A des époques différentes, trois femmes sont amenées à quitter la France pour Pondichéry, en Inde. Alice, en 1930, rejoint son mari médecin chargé de diriger la léproserie ; Oriane, en 1950, veut revisiter les lieux d'une petite enfance dont elle ne conserve que de vagues souvenirs ; Céline, enfin, en 2012, a fui une situation familiale dramatique. Ce séjour dans un ancien comptoir français va bouleverser leur vie.
Ce premier roman d'Anne Vantal, à l'intrigue habilement nouée, embarque le lecteur dans le temps et L Histoire. Bienvenue en Inde !
Elle avait franchi le canal de Suez en se tenant sur le pont pour ne rien perdre de l’événement, s’émerveillant de l’adresse des équipages anglais, habitués à négocier cette passe réputée pour ses dangers ; elle avait manqué étouffer sous la chaleur d’Aden et avait, de loin, suivi des yeux les hautes falaises de la côte yéménite.
(pages 17-18)
L’air sentait l’iode et le poisson et le port lui-même dégageait une odeur d’huile et de ferraille à laquelle se mêlaient des parfums confus, étrangers à la jeune femme, qui évoquaient de loin le citron ou les épices.
(page 25)
Si je m'approche du caniveau, je vais devoir faire un détour. Un détour qui viendra perturber le comptage des pas.
Or, c'est important de compter ses pas, jour après jour. Enfin, c'est important pour moi, parce que que :
1. J'espère faire de moins en moins de pas à mesure que je vais grandir
et.
2. J'aime compter.
C'était précisément ce qui manquait à Madeleine : la possibilité d'offrir à autrui autre chose que le nécessaire.
Oriane s'étonnait de confronter, pour la première fois, ses souvenirs à la réalité présente. (1950)
Elle se trouvait à présent, toute chancelante, à quelques encablures du port, face à sa ville natale qu'elle distinguait encore mal à l'horizon, et l'émotion du départ de naguère se mêlait, en dépit de sa volonté, à son vertige d'aujourd'hui. (Oriane 1950)
Céline n'en finit pas de s'interroger. Sage-femme. Elle a choisi ce métier parce qu'elle aime la vie, et sa vie à elle n'en finit plus de se heurter à la mort.
Elle veut profiter de ces instants de grâce qui, sous les tropiques, ne se prolongent jamais - en quelques minutes le soleil s'élève haut.
" Nous allons te rhabiller , Aru ! Et pas au bazar : nous allons te faire couper un pantalon et des chemises chez le tailleur de Monsieur Jules ! Tu auras l'air d'un vrai monsieur ! "
Alice, qui s'attendait à un sourire, et peut-être même à une démonstration de joie plus bruyante, fut toute décontenancée par le regard suppliant de l'enfant.
" Quoi ? Tu ne veux pas ?
- C'est que...Madame Alice ! Je vous en supplie !
- Eh bien .
- Pas de chaussures, s'il vous plaît, Madame Alice, pas de chaussures ! "
Quelque chose de pas bien gros mais qui a peut-être de la valeur.
C'est noir, c'est plat, c'est [...] et ça gît lamentablement dans le caniveau.
(j'ai volontairement tronqué la citation. Trop d'indices tue l'indice)