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Citation de PATissot


[ La déportation des enfants. ]

L'arrivée des enfants en provenance des camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande bouleverse tous ceux qui sont à Drancy. Georges Wellers, nommé chef du service d'hygiène de l'administration juive du camp, a été le témoin de l'arrivée le 15 août et les jours suivants de 4000 enfants juifs de 2 à 12 ans, mêlés en quatre convois à 200 adultes, un pour vingt enfants. Il témoignera de cet épisode au procès Eichmann le mai 1961. Auparavant, André Schwartz-Bart avait intégré son récit à son chef-d'oeuvre " Le dernier des Justes " .
Les enfants ont été conduits de la gare d'Austerlitz à Drancy en autobus. Les baluchons oubliés dans les véhicules sont jetés dans la cour et, dans cet amoncellement, ils tentent, souvent en vain, de retrouver leurs biens. Puis, ils sont " parqués par 110-120 dans des chambres sans aucuns mobilier, avec des paillasses d'une saleté repoussantes étalées par terre. Sur les paliers, on disposait des seaux hygiéniques parce que beaucoup étaient trop petits pour descendre l'escalier tout seuls et aller aux WC se trouvant dans la cour, écrit Georges Wellers, un des rares adultes autorisés à pénétrer dans les chambrées d'enfants après 21 heures. A cette époque, l'ordinaire du camp se composait de soupe aux choux. Très rapidement, tous les enfants furent atteints de diarrhée. Ils salissaient leurs vêtements et les paillasses sur lesquelles ils restaient assis toute la journée et sur lesquelles ils dormaient la nuit. [ . .. . ] Leur sommeil était agité, beaucoup criaient, pleuraient et appelaient leur mère et, parfois, la totalité des enfants d'une chambrée hurlaient de terreur et de désespoir ".
( . . . )
L'internée Odette Daltroff-Baticle accompagne les enfants dans les épreuves qui précèdent leur déportation. " On recrute parmi nous des femmes de bonne volonté pour s'occuper de ces enfants, raconte-t-elle. Nous sommes munies de brassards et de laissez-passer signés par la gendarmerie, qui nous donnent droit de circuler dans le camp. Des autobus arrivent, nous en sortons des petits êtres dans un état inimaginable. Une nuée d'insectes les environne ainsi qu'une odeur terrible [ . . . ] les trois quarts sont remplis de plaies suppurantes : impétigo. [ . . . ] Pour 1000 enfants nous disposons de 4 serviettes, et encore, avec difficulté. Par groupe nous menons ces enfants aux douches, une fois nus ils sont encore plus effrayants, ils sont d'une maigreur terrible [ . . . ] ils ont presque tous la dysenterie. Leur linge est souillé d'une manière incroyable et leur petit baluchon ne vaut guère mieux. [ . . . ] après le départ de ces 3000 ou 4000 enfants sans parents, il en restait 80 vraiment trop malades pour partir avec les autres : mais on ne pouvait les garder plus longtemps. "
Comme les adultes, les enfants subissent la veille de leur déportation la fouille par le SEC et la tonte. Puis, comme le raconte Odette Daltroff-Baticle : " Vers 5 heures du matin il fallait les descendre dans la cour pour qu'ils soient prêts à monter dans les autobus de la STCRP qui menaient les déportés à la gare du Bourget. Impossible de les faire descendre ; ils se mirent à hurler, une vraie révolte, ils ne voulaient pas bouger, l'instinct de conservation. ( . . . ) . "

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