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Critiques de Dorothy Allison (60)
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L'Histoire de Bone

Ce livre va indiscutablement rester au plus profond de moi. Lire "l'histoire De Bone" assure un moment de cruauté intense. Ce n'est pas tant les scènes de violence qui marquent, même si elles sont dures et qu'on a envie de sortir de notre lecture pour aller casser la g***** à ce beau-père ignoble, mais bien plus la prise de conscience de Bone qu'elle est et sera considérée comme une "bâtarde", qu'elle ne pourra pas accéder à ses rêves.

Le fait que l'auteur Dorothy Allison,refuse la pitié et choisisse un regard haineux , renforce paradoxalement, la souffrance que cette petite fille de 12 ans vit et ressent.

Cette autobiographie est d'une grande force, c'est un cri qui reste parfois enfoui au fond de soi mais qui s'entend et qui ne peut que bouleverser et engendrer non pas de la pitié , ce que Bone redoute, ni du misérabilisme, mais bien de la haine qu'elle arrive à nous transmettre.

C'est un coup de coeur car c'est un roman poignant, qui remue, qui bouscule, bouleverse et qui touche intensément.
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L'Histoire de Bone

Un énorme coup de coeur que cette Histoire de Bone. Récit autobiographique qui parle d'enfance et des blessures liées à la maltraitance et à l'inceste. Mais pas seulement.

C'est aussi une peinture sociale terriblement émouvante.

Dorothy Allison tout en exorcisant les fantômes de son passé nous parle d'une population aux prises avec la misère, le chômage, l'alcool et une forme sournoise de désespoir. Vous l'aurez compris, c'est une oeuvre noire mais pour autant pas de misérabilisme dégoulinant.

Parce qu'il y est aussi question d'amour. Parce que la famille est au centre de ce roman et apparaît comme le pilier qui empêche que tout ne s'écroule malgré la violence et la pauvreté.

Il y est question d'une autre richesse que celle donnée par l'argent ou le confort.

Et c'est auprès de cette famille que Bone trouvera refuge parfois, le temps d'une pause dans l'horreur d'une enfance abîmée, devenant jour après jour un foyer de haine.

Durant la lecture on a souvent le sentiment que l'auteur, le temps d'un livre est redevenue une petite fille. Elle nourrit son récit de ses souvenirs, parfois anecdotiques, jamais ennuyeux.

Les mots sont forts et l'écriture d'une puissance inouïe, un maelstrom de sentiments qui s'entrechoquent et nous emportent dans leur sillage.

Oui, mais voila, nous on peut tourner la page. Nous on peut ouvrir un autre livre. Et l'on ne peut s'empêcher de se demander ce qu'il est advenu de toute cette haine née de la peur, de la peine et de la solitude. De cette petite fille, pas tout à fait comme les autres qui nous a raconté son histoire avec tant de sincérité.

On tourne donc la dernière page, partagé entre le regret et le soulagement. Avec la certitude qu'on y repensera plus d'une fois, à ce destin accidenté, à cette enfance toute en fureur, à ce livre ravageur qui est allé jusqu'au plus intime de nous-même à force d'empathie et de colère.



Pour ma part, je le sais, il va revenir de temps à autre, au détour d'une image, d'une odeur, d'un mot.

Il m'habite et me nourris. La dernière page n'est pas totalement tournée....
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L'Histoire de Bone

Une enfance dévastée.

Dans les années 50, Ruth Anne, alias Bone en raison de sa maigreur, née de père inconnu, grandit avec sa petite sœur Reese, sa mère et ses oncles et tantes en Caroline du Sud : une famille pauvre dans un milieu déshérité et sans espoir, rongé par la misère. Plus bas dans l’échelle sociale, plus bas que Bone, l'enfant illégitime, il n’y a que les « negros ». Lorsque sa mère épouse Glen, c’est l’espoir d’un avenir meilleur pour Bone mais c’est compter sans la malédiction de la violence : à 12 ans, la vie de Bone est déjà dévastée par la pauvreté, la méchanceté, la violence et le viol, malgré une mère aimante mais défaillante, incapable de la protéger.

La révolte et la haine au cœur, Bone se débat pour grandir, lutte contre elle-même, aime, crie, souffre

Dans ce Sud bien loin du rêve américain et de ses clichés, Dorothy Allison, dans un récit largement autobiographique, exorcise grâce à l’écriture une enfance effroyable marquée par la violence et la pauvreté et signe un livre terrible qui cependant ne verse jamais dans l'apitoiement...

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Peau

De son enfance pauvre, violente et sous-éduquée dans le Sud Profond à ses engagements pour les femmes, les droits civiques et contre le racisme et les préjugés, il aura fallu du courage et de la détermination à Dorothy Allison pour devenir l'une des figures de proue du mouvement lesbien-féministe aux États-Unis.



Regroupant une série de conférences et d'articles publiés dans diverses revues orientées LGBT entre 1981 et 1994, Dorothy Allison signe avec Peau un réquisitoire contre tous les préjugés : homophobes, racistes, sexistes et sociaux.

Totalement sans filtre et franche du collier, proclamant sans détour sa qualité de lesbienne, ayant d'ailleurs orienté sa vie autour de cet axiome, défendant le droit à la pornographie, clamant que la monogamie n'est peut-être pas l'idéal d'un couple qui fonctionne, nous livrant dans la foulée la recette couturière d'un harnais fait maison, solide et élégant, revenant sur son enfance misérable et les abus répétés subis dans sa jeunesse (qu'on peut retrouver de façon plus approfondie dans L'histoire de Bone), etc... On le comprend, à travers des sujets divers et variés mais provoquant toujours des crises d'apoplexie chez les rats de sacristie, Dorothy Allison fait tomber toutes les idées reçues et se sent (enfin) fière de ce qu'elle s'est acharnée à devenir. On ne peut qu'être admiratif d'un tel je-m'en-foutisme face aux jugements bilieux et aux volées de bois vert que son attitude ne peut que malheureusement récolter.

Qu'importe, dans un langage parfois cru mais toujours authentique, elle nous donne à partager ses expériences de femme élevée dans le plus pur style white trash, de femme homosexuelle, de femme féministe et de femme militante et pro-sexe plaçant ce dernier au centre de tous les problèmes inhérents au féminisme et pointant le silence outré qui plane toujours sur ce sujet comme la principale arme de ceux qui tentent de museler la communauté lesbienne-féministe, prétendant ainsi qu'elle n'existe pas autant qu'on voudrait le faire croire parce que bon, c'est quand même pas trois ou quatre excitées du minou qui constituent un mouvement, non mais, manquerait plus que ça !



N'ayant pas d'avis tranché sur la pornographie, je m'en tape un peu en fait, j'aurais malgré tout du mal à ne pas y voir l'exploitation et la déshumanisation de la Femme utilisée et abusée (ah ben si, finalement, j'ai un peu un avis) et j'aurais bien aimé que Dorothy Allison en tant que féministe radicale fondatrice de la Lesbian Sex Mafia s'explique mieux quant à sa tolérance et son acceptation à ce sujet mais elle se contente malheureusement de proclamer à plusieurs reprises que la lesbienne est un être sexué comme un autre, ce que la société patriarcale préfère nier derrière des "elle n'a pas trouvé le bon", "ce n'est qu'une passade" et autre "mais qu'est-ce qu'elles peuvent bien foutre au pieu ?" (eh bien on se caresse les cheveux, pour paraphraser Océanerosemarie) et par là, nous raconter ses expériences personnelles. Très bien mais Dorothy Allison n'a jamais versé dans le porno, donc à moins d'avoir mal lu entre les lignes, je n'ai pas trouvé de réponse satisfaisante à cette interrogation.

Peut-être le seul bémol de ce livre finalement courageux (elle parle elle-même d'avoir dû surmonter sa peur à l'écriture de certains de ces pamphlets) et qui dresse un honnête portrait de l'hypocrisie et du rejet qui existent à l'intérieur même d'une des communautés les plus calomniées et agressées et dont on pourrait penser que la Solidarité est le maître mot, eh bah que dalle, ici comme ailleurs quand tu affirmes trop ta différence, tu n'es plus accepté·e. Sad but true.

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L'Histoire de Bone

Bone, une bâtarde né en Caroline du Sud.

Bone, une jeune fille prédestinée à flâner sur la terrasse de la maison familiale, à cancaner avec les figures matriarcales, au milieu des champs et de la poussière, au parfum des blés et des tartes aux myrtilles. Pourtant...

Bone, un visage empli de tristesse et de haine.



Elle se souvient et se raconte, Ruth Anne Boatwright. De son enfance et de sa famille se dresse le portrait de la misère rurale de Caroline du Sud, de la violence du moment, et des sombres espoirs d’un monde trop brutal pour une jeune fille. Surtout, elle nous parle de sa maman qu’elle chérissait plus que tout, mais aussi de son beau-père à qui elle éprouve un sentiment farouchement haineux.



Plus qu’un roman autobiographique, Bone, la naissance et l’histoire d’une poussiéreuse bâtarde, apparaît comme un travail de thérapie visant à exorciser son passé douloureux. Coup de poing dans la gueule, uppercut dans l’estomac. Dorothy Allison raconte sa vie dans ce climat familial tendu, livre ses aspirations de petite fille au milieu des siens, nous parle de son enfance, de sa misère et de son désespoir, elle, considérée comme une bâtarde, tout en bas de l’échelle sociale, ne valant pas mieux que la racaille (en dessous d’elle, il n’y a que les négros ; mentalités sudistes des années 50).



Très jeune, elle a déjà la haine. La haine d’être née sans père, la haine d’avoir un beau-père qui la hait et la bat. Dans ce roman, elle se souvient de l’amour pour sa mère mais aussi du désespoir et de la folie destructive d’un tel beau-père. Elle arrivera à survivre, certes, puisqu’elle arrive à nous en parler, mais dans quel état, pour avoir vécu une enfance dans un monde de tabous et d’inceste, de violence et de brutalité gratuite et insoutenable.



De la pitié, je crois qu’elle n’en veut pas, surtout maintenant qu’elle écrit et qu’elle n’est plus la petite bâtarde de Caroline du Sud. Elle s’est échappée de ce monde surtout grâce aux livres, à la littérature et aussi à la musique de Johnny Cash et June Carter qu’elle a secrètement rêvée d’imiter...
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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L'Histoire de Bone

Comment ne pas être touchée par une histoire qui dépeint une enfance broyée par la violence d'un beau père et l'incapacité d'une mère à l'en protéger ? Celle de Bone est d'autant plus poignante que le lecteur sait qu'il s'agit de l'enfance de l'auteure. Dans une Amérique de pauvreté, prisonnière de ses préjugés, de son racisme,ses jalousies, Bone petite " bâtarde" au grand désespoir de sa maman, grandit dans une famille qui, malgré les multiples problèmes, aurait pu être riche de ses différences et chaleureuse par la personnalité bien trempée des tantes,grand mère, oncles tous bienveillants et aimants . Seulement sa maman, après deux amours malheureux se laisse tomber dans les filets de Glen qui l'épouse en lui promettant de l'aimer,elle et ses deux filles,plus qu'elle ne peut l'imaginer...cet homme est lui même ravagé par le regard négatif de son père qui lui renvoit sans cesse qu'il ne vaut rien. Il accumule une rancoeur,une haine qui trouveront un exutoire avec Bone. Vivant alors dans le secret et la honte " je vivais dans un monde de honte. Je cachais mes bleus comme s'ils étaient là preuve des crimes que j'avais commis"; elle va s'efforcer de se couper de ses émotions, se réfugiant un temps dans la quête d'un idéal salvateur qu'elle pense avoir trouvé dans la religion et le gospel. Cependant, la violence de plus en plus forte qu'elle doit affronter, finit par la convaincre qu'elle ne vaut rien, qu'elle n'est rien! Dès lors qu'attendre d'un monde dans lequel la personne la plus aimée vous a tourné le dos?

Bien que le décors soit différent ce roman m'a beaucoup rappelé la trilogie Tora de la norvégienne Wassmo Herbjorg que j'avais également beaucoup aimée. Ces deux ouvrages m'ont provoqué de la colère, l'envie de débarquer dans le monde de ces fillettes pour casser la g..... à ces hommes ignobles!
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Retour à Cayro

Dix ans auparavant, Delia a abandonné ses deux filles pour suivre un groupe de rock. Elle a fait carrière comme chanteuse et a connu un certain succès. Mais l'alcoolisme et un conjoint absent ne l'ont certes pas aidé à oublier son passé. A la mort de Randall, elle décide de rentrer chez-elle avec Cissy, sa troisième fille, à Cayro, un bled paumé en Georgie. Elle s'attendait à ce que ce soit difficile, mais pas à ce point, les habitants de Cayro n'ont pas oublié la femme qui a laissé tomber sa famille. Oh bien sûr, son mari l'a battait mais ça ne compte pas après ce qu'elle a fait. Les bien-pensants lui font la vie dure et elle attend le moment où elle pourra parler à ses filles mais d'abord est-ce que les filles ont envie de connaître leur mère...



Voilàn un livre paru en France il y a maintenant plus de 25 ans en 1989 que Belfond réédite, je me souviens que ma mère l'avait acheté et que du haut de mes 13 ans je m'étais dit que ce gros pavé à la goire de la femme ce n'était pas pour moi..



Or finalement, ce Retour à Cayro écrit par une féministe convaincu, lesbienne auto assumée auteur également de L'Histoire de Bone, un inédit publié directement chez 10/18 se lit avec plaisir tant cette saga familiale où les femmes ont effectivement le meilleur role que les hommes est plutôt touchant et bien mené... Un peu longertes mais globalement on en a pour son argent, car ce roman dense et roboratif se lit avec pas mal de plaisir...




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'Histoire de Bone

Bone, je ne t’oublierai pas.

Ce roman est une merveille de justesse et de profondeur, un peu dans la lignée de « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur « .On est aussi dans le Sud de l’Amerique profonde et c’est une petite fille attentive, sensible, forte, intelligente mais en colère qui raconte son enfance au sein d’une famille non seulement déshéritée mais aussi totalement déglinguée et cette enfance là est fracassée. Bone vit au milieu de gens endurcis, violents, alcooliques mais aussi solidaires et aimant, et finalement ce roman est un espoir au moins pour elle.

Le talent de l’auteure dont le récit est en partie autobiographie est d’avoir su choisir les mots et le ton pour décrire les émotions. Tout est tellement vivant que ça en devient visuel. On pourrait en faire un grand film.

A noter que le photo de la petite fille sur la couverture est la même que celle sur la couverture du roman « Le bruit et la fureur «  de William Faulkner. Ce roman pourrait d’ailleurs avoir ce titre. Je vous engage à le lire.
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L'Histoire de Bone

Bastard Out Of Carolina


Traduction : Michèle Valencia





J'avais ce livre sous le coude depuis près de quatre ans et je ne me décidais pas à le lire. Bien que j'achète régulièrement des ouvrages traitant de l'inceste, il me faut parfois bien du temps pour "passer à l'acte" et les lire.


"Histoire de Bone" a en effet pour pivot les violences incestueuses que lui fait subir son beau-père, Glenn Waddell, un bon à rien que sa mère a épousé non sans méfiance, après qu'il lui eût fait la cour pendant près de deux ans mais dont elle a fini, hélas ! par tomber éperdument amoureuse, corps et âme.


La petite Ruth, surnommée "Bone" en raison de la finesse de sa morphologie, est née alors que sa mère avait tout juste seize ans. De son père, on ne sait pratiquement rien, si ce n'est qu'il était marié. Dans cette Caroline du Sud qui émerge à peine de la Seconde guerre mondiale, le statut de bâtarde n'est guère enviable mais, heureusement pour Bone, elle est entourée par la chaleur et l'affection de ses innombrables tantes et oncles maternels.


Bone a une soeur, Reese, née de l'union légitime de sa mère avec Lyle, un ouvrier agricole qui est mort dans un accident stupide.


Quand paraît pour la première fois l'ombre de Glenn Waddell, Bone et sa soeur n'ont pas vraiment d'a priori. Il leur semble aimer passionnément leur mère - et c'est sans doute vrai - et fait du mieux qu'il peut pour leur manifester, à elles eussi, un minimum d'affection.


Mais le jour même où sa mère accouchera du fils mort-né de Glenn, Bone comprendra tout son malheur ...


Il n'y a, dans ce roman qui dépeint à la fois une perversion sexuelle plus fréquente qu'on ne le croit et la pauvreté d'un certain milieu paysan, aucune volonté de mélodrame. Tout y est brut et carré, magnifié par cette haine douloureuse qui, tant d'années après, déchire encore l'auteur. Car, même après le viol de sa fille, la mère accepte de suivre Glenn qui, peu soucieux des foudres de la justice, quitte l'Etat ...


Dans des conditions pareilles, peut-on pardonner ? Au violeur, non, car - et la photographie de l'auteur vous le prouvera aisément - la chair demeure à jamais marquée. A la mère, alors ? ... Dans cette histoire, la mère se contente au début de laisser Glenn "corriger" son aînée et elle ne semble pas comprendre qu'il prend un plaisir purement sexuel à ce qu'il se passe entre l'enfant et lui derrière la porte fermée de la salle-de-bains. Certes, elle soigne ensuite l'enfant et l'on peut croire qu'elle aime sa fille ...


Mais ...


Dans ces histoires-là, il y a toujours un "mais."


Quand on aime vraiment son enfant, on ne laisse pas une brute se venger sur lui des déceptions que lui cause, entre autres exemples, sa recherche d'un emploi. Puis, quand ces "corrections" deviennent quasi quotidiennes, on a l'honnêteté de se poser des questions. Enfin, quels que soient les sentiments que l'on éprouve envers la brute en question, on se doit de mettre ses enfants à l'abri. C'est ce que finira par faire d'ailleurs la mère de Bone mais seulement quand le viol sera devenu effectif - en d'autres fermes, quand elle ne pourra plus se voiler la face ou la détourner ... Sa fille a alors treize ans : sa destinée est scellée ; pour elle, qui doit déjà vivre avec la "tache" de la bâtardise, il est trop tard.


Je doute fort que Dorothy Allison ait pardonné à sa mère. Mais le pire, c'est que je doute tout autant qu'elle soit parvenu à éteindre en elle tout amour filial et que je sais que cette toute petite braise doit cohabiter avec un maelstöm de haine pratiquement ingérable.


Sauf par l'écriture qui, en pareilles circonstances, mérite plus que jamais son titre de "don des dieux." ;o)
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L'Histoire de Bone

Bone, petite fille d'une douzaine d'année, nous raconte son enfance au sein d'une famille très pauvre de Caroline du Sud: sa mère, très jeune femme qui se bat sans cesse pour survivre, essuyant tous les coups du sort, ses tantes et oncles plus déjantés les uns que les autres, la misère, l'alcoolisme…Un quotidien fait de violence, de rage, de souffrance mais aussi d'humour ravageur et d'amour, beaucoup d'amour.

Très beau roman, qui bouleverse et qu'on n'oublie pas. J'y ai personnellement retrouvé l'ambiance des romans de Pat Conroy, et dans le personnage de Bone, un peu de la jeune Frankie Addams de Carson McCullers. Magnifique.
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L'Histoire de Bone

Un roman autobiographique qui sent la pauvreté, l'alcool, la violence et le désespoir. Des odeurs qui collent à la peau de ces blancs qui savent qu'il n y a rien au bout du chemin, ceux qui pr la plupart n'ont plus d'illusions.



Et puis il y a cette petite fille, illegitime. Bone, qui va espèrer, aimer, haïr, chercher, encaisser, découvrir, souffrir, grandir ... Pourtant, même si son histoire est "noire de crasse", on est loin de la pitié dégoulinante parce qu'il y a cet amour, cette famille sur qui Bone pourra s'appuyer, de temps en temps. Ces oncles, tantes, cousins ... alors même si ils sont loin d'etre parfaits ils meritent 1000x le nom de Famille.



Qd on referme ce livre on se demande comment Bone/Dorothy a fait pour se (re)construire mais surtout si elle a pu pardonner à sa mère ... Moi pas !
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Retour à Cayro

Délia a quitté Cayro il y a plus de 10 ans, fuyant son mari violent et laissant derrière elle ses deux fillettes, qu'elle n'a jamais revu depuis. Elle a suivi Randall, un chanteur de rock charismatique et mené une vie de bohème, en marge. Mais Randall meurt brutalement. Elle décide alors de rentrer à Cayro, avec la petite fille née de son union avec Randall. "Le retour à Cayro", c'est le retour à la réalité, à ses racines et surtout au contrôle de sa vie. J'ai été touchée par le destin de​ cette femme, par plusieurs femmes même car elle nous raconte aussi de celui de ses filles et de ses amies. J'ai trouvé ce beau roman américain profond et tendre. Une belle surprise.
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Retour à Cayro

La thématique du jour sur le blog est celle du retour et de la réédition on dirait... Après Retour à Cold Mountain voici Retour à Cayro : un roman contemporain qui a tout pour plaire à une amoureuse de la littérature américaine telle que moi !



Imaginez-vous une mère fuyant un mari violent, abandonnant ses deux filles pour suivre un leader de groupe de rock. Imaginez que dix ans plus tard, suite à la mort de ce dernier, elle souhaite revenir en arrière, revenir chez elle et récupérer ses deux enfants. Et cela avec une troisième fille née de son union avec Randall le rockeur. Imaginez qu'elle soit l'esclave de son alcoolisme. Mais elle ne doute aucunement d'elle et de son bon droit : dès lors elle décide de faire un road trip de retour et de tout affronter pour Amanda et Dede.



C'est l'histoire de ce roman, l'histoire de Delia, une anti héroïne, une femme dont les penchants égoïstes ne sont pas à nier; quelqu'un qui aura détruit pas mal de vies sur sa route sans un regard en arrière. Certes depuis le départ ses enfants lui manquent mais elle décide de repartir suite à l'électrochoc de la mort de son ancien amour (oui parce qu'entre temps elle a quitté le rockeur). La tension inhérente à sa relation avec Cissy, sa troisième fille, et elle démontre bien le fait qu'elle a un véritable problème psychologique. Cela promet pour ses retrouvailles avec ses filles ! Mais Delia gagne progressivement le respect du lecteur du fait de son opiniâtreté.



J'ai beaucoup aimé ce livre qui au travers d'un voyage de retour -entre nostalgie et apprentissage- amène une remise en question, une prise de conscience de la part de Delia. Certes on peut comprendre le fait qu'elle ait quitté un mari violent mais l'abandon de sa chair ne se pardonne pas comme le souligne le comportement haineux des habitants de Cayro. Ce roman est une ode féministe, un plaidoyer en faveur de la femme forte, indépendante et qui assume ses choix et sa part de responsabilité.



En définitive, un très bon roman qui vous fera passer un excellent moment de lecture !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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L'Histoire de Bone

L'histoire

Récit d'une enfance ravagée, L'Histoire de Bone met en scène ces petits Blancs paumés du sud des États-Unis "à qui on a appris à être fiers de ne pas être noirs et à avoir honte d'être pauvres". Bone, la malingre, est née de père inconnu sur le bord d'une route de Caroline du Sud le jour où sa mère, âgée de quinze ans et enceinte de huit mois, a été éjectée d'une vieille Chevrolet où s'était entassée toute la famille joyeusement éméchée. Difficile de se remettre d'un tel départ dans la vie ! Bone, la bâtarde, est constamment en butte aux moqueries et aux humiliations. Plus tard, elle tombe sous la coupe d'un beau-père qui fera d'elle son souffre-douleur.



Mon avis :

Récit très autobiographique, ce roman ne peut pas vous laisser indifférent. Il est de ces livres où même les dernières pages lues, vous ne pouvez qu'y penser. Et comme je le disais dans une des discussions, la couverture n'a pas arrangé les choses. (souvent dans la journée, je pensais à cette petite fille, le regard blessé, et qui veut s'en sortir par tous les moyens).

Et pourtant malgré l'enfance et le début d'adolescence plus que douloureux, de Bone (de son nom véritable Ruth Anne, mais elle a toujours été appelée Bone du fait de sa petite corpulence, bébé), le désespoir et la violence auxquelles Bone pourrait si souvent s'abandonner , on ne la prend jamais en pitié, et on n'applaudit devant ce qu'on pense que'elle est devenue. Je pense que l'amour de sa famille (qui ne comprend malheureusement pas tout le monde) n'y est pas étranger.

Quant à sa mère, je pense que son comportement est difficilement explicable et par contre m'a donné froid dans le dos. J'ai tenté de l'analyser et de me l'expliquer, (je ne peux pas trop en dire), mais non, en tant que maman qui se respecte, je ne comprends pas !!!
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L'Histoire de Bone

Je suis sortie de ce roman en pleurs. J’étais touchée jusqu’au plus profond de moi-même par l’enfance brisée de Bone.

Tellement de choses se sont bousculées dans mon cœur et dans ma tête : la colère, la haine, l’incompréhension, le chagrin et une profonde tristesse.

Mais revenons d’abord sur cette histoire: née de père inconnu dans une famille blanche et pauvre de Caroline du Sud, Bone mène une existence plutôt tranquille avec sa mère et sa demi-sœur. De plus, elle voit régulièrement la famille élargie – tantes, oncles un peu délurés, cousins et cousines, mamie – qui n’est jamais à court d’anecdotes et de ragots. Mais lorsque sa mère se remarie avec Glen, tout bascule car elle devient victime de maltraitance et d’inceste.

Ce roman est poignant. L’auteur décrit avec beaucoup de réalisme le mécanisme de la violence au sein d’une famille : l’enfant se sent coupable et n’ose pas raconter ce qui se passe. Les autres membres de la famille ferment les yeux et accentuent encore plus l’isolement de l’enfant. J’ai ressenti chaque émotion et sentiment de Bone comme si j’étais dans sa peau ; j’ai frémis à chacune de ces colères ; j’ai senti bouillir un torrent de haine et de rage au fond de moi. Je n’avais qu’une envie : la protéger, la sortir de cet enfer, la prendre dans mes bras et la rassurer en lui promettant que tout irait bien. Mais je n’ai rien pu faire : j’ai assisté au drame, à ce terrible dénouement qui m’a fait longuement sangloté.

Expliquez-moi comment est-ce possible ? Pourquoi ce choix ? Cet aveuglement ? Je ne comprends pas…je ne peux pas comprendre.

L’auteur décrit aussi les conditions de vie précaires d’une certaine frange de la population en Caroline du Sud : violence conjugale, alcoolisme, endettement, chômage ou prison font partie de leur quotidien.

Le style d’écriture est limpide, fluide et les pages se tournent sans aucune lassitude. Au moment où la tension est à son paroxysme, l’auteur bascule sur un mode plus doux et raconte des souvenirs d’enfance. Heureusement qu’il y a cette famille élargie solidaire et attachante malgré ses défauts. Je n’oublierai pas de sitôt l’oncle Earle, les tantes Ruth, Alma et Raylene…

Une question me taraude après la lecture de ce témoignage: qu’est devenu cet enfant ? A-t-elle pu dépasser ce passé, se « reconstruire » ? Petite Bone, où que tu sois, je souhaite que tu puisses trouver la paix.


Lien : https://leslecturesdehanta.c..
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Retour à Cayro

Retour à Cayro raconte la « rédemption » d’une femme qui, après dix ans d’absence, récupère ses filles auprès de son ex-mari qui l’a battait.

J’ai adoré les personnages qui lui donnent tant de puissance. Les relations familiales, l’émancipation féminine et sexuelle, la bigoterie, le tout sur fond de musique rock des années 1970, traversent le roman de parts en parts.

Retour à Cayro est un roman dur, intense, complet, et d’une rare beauté, que je ne saurais que vous recommander. J’ai 9 pages de citations et de réflexions autour de ce roman, mais je ne veux pas trop en dire pour ne pas gâcher votre découverte ! Un vrai coup au cœur pour cette 200e chronique !

L'article entier sur Bibliolingus :

http://www.bibliolingus.fr/retour-a-cayro-dorothy-allison-a129217272
Lien : http://www.bibliolingus.fr/r..
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L'Histoire de Bone

Le sud des états-unis, une famille miséreuse .

Des familles nombreuses, des enfants trop tôt livrés à eux mêmes.

La misere des "petits blancs" que l'Amérique à caché pudiquement ,peut être ceux-ci faisaient 'ils "tache" dans le tableau idilique que l'Amérique vendait au reste du monde .

En tout les cas , il à fallut beaucoup de courage à l'auteur ( s'il s'agit d'un texte autobiographique) pour raconté cette enfance qu'elle à vecu.

L'horrible cotoie l'humain , ou l'on voit que même chez les plus démunis il reste l'esprit de famille , la solidarité , qui vous permet de tenir et de ne pas totalement abandonner .De petits gestes, quelque mots qui ont une énorme valeur pour celui qui les reçoit.

Comme souvent , les femmes sont le "ciment" de cette famille,mêmes si elles en sont les principales victimes .
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L'Histoire de Bone

Je savais déjà à la page une que j'allais lire du viscéral, du vrai, du brut. Mais j'ignorais qu'elle allait me toucher encore jusque dans ma chair. Dorothy Allison écrit sa vérité sans filtre ni rallonge. Et sa vérité est pleine de désespoir, de cruauté, de violence et de haine. Ce qui fait de cette autobiographie poignante un bijou de sincérité raconté à fleur de peau et de sang. Le récit d'une enfance abîmée, impudique, insoumise et lumineuse de noirceur.



On est en Caroline du Sud, fin 50's. Bone, gamine blessée qui jamais n'agit en victime, se déchire entre l'amour de sa mère et la haine-peur de son beau-père. Ses oncles et tantes sont les seuls piliers de son existence. C'est aussi simple et aussi compliqué que ça.



Dorothy Allison y dit la couleur de ce venin qui peut couler avec les liens du sang, et par conséquent, fait agréablement voler en éclats le mythe de la famille nourricière et salvatrice. Juste une vérité à forte résonance personnelle, entre autres vérités que je trouve bien trop peu exhumées.

Une lecture douloureuse dont je suis sortie avec la fureur de vivre et d'écrire, et avec plus d'amour encore pour l'autrice. Je l'aimais déjà depuis PEAU (en majuscules très voulues!) et je l'aime encore plus depuis ce récit de son enfance.
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L'Histoire de Bone

Je viens de terminer ce livre et de celui-ci , en ayant lu les 50 dernières pages, il n'y a que celles ci que je retiendrais (et c'est dommage) mais elles m'ont révolté au plus haut point.

Comment peut-on aimer encore un homme après l'avoir vu maltraiter et violer sa fille de 13 ans, et le consoler alors que sa fille est là à côté dans des souffrances indicibles.

Je sais bien qu'on dit que "l'amour est aveugle" mais là, non c'est vraiment trop !!!!

D'autant plus que ce n'est pas de la fiction !

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L'Histoire de Bone

Ruth anne Boatwright dont le surnom est Bone (os) est une petite fille née "batarde" qui vit en Caroline du Sud dans un temps où cela n'était pas accepté. Elle vit assez pauvrement avec sa mère et ses tantes et oncles. Une vie d'amour mais aussi de violence sur fond d'alcool.Sa vie bascule quand sa mère épouse Glen, un jeune homme qui aime trop Bone.







Ce roman m'a fait un peu penser au livre d'Alice Ferney "Grâce et dénuement" mais en plus violent et plus sombre. Ce livre traite de la misère sociale et de la violence affective dans un style épuré et précis. Pas de place pour la poésie, c'est avec un scalpel que l'auteure dissèque cette vie pleine de fureur et de violence. On assiste comme un spectateur impuissant mais sans aucun voyeurisme à la destruction morale et physique d'une enfant par son beau père. Et la réaction de sa propre mère nous interroge sur ce fameux instinct maternel qui se retrouve mis en balance avec l'amour charnel.



Un livre coup de poing sur la misère morale de ces laissés pour compte dont l'avenir semble bouché. Un livre d'autant plus marquant et émouvant qu'il est largement autobiographique. Un livre qui nous laisse la gorge serrée et le coeur lourd. Un roman poignant qui résonnera encore longtemps dans ma conscience et dont le cri de détresse de Bone retentira encore longtemps.



Ma note: 9/10 pour ce long cri déchirant et tragique.



A noter qu'un film a été tiré de ce roman sous le tire de " Bastard out of Carolina" par la réalisatrice Anjelica Huston.
Lien : http://www.desgoutsetdeslivr..
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