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Citation de Sachka


Elle prend en main le Sig Sauer. Marche dans le living, pareille qu'un animal errant et traqué, et c'est comme ça qu'on meurt, elle pense. Comme si on en mourait. Comme si on mourait de mourir. Comme si on pouvait mourir de rage, n'importe quoi. Elle veut se cogner la tête une nouvelle fois, mais ça ne va pas fort, pas fort avec sa tête qui vacille, ses mains qui tremblent, la mollesse l'a gagnée de partout et elle est maintenant incapable de se taper, ni de jeter quoi que ce soit contre les murs, ni elle-même ni rien. Elle sort dans le jardin, erre dans le froid, comme si quelque chose allait apparaître, comme si elle allait rencontrer qui que ce soit, ici maintenant. Le froid est partout sauf dans sa tête, chaude à la peau, et qui cogne, cogne toute seule, pleine du battement de son coeur. Ça fait boum boum boum boum avec une douleur perçante. Devant elle, le mur très haut du jardin, un mur d'immeuble à dix étages, qui avale le peu de lumière du matin. De la brique crue, moisie, rouge et noire et verte. Et l'arbre, qui a poussé tout en hauteur, un acacia. Elle lève les yeux, les branches remuent, hypnotiques. Dans son ventre, tout s'est rétracté, rétréci, serré. Les pépiements d'oiseaux la transpercent pire que des aiguilles. Plusieurs pigeons dans l'arbre, qui s'en foutent de la faire souffrir.
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