle de Murakami pas inintéressante, pas non plus spécialement captivante de mon point de vue mais qui pose certaines questions essentielles et laisse à chacun le soin d'y trouver sa propre réponse ou sa propre interprétation en se gardant bien de trop orienter le lecteur. le tout joliment illustré par Kat Menschlik dans un livre à la présentation soignée des éditions 10/18. Ça vaut sans doute le coup de s'offrir une nuit blanche pour le lire, mais ce n'est qu'un avis, qui bâille avant d'aller se coucher, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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1Q84, tome 3 : Octobre-Décembre

« Cette maison a été appelée la ''Tour'', Jung s'était inspiré des huttes primitives qu'il avait vues au cours d'un voyage en Afrique. Il l'a voulue d'un seul espace, sans aucune cloison. Un lieu de vie très austère. Jung estimait en effet qu'on n'avait pas besoin de plus. Pas d'électricité, de gaz ou d'eau courante. Il s'approvisionnait en eau depuis la montagne voisine. Beaucoup plus tard, il a compris que cet espace constituait une sorte d'archétype. Au fil des années, quand il en ressentit le besoin, il a cloisonné la Tour, il l'a divisée. Puis Jung y a ajouté un étage, et encore plus tard, plusieurs annexes. Sur les murs, il a peint des fresques, qui étaient la représentation de la division et du développement de la conscience individuelle. En somme, ce bâtiment a fait fonction de mandala à trois dimensions. Il a fallu douze années avant que la Tour soit achevée. Cet édifice est d'un intérêt considérable aux yeux des spécialistes de Jung. Saviez-vous tout cela ? »



P522. La résidence se dresse toujours en bordure du lac de Zurich, à Bollingen, d'après ce que j'ai entendu dire, il semble qu'à l'entrée de la Tour se dresse toujours une pierre, sur laquelle Jung a gravé de ses mains une inscription : '' Qu'il fasse froid ou non, Dieu est ici ''.



Bienvenue dans le monde paradoxal de la vie, la réalité, le rêve... la mort. Vous l'aurez compris, c'est largement inspiré du sieur Carl Gustav Jung, et majestueusement illustré par Haruki Murakami. Où commence le rêve ou se termine la vie, les protagonistes ici ont chacun un avis, le rêve réel, sorte de transmigration, de réincarnation, de métempsycose, le monde derrière un torii, frontière entre l'enceinte sacrée et le monde profane d'ici.



Point de valise, pour gravir ton échelle

Revenir à la surface d'un monde réel

Déjouer les mensonges et autres paradoxes

Une paire de bottillons et un sac à dos.



4h du mat, en direct, des chemins de Compostelle,

La chouette, sagesse de ma nuit, hulule-t'elle ?

Je tente de démêler cet enchevêtrement, cet embrouillamini

Qui a comblé mes pas sous la pluie, mais me gâche un peu la nuit.

J'ai demandé à la lune.... Sur mon chemin de l'infortune

Cueillir en rêvant une rose des vents... Sur un rayon Deux Lunes.





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Kafka sur le rivage

Lors d’une soirée riche en échanges, un ami m’a parlé avec enthousiasme de « Kafka sur le rivage ». Je n’avais pas bien saisi le lien entre Kafka et le thème du livre, mais je me le suis procuré. Il est resté quelques mois sur une étagère (630 pages, c’est un pavé qui mérite que l’on dispose d’une période pendant laquelle on aura un peu de temps à lui consacrer).

C’est fait : je l’ai lu ! Et presque d’une traite.

Il est vrai que l’on met un peu de temps à entrer pleinement dans cet univers, que l’on se demande où on nous emmène ; mais une fois que l’on est dedans, on a du mal à en sortir.



Kafka Tamura (C’est le prénom qu’il s’est choisi), un jeune fugueur de quinze ans va s’éloigner de chez son père, dans un but qu’il ne connaît pas lui-même (sauf qu’il a été abandonné par sa mère à l’age de quatre ans). A cette occasion, il fera de nombreuses rencontres qui vont le faire « grandir », évoluer. Il y a :

- Sakura, une rencontre amicale, féminine, généreuse et accueillante.

- Oshima ; bibliothécaire qui va grandement faciliter la vie de Kafka pendant saa fugue

- Mlle Saeki, directrice de la bibliothèque, belle et mystérieuse,

Et le récit de son périple comme l’histoire sont illustrés par de nombreux personnages secondaires qui ont tous quelque chose à dire, soit en termes de philosophie / sagesse, soit pour épaissir encore certains mystères que frôle ce récit. Ces personnages sont, pour les principaux :

- Nakata, un vieillard rescapé d’on ne sait quelle catastrophe et qui a perdu la mémoire. – Il ne sait plus lire ni écrire –et se considère comme peu intelligent. En réalité, dans la simplicité de ses raisonnements, c’est un sage.

- Hoshimo, un chauffeur routier qui rencontrera Nakata, participera à sa quète et dont la vie va changer à ce contact.



Le style est agréable et la structure du livre, consacrant un chapitre alternativement à chaque personnage entretient encore le suspens et l’envie de découvrir la suite.

Chacun des personnages se voit plus ou moins manipulé soit par ses rencontres, soit par l’ombre d’un destin qui guide leur aventure, qu’ils le veuillent ou non. Chacun d’eux est conduit, par différents moyens, vers un lieu à un moment donné pour y rencontrer sa propre vérité.



Ce livre est empli de métaphores, de poésie et de fantastique, emprunt de culture Japonaise (Politesse, humilité, lenteur, précautions oratoires, etc.)

Et pourtant le style est simple, la lecture est aisée et prenante.



Bref, vous l’aurez compris : J’ai adoré ce livre et je ne l’ai pas rangé trop loin, tant il est évident que l’on ne pourra que le relire un jour !

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Kafka sur le rivage

♫Tout le monde veut devenir un cat

Parce qu' un chat quand il est cat

Retombe sur ces pattes♫

José Germain- 1970 -



Johnny Walken, tue les chats, sans haine,

leur coupe la tête, leur prend leur âme

Nakata parle aux chats, les chats teignes

et les biens portants, c'est un chat-man...

Kafka, est jaloux du garçon du tableau

sussure à son oreille le garçon nommé Corbeau

Comment peut-elle encore lui plaire

Lui et ses quinze printemps, elle en hiver !?

Egaré dans le labyrinthe du temps

a vau-l'eau il avance dans le tourment

perdu sur les limbes entre la vie et la mort

dans un no-man's land, chat ria et chat dort

il se cache chat l'eau, chat virage

chat rit varie, chat- loupage

Et Kafka revenu sur le rivage...

Un chat-soeur sachant cha c'est :

Chat qui rat tatouille

à rat qui rit, Murakami, ça chat touille...



Devenir un fantôme de son vivant !

ce qu'on nomme surnaturel

n'est autre que les ténèbres de notre propre esprit. p305

merci pour cet éclairage Mr Haruki Murakami











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La Ballade de l'impossible

Va-t-il être possible pour moi de rendre compte de l’ambiance de ce roman génial d’un de mes écrivains- fétiches ?

Ambiance quotidienne qui tout doucement vire à la noirceur, alors que tout à l’extérieur parait lisse.

Ambiance bon enfant qui lentement glisse vers le désespoir.



Murakami n’a pas son pareil pour me faire adhérer à sa réalité. Avec naïveté (enfin, c’est ce qu’il nous fait croire !), sans tralala, il place ses personnages : jeunes étudiants en première année de l’université, ils se croisent et se tendent l’un vers l’autre.

Watanabe, le narrateur, est un garçon sans histoire. Il est cartésien, pas très sociable, mais sans a priori, gentil. Son ami Kizuki aime qu’il l’accompagne alors qu’il sort avec sa copine Naoko.

Et puis un jour...Kizuki se suicide. Watanabe continuera à voir Naoko, qui adopte un comportement pour le moins bizarre. Entretemps, il rencontre Midori, une jeune fille assez excentrique. L’amour, l’amitié, la folie, la solitude, tout va se mêler.



Et peu à peu, je me suis sentie impliquée, une curieuse résonance s’est installée en moi.

Tout doucement. Insidieusement.

Murakami sait comment agir avec ses lecteurs, en tout cas avec moi. Il me prend dans ses rets, d’abord lâches, parce que je ne me méfie pas quand j’assiste à des gestes banals de la vie, puis lentement, il resserre les liens, et quand je me dis que finalement, ce roman n’est pas si spécial...ça y est, je suis piégée, je n’arrive plus à m’en détacher. Je me surprends à penser : « Quelle analyse tellement vraie, tellement juste ! C’est vraiment ça, l’âme humaine ! » . Et plus j’avance, plus j’approche de la fin, plus j’ai le sentiment que Murakami a atteint mes pensées les plus intimes pour les retranscrire.

Les dernières pages m’ont troublée et emportée à la fois.



Avec cette « ballade de l’impossible », j’affirme tout simplement ceci : Murakami, je l’aime.

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Le Meurtre du Commandeur, tome 1 : Une idée a..

Le prologue est formidable. Un peintre. Un «  homme sans visage » qui lui réclame un portrait suite à une promesse en lui tendant un talisman en forme de pingouin. Sa «  voix rieuse évoquait le bruit du vent qui résonne comme un creux, du plus profond d'une caverne ». Son non-visage n'est qu'un « brouillard laiteux qui tourbillonnait lentement ». le temps manque au peintre qui n'a pas l'habitude de faire le portrait du rien.



Dès ses premières lignes, je suis irrémédiablement ferrée. Pourtant, les chapitres s'égrènent ensuite lentement, s'étirent en de non-événements très banals, dans un style très prosaïque, descriptif et pragmatique, assez loin de l'onirisme habituel de l'auteur.

Le héros, le peintre donc, vient d'être quitté par sa femme, il s'enferme loin du monde dans une maison prêtée par un ami, fils d'un célèbre peintre spécialisé dans le nihonga ( peinture japonaise traditionnelle ), il est en pleine crise existentielle et n'a plus le goût de peindre.

Cela peut sembler convenu ainsi résumé mais tout l'art de Murakami est de glisser dans cette platitude apparente de petites touches mystérieuses qui t'intriguent d'abord, puis t'hypnotisent dans l'attente de la prochaine, forcément plus grandes.

le talent pour faire surgir l'inquiétante étrangeté du quotidien est formidable, jusqu'à te faire accepter comme «normaux» les événements irrationnels qui surviennent : une clochette bouddhiste qui tinte la nuit à heure fixe, une chambre de pierre souterraine, une créature histrionnante qui semble sortie directement du tableau découvert caché par le héros, le Meurtre du Commandeur.

L'intrigue est à tiroirs, comme un conte initiatique qui prendra plusieurs chemins. Pêle-mêle, il y a des références au mythe de Dom Juan, à Alice au pays des merveilles, à Gatsy le magnifique ( en la personne du mystérieux voisin Menshiki, richissime qui sert de détonateur à l'histoire ) , à l'Anchsluss de 1938 ( !!! ). Plus l'intrigue avance, plus l'irruption du fantastique imprègne le récit et donne sens aux événements tout en alimentant un mystère qui ne fait que grandir et saisir le lecteur, la frontière entre réel et irréel se brouillant de plus en plus.

Les passages décrivant le peintre en action, en train de réinventer son art, de se réinventer lui, de retrouver le goût des choses, sont superbes, on voit le tableau prendre vie sous nos yeux.

Et que dire des magnifiques titres donnés aux chapitres : «  le clair de lune illuminait toute chose », «  la curiosité ne tue pas seulement les chats », «  l'instant où présence et abse,ce sllaient se mêler », « Franz Kafka aimait les routes en pente ».



Le second tome me tend les bras. Même si ce n'est pas le choc ressenti à la lecture de Kafka sur le rivage ou de la ballade de l'impossible, difficile d'abandonner le héros et surtout l'incroyable personnage de Menshiki que l'on sent empli de secrets enfermés dans une petite boîte elle-même fermée à

clé et profondément enterrée à un endroit que lui seul connaît.
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Chroniques de l'oiseau à ressort

Ô rage ! ô désespoir ! ô cher Murakami !

Ne t'ai-je donc tant lu que pour ce long ennui



C'est sous les feux croisés de Murakami et de Corneille que je tente d'écrire ce retour.



Je n'ai déjà plus un poil de sec, quand j'aperçois à l'horizon mes babelpotes descendre le courant que je m'évertue à remonter (saumon un jour, saumon toujours (ou du moins très souvent)).



Heureusement que le héros du livre, Toru Okada, dans la tête duquel j'ai voyagé un bon moment, ne manie pas la pagaie, parce que figurez-vous qu'il serait bien capable de nous échouer au fond d'un puits à sec.

Eh oui, vous avez bien lu, ce puits sans eau l'attire.



Il faut dire que c'est curieux, puisque celui de la maison voisine procure à ses propriétaires une eau délicieuse.



Comment je le sais ? Je vais tout vous dire.

Alors qu'Okada avait franchi la palissade de son jardin pour se retrouver dans la ruelle sans entrée ni sortie, fermée d'un côté par un mur de béton et de l'autre par une barrière de barbelés, dans le but de retrouver le chat de sa femme, qui avait pris la tangente, il fit la connaissance de May Kasahara, une gamine habitant en face de la maison abandonnée au puits sans eau, justement là où l'autre puits en donne.



Le chat aussi avait dû trouver la vie d'Okada et Kumiko exaltante, puisqu'il avait préféré partir.

Ou bien était-ce parce qu'il n'arrivait pas à voir le fameux Oiseau à resort, bien que guidé par son chant : Ki-kii-kiii.



Okada est au chômage, ayant quitté son emploi sans raison particulière. Lui-même ne sait pas pourquoi.

C'est ce même jour qu'il recevra plusieurs coups de fil, tout d'abord entre la cuisson des spaghetti et le repassage... une inconnue qui lui tient des propos à forte tendance érotique, puis une autre envoyée par sa femme pour l'aider à retrouver le chat.



Toujours là ?

Non mais j'ai souffert, moi. C'est votre tour. En même temps, je vous comprends.

J'ai bu la coupe jusqu'à la lie en lisant ce pavé... un pavé ? que dis-je ? un parpaing, plutôt.



Il lui arrive plein de trucs, à notre héros. Il rencontre beaucoup de femmes encore plus étranges que lui et une petite poignée d'hommes.

Mais il est sympa, on profite de tous ses fantasmes, rêves ou réalité, allez savoir.

Personnellement, ses exploits, imaginaires ou pas, au lit me sont passés au-dessus.



Je ne ferai pas le tour de tous les personnages, aucun ne m'a accrochée, hormis Canelle et sa mère Muscade, et encore, j'ai dû creuser.



Je n'ai ressenti aucune émotion, contrairement à ma Sandrinette, qui emporte ce livre sur son île déserte, et mon Berni-Chou qui a frôlé le coup de coeur.

Alors ne vous fiez pas à mon avis, très personnel.



J'entends poindre votre question : pourquoi t'as lu toutes ces pages si t'aimais pas ?

Et je vous répondrai au moyen d'une anecdote... nan, je plaisante.



J'ai lu parce que c'est Murakami et que sa plume me scotche.

J'ai lu à la fois malgré son souci du moindre détail qui m'a fait faire du sur-place tout au long du bouquin, et justement à cause de ça.



Mais je ne jetterai pas le bébé avec l'eau du puits et lirai encore Murakami, même si je crains de ne jamais retrouver les merveilleuses sensations éprouvées à la lecture de Kafka sur le rivage.

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Première personne du singulier

♫Michelle, ma belle

Sont les mots qui vont tres bien ensemble

Tres bien ensemble

I love you, I love you, I love you

That's all I want to say

Until I find a way♫

-The Beatles-1965-

----♪---♫---💘----🎷----💘---♫---♪----

Bonnes nouvelles

Sur un oreiller de pierre

J'ai posé mon oreille

Irradiance totale et éphémère

Souvenir des espiègleries de la vie

Couloir de lycée, éclairage assourdi

♪While my guitar gently weeps♪

les mains dans un paquet de chips

Métaphores qui lancent des S.O.S

Bruit de fond de ma prime jeunesse

Brise qui souffle doucement sur la prairie

Clamer Urbi, Bigflo & Oli

Libido Plat tonique, où placébo de l'air !?

Quand parler de soi devient un jeu singular...





Quoiqu'il advienne, mieux vaut

Se souvenir du Grand Murakami ami à Miami

qu'un petit Haruki qui rit, (rit kiki, tout petit )

Haruki rêve ainsi danses de la nuit

Valses devieNNeNt

A Ni mal Ni bieN siNgeaNt Ni vert Ni gris

La couleur de la beauté

Que les aNNées revieNNeNt

N'importe peu l'age quaNd oN a trop d'N mis....

Attention ne pas confondre Murakami avec:

♪J'ai fréquenté la beauté ♪

Ça c'est du Murat qu'a dit !

Alors Merci aux Ed Belfond

On n'apprend plus à un vieux singe

à faire la gris Masse Critique .

On est déjà demain matin

Si à la St Valentin , elle te prend la main....

Vivement la St Marguerite 😊























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Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil

Si vous êtes fan de jazz, de blues et qu'en plus vous aimez les belles histoires d'amour, dirigez vous « Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil ».



Hajime est jeune père de famille et propriétaire d'un club de jazz à Tokyo ; il adore Duke Ellington, Bing Crosby, Nat King Cole …

Un soir de pluie, une jeune femme d'une étonnante beauté s'assied tranquillement au comptoir et commande un daïquiri. Hajime ne réalise pas immédiatement qu'il a devant les yeux Shimamoto-san son amour d'enfance.



Voici une petite suggestion :

Procurez-vous en même temps que le livre, l'excellent CD de jazz « Voyage » de la chanteuse coréenne Youn Sun Nah sur lequel elle interprète entre autres « Calypso Blues » de Nat King Cole.

Lors des nombreux passages du roman qui se déroulent dans le club de jazz, mettez en fond sonore la voix sublime de Youn.

Un moment de lecture de pur bonheur !



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L'étrange bibliothèque

Et si je vous disais ce qui se passe quand j'ai envie de lire Murakami ?

Le plus souvent, je n'ose pas parce que j'ai trop peur d'être déçue. Je me dis qu'il a atteint la perfection avec Kafka sur le rivage et que tous ses autres livres lui seront forcément inférieurs.

On connaît tous ça, la déception après une lecture exaltante et inoubliable.

Mais bon, après avoir vu passer le récent retour de Sandrinette sur cette nouvelle, je me suis lancée.

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Très peu de pages, une couverture magnifique, des illustrations superbes à l'intérieur, ce "conte" ne pouvait que me séduire, et il a réussi.

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Un gamin entre dans une bibliothèque pour rendre et emprunter des livres. Jusqu'ici, rien de très original.

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La bibliothécaire qui est à l'accueil l'envoie dans une certaine salle 107, au sous-sol. Là, un vieillard...

Y a pas à dire, l'âge de la retraite n'est pas le même selon les pays.

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Le gamin cherche un ouvrage pour s'informer... je vous le donne en mille : sur la façon dont on récoltait les impôts dans l'Empire turc ottoman.

Voilà qui n'est pas banal, vous avouerez.

Et puis le reste, vous le lirez vous-mêmes, non mais ! .

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Encore une fois, l'auteur m'a embarquée dans ce conte onirique. J'y ai presque cru dur comme fer, et c'est ça la véritable magie : arriver à plonger le lecteur dans l'histoire au point qu'il savoure sans se demander si c'est crédible ou pas.

Pour ceux qui s'interrogent, la réponse est non.

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Mais on s'en fiche, après tout. Ça ne dure que le temps du livre mais on en rêve encore longtemps.

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Je ne pense pas avoir à vanter la plume de Murakami.

Si vous avez une petite heure devant vous, foncez.

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Autoportrait de l'auteur en coureur de fond

Selon Somerset Maugham « il y a de la philosophie même quand on se rase », nous dit Murakami. Sans prétendre jusqu’à « la philosophie » , il a décidé de nous rapporter ici “quelque chose comme des retours d’expérience “ de sa vie "d'écrivain-coureur",

Courir régulièrement pendant plus de vingt ans l’a rendu plus fort à la fois sur le plan physique et le plan intellectuel,

Battre quelqu’un ne l’a jamais intéressé, ce qui le motive est d’atteindre les buts qu’il s’est fixé ( généralement quand on n'aime pas la compétition c'est qu'on n'aime pas perdre 😁)

Ecrire un livre et courir un marathon sont pour lui deux activités qui se ressemblent,

("Une grande partie de mes techniques de romancier vient de ce que j'ai appris en courant chaque matin.")



Je le rejoins entièrement, faire régulièrement une activité physique , si possible chaque jour, renforce la force physique et mentale. "Courir chaque jour est un mode de vie pour moi “, dit-il, ayant moi-même couru mais plus modérément pendant des années, je me suis retrouvée dans la majorité de ses ressentis et sensations. Et comme il ajoute, courir ou marcher ne coûte rien à part des chaussures adéquates et on peut le pratiquer en toute saison, n'importe où, à n'importe quel moment. Indirectement lié au sujet il nous rapporte aussi de nombreuses épisodes intéressantes de sa vie, notamment celle de ses débuts d’écrivain, comment d'un jour à l'autre il a décidé d'écrire un roman, alors qu'il tenait un petit club de jazz et n’avait jamais songé à écrire, ou son expérience des 100km courus en une seule journée 😳 au Hokkaido ( que je trouve une folie, pour le cœur et les jambes, sans parler des genoux).



Bref Murakami est un homme intéressant, même si je le trouve un tout petit brin imbu de sa personne, même sensation retrouvée dans son livre où il s’entretient avec le chef d’orchestre Seiji Ozawa , « De la musique ». Ici aussi, bien qu’il prend des airs de fausse modestie, ses affirmations sur le talent littéraire et les méthodes et la rigueur qui «  doivent » l’accompagner pour achever « un roman de valeur » sont un brin prétentieux. Mais dans l’ensemble c’est un livre que j’ai lu avec plaisir et j’aime bien ses propos un peu équivoques où on n’est pas sûr s’il est sérieux ou ironique quand il affirme que l’écriture n’est pas une activité bonne pour la santé 😁, dont j’ai d’ailleurs mis en citation l’explication qu’il en donne, ou son épisode de nu comme un vers devant le miroir 😁, “On a beau se poster nu devant un miroir aussi longtemps qu’on le souhaite, ce qui est à l’intérieur ne s’y reflète pas”.

Il l’a écrit en 2007, je me demande s’il court encore à 71 ans.....

Bref si non déjà lu le conseille, en prime vous aurez droit à un voyage aux États-Unis et au Japon. Par ces temps c’est mieux que rien, de plus Trump est parti 😁.



“Se consumer aux mieux à l’intérieur de ses limites individuelles, voilà le principe fondamental de la course, et c’est aussi une métaphore de la vie- et, pour moi une métaphore de l’écriture.”

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L'étrange bibliothèque

Une très jolie nouvelle, ou un très beau conte c'est selon…



Cela faisait un moment que je n'avais pas plongé le nez dans l'univers de Murakami. et franchement quel plaisir de revenir dans ce monde si particulier.

Et puis on prend vite sympathie pour le jeune héros.





Un petit livre court qui se lit vite et bien que je ne peux que conseiller
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1Q84, Livre 1 : Avril-Juin

Parfois, l'entrée en littérature fait perdre ses repères, fait perdre pied .

J'ouvre mon premier Murakami.



Dès les deux premières pages d'1q84, s'élève une musique irréelle qui m'enveloppe, s'enroule dans les airs.

Une sorte de vrombissement à la fois harmonieux et dissonant m'entraîne dans un univers littéraire déroutant. Lentement, les phrases s'enchainent, traitreusement simples, alors que Aomamé se complexifie plus rapidement qu'une formule de physique quantique sur un grand tableau noir.



Dans les interstices de la narration apparemment limpide, une douce cacophonie me déstabilise. L'affichage des marques vestimentaires si chères à un Brett Easton Ellis heurte le ridicule appuyé du prénom aux haricots de soja, lequel fait hiatus avec l'énigmatique héroïne surprise de reconnaître la Sinfonietta de Janacek.



Je viens d'entrer dans l'univers de Haruki Murakami.

Je poursuis sans encore parvenir à déterminer si l'auteur me séduit ou pas.



Lorsque Tengo apparaît, la même musicalité étonnante accompagne ma lecture si singulière. Des failles tremblent dans les interlignes, la simplicité semble miroir aux alouettes, les préjugés japonisants se noient dans la soupe au miso.



Les références littéraires se multiplient, piochent ici et ailleurs. Plus ailleurs qu'en Asie. L'air de rien, Murakami élabore un univers qui explose les codes, repousse l'attendu, englobe notre monde et ses inquiétudes, malaxe ses violences dans une narration qui ne perd jamais de sa sérénité.

J'ai poursuivi ma lecture sans frénésie comme si l'écriture étonnante de cet auteur japonais, offrant un monde à deux lunes, savait brider les ardeurs pour la jouissance des mots et des esprits qu'il évoque.



J'ai achevé le premier volume de la trilogie, étourdie et décontenancée.

Je vais débuter le deuxième tome. Je ne sais toujours pas si je suis conquise. Mais je suis charmée comme après une promenade dans la forêt de Brocéliande.







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Kafka sur le rivage

Onirique et métaphorique. Voilà les maitres mots de ce livre, un de mes livres préférés, relu à dix-huit ans d'intervalle. Je l'ai encore plus apprécié. Comme si les métaphores me parlaient davantage, comme si les années, l'âge, m'apportaient un angle de lecture différent. Je le relirai dans vingt ans, je suis certaine que la magie de Murakami opèrera encore, toujours, et surtout différemment. N'est-ce pas le propre d'un chef d'oeuvre que de nourrir son lecteur toute sa vie durant, de lui apporter des clés chaque fois différentes ? de le faire grandir ?



Nous suivons la quête de deux personnages au destin entremêlé. Un jeune adolescent de quinze ans et un vieux monsieur un peu simple, du moins qualifié d'anormal parce que suite à un fait mystérieux passé pendant son enfance, il a perdu totalement la mémoire, et ne sait plus lire ni écrire. le premier cherche à fuir une prédiction, le second à retrouver la moitié de son ombre (celle-ci est en effet deux moins sombre qu'une ombre normale). Ce faisant il va permettre de fermer la pierre de l'entrée, celle qui a été ouverte il y a des décennies et qui a provoqué un certain nombre d'événements. Dis comme ça, ça parait étrange...Il faut en effet se laisser aller, lâcher prise et accepter d'être embarqué dans une quête délicieusement onirique, presque magique, en tout cas captivante.



Mais ce livre, où les chats parlent, où des pluies de sardines et de sangsues peuvent se produire, n'est pas qu'un livre un peu étrange, non, c'est une vraie tragédie grecque, vécue par un adolescent japonais au nom d'emprunt tchèque de Kafka. le héros a en effet choisi le prénom de Kafka, qui signifie corbeau en tchèque, en fuguant de la maison paternelle. Il porte en lui une blessure vive qui le consume : sa mère l'a abandonné à 4 ans, est partie de la maison familiale avec sa soeur adoptive, et son père lui a prédit qu'il le tuerait et qu'il coucherait avec sa mère et sa soeur ! Sa fugue a pour but de fuir cette prédication. Oui, une tragédie. Au sens grec du terme. Quand ce ne sont pas les hommes qui choisissent leur destin mais le destin qui choisit les hommes. Comme le sent le jeune Kafka : « J'ai l'impression de suivre un chemin que quelqu'un d'autre a déjà tracé pour moi. J'ai beau essayer de comprendre, cela me semble complètement inutile. Ou plutôt, j'ai l'impression que plus je fais d'efforts pour comprendre, moins je suis moi-même. Comme si je m'éloignais de ma propre trajectoire. C'est terrible comme sensation. Cela me fait peur. Rien que d'y penser, je me sens pétrifié ».



Malgré cette distanciation, meurtre il y a. Malgré la fuite et l'isolement, accouplements il y a. Sont-ils vraiment commis ? Si l'on imagine tuer ou si l'on tue en rêve, est-ce qu'on tue réellement ? Emprunte-t-on des circuits particuliers aux rêves pour aller tuer dans la vie réelle ? Si l'on fait le rêve de faire l'amour avec une femme non consentante, a-t-on réellement abusé cette personne ? La responsabilité commence-t-elle dans l'imagination ? Comment ce qu'on fait en imagination laisse des traces dans la vie réelle ? Quel rôle joue vraiment le vieil homme, Nakata, quant à la réalisation de ces événements ? Est-il un « esprit vivant ». Comme l'explique Oshima à Kafka: « Je ne sais pas comment cela se passe dans les autres pays mais au Japon, ce genre de phénomène est fréquemment évoqué dans la littérature. le Dit du Genji, par exemple, regorge d'esprits vivants. À l'ère Heian, ou en tout cas dans le monde mental de cette époque, les gens pouvaient se transformer dans certains cas en esprits vivants. Ils avaient alors le pouvoir de se déplacer dans l'espace et d'accomplir ce qu'ils souhaitaient ». Nakata est-il l'instrument du destin permettant d'accomplir la prédiction et de faire en sorte que les choses redeviennent normales ?





Ce roman, c'est également l'expérience de la solitude du jeune Kafka, sa communion avec la nature. C'est la quête entremêlée de Nakata considéré par la société comme simple et handicapé, le seul qui sait vivre l'instant présent, terriblement attachant, d'une sagesse profonde et touchante.



Comme souvent dans les romans de Murakami, il y a la présence des chats, leur importance, leur connaissance du monde. Il y a ces gestes du quotidien, comme se laver, ranger, laver, cuisiner, ces petits gestes accomplis avec conscience qui font la grandeur et l'honneur d'une personne, qui la structurent. Il y a ces personnages secondaires si beaux et attachants. Comme toujours dans ses livres, nous retrouvons la présence de la musique, du jazz, en passant par Prince et Radiohead, jusqu'à la musique classique (le fameux morceau "A l'archiduc" de Beethoven) et des références cinématographiques, notamment Truffaut, que l'auteur semble tant aimer.

Et sinon, sinon, tout est métaphore, tout est clé, tout est rêve et imagination. C'est magique et vous entraine loin.



Ce livre me bouleverse toujours autant, me parle, me fait écho. Il est pour moi un livre repère, un guide. Un livre que j'amènerais sur une île déserte.



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Kafka sur le rivage

Un livre étrange et envoutant à la fois, l’histoire est intrigante, on ne sait pas trop où l’on va mais on n’a pas envie de lâcher le morceau. Deux personnages principaux, Kafka dont on ne connaitra jamais le vrai nom, jeune fugueur de 15 ans avec la malédiction d’Œdipe attachée à son destin et Nakata, vieillard étrange qui parle aux chats. On y croise aussi de nombreux personnages secondaires, particulièrement normaux ou totalement étrange, en passant par toutes les nuances possibles : des vies marquées par la tragédie, des corps étrangement contraints, des esprits torturés, des figures publicitaires qui prennent vie… L’atmosphère est étrange oscillante entre le normal et le surnaturel, très japonais en somme avec l’étrange qui s’immisce dans la vie quotidienne. La description de forêt, une atmosphère étrange, magique, inquiétante, qui me fait penser à Princess Mononoke, où la forêt peut être autant une alliée qu’une ennemie, où elle peut être inquiétante comme dans les temps non civilisés… surtout quand on découvre ce qu’elle referme en son centre.

Un parcours initiatique pour le jeune Kafka qui va faire l’expérience de la perte de son père, de l’amour, du sexe, de la solitude et même d’une sorte d’au-delà, ce qui lui permettra de retourner au réel grandit et renforcé. Nakata au contraire est bloqué dans un monde qui ne lui correspond plus : d’élève brillant, suite à un incident, il reste illettré mais capable de dialoguer avec les êtres les plus improbables depuis près de cinquante ans. Tout deux vont se retrouver liés dans une aventure qui les entrainera dans un univers où la frontière entre rêve et réalité est tenue. Tantôt onirique, tantôt inquiétant, tantôt révoltant, Murakami nous entraine dans un monde où les Kamis se mêlent au vivant pour influer le cours des vies….

Une expérience étonnante que j’ai pu vivre grâce à une amie qui me disait que c’était son livre préféré (merci Marianne !), ce qui m’a convaincu de le lire. Un livre que je relirai avec grand plaisir également ce qui n’arrive pas souvent.

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