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Critiques de Aline Kiner (238)
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La nuit des béguines

Voilà un roman de facture fort classique, à l'écriture sage, qui nous dresse le portrait de femmes fortes et libres, de fait subversives, ayant vécu en plein coeur du Moyen-Âge mais dont les combats résonnent de façon très actuelle : des béguines. Pas vraiment des laïques, pas vraiment des moniales, ces femmes ont choisi de vivre dans un espace clos au sein de grandes villes, dans une indépendance presque totale puisque non soumises à la domination masculine, qu'elle soit familiale ou cléricale, tournées vers une religion pratiquée librement.



Les traces des femmes, puissantes ou pas, ont été depuis toujours effacées consciencieusement du récit historique, il en va ainsi pour ce moment singulier et passionnant de l'histoire des femmes qu'est le béguinage, ici celui de Paris : peu de sources de directes ( quelques registres d'impôts ), quelques vestiges comme un mur dans le Marais, en pied du lycée Charlemagne.



Alice Kiner a donc eu l'excellente idée de faire revivre la communauté des béguines de Paris ( fondée en 1264 par le roi saint Louis avec des statuts privilégiés ) à travers une fiction et de beaux personnages dont on découvre les peurs, les envies, les rêves et les désillusions : la vieille herboriste Ysabel qui connait aussi bien les secrets des plantes que des âmes ; l'érudite Ade qui tait ses blessures ( sa détresse de n'avoir pu être mère lorsqu'elle était mariée ) sous le masque de la froideur ; la très jeune Maheut qui a fui un mariage forcé qui a tourné au viol … toutes ces béguines, anciennes ou nouvelles, ont fui quelque chose, un mariage, un remariage, un traumatisme pour être enfin libres dans un espace de sororité et de solidarité , loin de la prédation des hommes.



Tout le talent de l'auteur est de nous plonger dans l'effervescence du Paris des années 1310 – 1314 qui s'emplit des buchers des Templiers ou de personnes déclarées hérétiques par une Inquisition aux aguets sur fond de conflit entre le roi de France Philippe IV le Bel et la papauté. J'ai par exemple découvert la lumineuse figure de la mystique Marguerite Porete, béguine de Valenciennes, brûlée pour avoir refusé de renier son livre le Miroir des âmes simples jugé beaucoup trop anticonformiste et donc dangereux par l'Inquisition.

Mais jamais l'érudition d'Aline Kiner n'est lourde ou pédante. Son récit est très vivant autour d'une trame simple : la jeune Maheut qui s'est réfugiée au clos est recherchée par son riche époux, les béguines choisissent de la protéger mais un franciscain semble avoir retrouvé sa trace …

Foncez si cette période de l'histoire vous intéresse !

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La nuit des béguines

Nous sommes le 1er juin 1310, à Paris, quartier du Marais, au grand béguinage royal.

Qui sont ces béguines ?

Le béguinage est- il un abri? Une Force?

Mais Les béguines ont- elles conscience que leur statut irrite de nombreux clercs et ecclésiastiques ?

Pensent - elles à leurs soeurs , au dehors de l'enclos fondé par Louis IX, Saint- Louis ? Moins protégées qu'elles ?

Elles sont, en effet, des centaines de femmes insaisissables, instruites, refusent le mariage comme le cloître , actives et pieuses à la fois , travailleuses et recluses, au sein de la communauté ...... Ni épouses, ni nonnes, ni totalement actives, ni totalement contemplatives ........Elles dérangent quelque part car leur savoir irrite ........



Elles prient , travaillent , étudient, aident , se dévouent , circulent dans la cité à leur guise, pratiquent la charité,possédent de nombreux biens dans la ville, en disposent comme elles le souhaitent , peuvent les transmettre à leurs sœurs, prennent soin des malades et préparent les morts pour le grand voyage, sont indépendantes et libres.

Une liberté que les femmes n'avaient pas connue jusque là et ne connaîtraient pas avant des siècles.......

Toutes n'en furent pas conscientes, mais certaines se sont battues avec force pour la conserver!

Cette communauté mi- laïque , mi- religieuse libérée de l'autorité des hommes abrite la vieille Ysabel qui connait tous les secrets des plantes et des âmes , Ade et Maheut la rousse , mutique et rebelle , et bien d'autres, toutes vont devoir se battre tandis qu'on vient de mettre au bûcher les templiers .

Elles entendent bien conserver leur indépendance et leur liberté!

Quelle plongée saisissante , inédite et passionnante dans le moyen âge, à la fois érudite , cultivée et savante, mais tout à fait accessible .

L'écriture est fort élégante , haute en senteurs et en couleurs , entre l'odeur empuantie de la ville, _______le ventre de Paris -________sang, marée, déchets , excréments et l'odeur âcre des herbes .

Mais aux yeux de la papauté, la liberté des béguines dérange .

Nous sommes sous le règne de Philippe Le Bel .

Le pape Clément V publie en mars1314 les décrets du concile de Vienne contre les béguines. Il condamne leurs vêtements et surtout leur mode de vie, elles sont soupçonnées d'hypocrisie, moquées, accompagnées d'une odeur de soufre .

On les déclare hérétiques ........

"La nuit des béguines "est une oeuvre forte, riche et lumineuse, puissante, à la narration intelligente, bien documentée, avec des personnages marquants .

Les couleurs , les cris de la rue, les odeurs récréent avec précision et sensibilité , subtilité et émotion le Paris médiéval .

L'intrigue Prenante , intense , ménage du suspense, sur un sujet méconnu mais combien d'actualité !

Les héroïnes Ysabel, Ade et Mahaut la rousse, subversives et féministes avant l'heure hanteront longtemps nos mémoires !

Un savoureux roman historique, une fresque palpitante qui tisse les temps forts du régne de Philippe le Bel et les destins de personnages d'exception !

Ma critique est encore une fois , un peu trop longue, que ceux qui me liront soient indulgents !
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La nuit des béguines

Il est une société dont on ne parle pas beaucoup et qui vit le jour à la fin du XIIe siècle dans le nord de l'Europe, s'est étendu dans la moitié nord du royaume de France... Il s'agit des béguines dont le statut est bien ambigu : femme célibataires ou souvent veuves parce qu'épouses de croisés restés en terre Sainte ou se retrouvant seules pour d'autres raisons. Elles ne sont ni religieuses, bien qu'obéissant à une règle monastique (dans le présent ouvrage, elles sont dirigées par une maîtresse nommée par l'aumônier du roi) , ni laïques. Mais la discipline et la piété étant de mise en cette période de l'histoire ou la religion rythme la vie quotidienne et où l'inquisition oriente la pensée et les actes de chacun, elles seront bientôt persécutées, car être indépendant au Moyen-âge est plutôt mal vu, on se marie où on intègre le couvent mais on ne s'affranchit pas de la domination des hommes.



C'est dans ce contexte qu'évoluent Ysabel, qui cultive les plantes qui soignent et fait office de soignante, Ade, qui enseigne et écrit, Agnès et les maîtresses successives.



Mais deux faits viennent perturber leur vie de béguines : Maheut qui vient se réfugier au béguinage parce qu'elle s'est enfuie du domaine de ce mari qu'on lui a imposé , et qui est accueillie, soignée et cachée. Maheut est recherchée par un religieux plutôt ambigu : Humbert, qui cherche à faire copier un manuscrit interdit émanant de Marguerite Porete qui développe dans ce livre, une pensée inadmissible à cette époque.



Ces deux faits sont sans nul doute les ingrédients d'un bon roman historique, se mêlant aux descriptions de l'environnement et des moeurs ce ce temps : rues de Paris, plantes cultivées, mets et plats de l'époque, commerce, et s'ajoutant à une narration des événements historiques que l'auteure ne pouvait négliger : la dissolution de l'ordre des templiers et l'exécution des moines soldats.



Un bon roman, aucun doute, toutefois la lecture n'a pas toujours été facile : j'ai eu l'impression de lire parfois laborieusement, une description sans relief, sans expression de sentiments, ce qui a rendu cette lecture très monotone, c'est vraiment dommage. Il me semble que tous les lecteurs de ce romans ayant proposé une critique n'aient pas ressenti cela. Il ne s'agit alors peut-être que d'une impression de ma part.c'est toutefois la raison pour laquelle je n'attribuerais que trois étoiles à cette histoire.

J'ai malgré tout appris beaucoup sur les béguines que je ne connaissais pas.

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La nuit des béguines

Nous sommes en 1310, à Paris, dans le Marais…

Paris dont l'atmosphère est trop souvent empuantie, non seulement par manque d'hygiène, mais aussi, trop souvent par l'odeur du bucher.

1310, Philippe le Bel, Roi de France règne d'une main de fer sur une France forte, mais dont les caisses sont vides… et la révolte qui gronde en Artois. C'est également la période où l'inquisition condamnera les Templiers au bucher et les amants des Princesses Royales à être écorchés et démembrés en place publique.



« Au milieu de tout ce beau monde attendri » chantait Brassens, « une petite fée avait fleuri »… En guise de fée, on découvrira Maheut la rousse, une très jeune fille qui, un beau matin à l'heure du laitier, frappe à la porte du clos des béguines, cette « communauté » de femmes célibataires ou veuves appartenant à une organisation quasi monastique que l'Eglise ne voit pas d'un si bon oeil, en ces temps où l'hérésie se décrète plus qu'elle ne se démontre…Maheut y sera recueillie par Ysabel et Agnès, son assistante à l'hôpital.

1310, précisément le 1er juin, c'est aussi l'année où fut brûlée Marguerite Porète, une béguine, elle aussi, condamnée pour son ouvrage « le miroir des âmes simples » … Maheut est recherchée ! Humbert, un ombrageux franciscain est sur ses traces. Il se rendra coupable d'un odieux chantage. Quel sont les liens entre Maheut et Marguerite Porète ?



Très attiré par cette période, découverte à travers l'oeuvre de Maurice Druon, il y a bien longtemps, c'est avec enthousiasme que j'entame cette lecture dans le cadre d'un club de lecture. Bien m'en a pris ! Tout d'abord parce que cette époque me fascine et plus encore parce que cette « nuit des béguines » me permet de découvrir une organisation dont j'ignorais l'existence : le béguinage et les béguines. Mieux : une intrigue très bien ficelée et structurée qui laisse le lecteur accroché à sa lecture. Ajoutons à cela une prose très élégante et on obtient un ouvrage qui offre une grande facilité de lecture ; une prose qui accorde une large place aux odeurs, que ce soient celles des simples ou des fleurs du jardin d'Ysabel, mais aussi celles des miasmes de la rue, des caves ou des cachots, les odeurs de vêtements mouillés ou corporelles… Sans oublier celles des bûchers...



On l'aura compris : « La nuit des Béguines » est un de mon premier coup de coeur de 2018. Ça commence fort !

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La nuit des béguines

Qu'est-ce donc qu'une béguine, je vous demande un peu ?

De mon côté j'en avais déjà une petite idée, pour avoir découvert il y a quelque temps les béguinages de Bruges ou d'Amsterdam, intriguée par ce terme dont à l'époque j'ignorais tout.



Ce roman vient donc enrichir mes maigres notions quant à ces femmes au statut inclassable. Veuves ou célibataires, souvent érudites, pieuses mais actives et indépendantes, libres de toute autorité ecclésiale, parentale ou masculine, les béguines se sont regroupées en communautés solidaires et autonomes dès le XIIème siècle en Europe. Ainsi les béguinages, sortes de couvents laïques, constituaient-ils des enclaves particulières, à la fois protectrices et ouvertes sur le monde, bénéficiant souvent (quand même) de la protection d'un seigneur ou d'un roi progressiste, voire féministe avant l'heure.



C'est ici le cas du béguinage royal fondé par Saint-Louis dans l'actuel quartier du Marais. L'intrigue y prend place, au coeur d'un Paris médiéval débordant d'activité, mêlant une réalité historique très documentée aux drames intimes de personnages fictifs particulièrement attachants.



Un instructif et romanesque voyage temporel aux résonnances pourtant très contemporaines, rappelant que l'émancipation des femmes est décidément loin d'être un sujet nouveau (et qu'il y a encore du boulot).




Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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La nuit des béguines

Aline Kiner a parié et pour moi, elle a misé juste ! On peut se demander si le long, cérémonieux, tourmenté et obscur Moyen-Âge intéresse encore. On peut se demander si le roman historique intéresse encore...Perso, je dis oui. Oui à Aline Kiner qui n'a pas choisi un thème quelconque et je dis oui à "La nuit des béguines". C'est une très belle lecture, un sujet fier dans un roman peu prétentieux tout en étant savant et cultivé.

L'histoire des béguines et un pan de l'histoire de France qui se déroule entre 1310 et 1317 mais une histoire qui quelquefois nous semble encore bien trop contemporaine.

On nous parle des béguines du béguinage royal à Paris. Qui sont-elles ? Que font-elles ces femmes inclassables, hors normes pour l'époque. Femmes actives, instruites, pieuses, travailleuses, recluses et libres tout à la fois. Dérangeantes. Ces femmes ont choisi de vivre en communauté, sans règles strictes, de décider si elles méditent ou travaillent, si elles apprennent ou se dévouent à aider. Oui , ces femmes dérangent.

Ce sont des portraits de femmes de tous âges, de tous milieux, veuves ou pas, riches ou pauvres qui ont décidé de n'être ni épouses ni religieuses. Elles sont libres de l'homme, des hommes et donc, elles sont suspectes. Dérangeantes. Elles vivent isolées géographiquement mais trop ouvertes intellectuellement. Leur savoir dérange.

Nous sommes sous le règne de Philippe Le Bel qui vient de mettre au bûcher les Templiers et d'abolir cet ordre, c'est l'inquisition et Guillaume de Nogaret s'en donne à coeur joie tout ça avec Clément V à la papauté.

Justement, Clément V publie en mars 1314 les décrets du concile de Vienne contre les béguines. Le texte condamne leur mode de vie, leur vêtement, les liens qu'elles ont avec certains frères. Aux yeux de la papauté, elles sont malhonnêtes car elle se font passer pour des nonnes, ces femmes n'obéissent à personne et surtout, surtout elles gèrent elles-mêmes leurs biens et leur fortune. Dérangeantes. On les déclare hérétiques, participant au mouvement du Libre-Esprit ou encore désobéissant à l'église. Pourtant, leur vie n'est faite que de travail, de charité, d'études, de soins, d'éducation mais aussi ha oui aussi d'indépendance. Et comme leur foi n'est pas contrôlée...Dérangeantes.

"La nuit des béguines" est une lecture dense, sans être docte, sans être alourdie par trop d'érudition manifeste. C'est une lecture doucement lumineuse qui nous parle de nous, filles et de notre sort sur cette terre.
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La nuit des béguines

De ces communautés et de ces femmes - les béguines - il reste peu de traces dans la pierre comme dans les livres d'histoire. Les anciens béguinages, pour la plupart d'entre eux, ont été rasés, remplacés par des couvents ou d'autres édifices, et l'Histoire officielle, histoire d'hommes longtemps écrite par des hommes, a semble-t-il préféré oublier l'existence singulière de ces femmes résolument à part. Dans cette société virile du XIVe siècle où les femmes n'ont d'autre choix que de subir la volonté de leurs pères puis de leurs époux, d'autre fonction que celle de fortifier les lignées par la dot qu'elles apportent et la descendance (mâle) qu'elles assurent, ces communautés de femmes solitaires, solidaires, charitables, érudites et indépendantes sont infiniment dérangeantes.



Elles prient (beaucoup) mais ne sont pas consacrés à Dieu, elles sont chastes, elles n'enfantent pas mais ne sont pas des nonnes, elles pensent, lisent, écrivent, travaillent mais sans tutelle et en dehors du monde et de ses règles. Elles sont des figures du refus, tranquillement rebelles, à l'abri des hommes, de leur autorité et de leurs appétits, féministes avant l'heure. Leur existence, en dehors des cadres et des coutumes en vigueur dans le monde, est une possible menace pour le modèle social patriarcal, comme pour l'Eglise. Elles sont inclassables, hors d'atteinte. Elles inquiètent. Elles font peur. Et depuis le brûlement pour hérésie de la béguine Marguerite Porete et de son livre "Le Miroir des âmes simples et anéanties", la suspicion s'étend...



Avec "La nuit des béguines", Aline Kiner nous ouvre les portes de l'un de ces béguinages en plein coeur de Paris, dans le quartier du Marais, au sein de ce Paris troublé et plein de fièvre où Philippe le Bel exerce son pouvoir - et sa vengeance - contre les Templiers, où sur les bûchers dressés en Place de Grève brûlent les hérétiques, les opposants, les Juifs et les rebelles.



Chacun sait depuis “Les Rois maudits” (et d'autres historiens plus “sérieux”) combien le règne des derniers Capétiens fut convulsif et tourmenté, combien l'époque fut violente et rude. C'est dans ce contexte que nous pénétrons dans la vie de ces femmes - Maheut, Ysabel, Ade… - retranchées dans leur béguinage, “une citadelle pour les femmes”, chacune avec son histoire, son drame, ses espoirs et son destin. de la vie singulière de ce béguinage qui a réellement existé - fondé par Louis IX en 1264, condamné pour hérésie par le pape Clément V en 1314 - Aline Kiner dresse avec beaucoup de talent un portrait haut en couleurs et tout à fait passionnant.



J'ai suivi, sans plus pouvoir le lâcher, le récit de ces vies de femmes hors du commun, intelligentes, indépendantes, blessées et fières ; je me suis replongée avec bonheur dans ces années particulièrement tourmentées (1310-1314) qui furent aussi un tournant de l'histoire de France ; et je me suis régalée de ce magnifique tableau de Paris, dans l'effervescence de sa vie quotidienne, de ses bruits et de ses odeurs, toile de fond particulièrement réussie de "La nuit des béguines".



L'écriture est belle et très agréable, l'érudition n'est jamais pesante, les personnages sont bien incarnés et très attachants, le contexte historique admirablement restitué, et la fiction se mêle habilement au réel dans une construction tout à fait convaincante. Un excellent roman historique que j'ai lu avec beaucoup de plaisir, et que je recommande.



[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]

[Challenge HOMMAGE A NOTRE-DAME DE PARIS]

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La nuit des béguines

Paris,1310.

Au grand béguinage, une centaine de femme vivent en marge de la société en refusant les codes que l'on veut leur imposer. Un brin sorcières, un brin religieuses et surtout très féministes, elles font tout pour conserver leur liberté malgré l'arrivée d'une jeune femme en fuite qui va bousculer leur quotidien. J'aime les romans de cette époque. C'est une période que je trouve particulièrement passionnante. Aline Kiner a su retranscrire l'ambiance d'un béguinage médiéval tout en caractérisant des personnages résolument modernes. Une très belle découverte !
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La nuit des béguines

Des femmes libres au Moyen-âge, vraiment ? libres de se marier, ou non ; de vivre en communauté, ou non ; de choisir une vie religieuse, ou pas ? Une page d'histoire méconnue que cette « Nuit des béguines », un vent de liberté dont on sent bien dans ces pages qu'il tournera bientôt au détriment de ces femmes, victimes d'intérêts politiques et religieux plus puissants.

Voilà un roman très enrichissant à deux titres : celui de m'avoir donné une idée de ce qu'était le béguinage, dont je n'avais jamais entendu parler, mais également de faire vivre de manière très sensuelle un Paris plein de vie et de commerce, celui du règne de Philippe le Bel en action contre l'ordre des templiers dans son bras de fer avec le pape, qui m'a rappelé avec bonheur la grande saga des Rois maudits de Maurice Druon.

Ce roman me laisse néanmoins un avis mitigé, comme souvent ces ouvrages d'historiens qui s'essayent au roman et dont on regrette qu'ils ne se soient cantonnés à ce qu'ils savent bien faire : l'exposé historique. Si le contexte m'a captivée, j'ai peiné à suivre une intrigue faiblarde et à m'attacher à des personnages finalement assez convenus, aux contours un peu flous. J'aurais aimé plus de chair autour de la sage Ysabel, de la jeune Maheut et de l'ambigue Ade, et que sur elles flotte avec plus de densité la figure extatique et rebelle de Marguerite Porete.

Je regrette d'être passée à côté de ce roman qui a pourtant d'indéniables qualités.

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La nuit des béguines

Paris, an de grâce 1310. Maheut, mariée de force et violentée la nuit de ses noces a fui. Dans la grande cité, la toute jeune fille à la chevelure flamboyante est une proie, la proie des hommes frustres qui aiment la chair fraiche, comme celle des dévots et autres religieux qui considèrent que la rousseur est fille du diable. Heureusement dans le quartier populaire du Marais, derrière de hauts murs, des femmes vivent libres des hommes.



Les béguines qui accueillent Maheut peuvent travailler, étudier et circuler librement sans avoir à choisir entre le cloitre ou un mari. Le jour où Marguerite Porete est brulée vive en place de Grève, les béguines savent que leur statut risque d’être remis en question.





Marguerite, femme de lettres éclairée est l’auteur d’un livre qui indispose l’église toute puissante. « Le miroir des âmes » révèle une pensée humaniste annonçant que l’homme pourrait vivre sa foi en dehors de tout dogme, rien de tel pour énerver le grand inquisiteur. Le destin de Maheut et du livre interdit seront inextricablement lié et le temps des béguines inexorablement compté.



C’est avec un vrai talent romanesque, qu’Aline Kiner passionnée d’histoire nous entraine dans le Paris du Moyen-âge. Dans les rues boueuses et pestilentielles, au milieu de la grande cité, des femmes se battent.



Regardons notre monde contemporain avec les lunettes de l’histoire. Inquisition, intolérance, guerre de religions, violences faites aux femmes, bien sur le monde d’aujourd’hui, dans les grandes démocraties est beaucoup moins violent qu’au XIVe siècle, mais bon sang n’oublions pas que cet équilibre fragile a été long à mettre en place.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La nuit des béguines

Je viens de terminer ce roman et je ne sais vraiment pas quoi penser. Ai-je aimé ? Oui, non…



J’ai eu l’impression d’assister à un cours plutôt que d’être dans un roman. Il y a trop de survol. J’aurai aimé que l’auteur aille plus en profondeur dans chacun de ses personnages.



Je ne regrette pas ma lecture, bien au contraire, car on a un aperçu, voilà c’est le mot qui convient, un aperçu de ce qu’était le béguinage. J’aurai aimé plus de détails. Il a manqué un petit quelque chose pour que j’apprécie en totalité ce roman. Du liant. Au moment où j’étais happée par l’histoire, putch…. le ballon se dégonflait, bien qu’il y ait beaucoup de subtilité dans l’écriture.



Une lecture ambiguë, mais que je recommande. En effet, il y a peu de roman sur le béguinage alors que c’est un thème qui me passionne. D’autant plus, que l’auteur a une belle plume.



Je vous l’avais pourtant dit : Ai-je aimé ? Oui, non…

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La nuit des béguines

Avant de découvrir ce roman historique très bien documenté, j'assimilais les béguines à des religieuses. Pas du tout, ce sont les femmes libres du Moyen Âge, celles qui refusaient de se marier ou ne l'étaient plus, mais qui refusaient tout autant la tutelle de l'Eglise ou de leur famille. Elles vivaient donc en communauté dans des béguinages, travaillaient, réfléchissaient, soignaient, s'entraidaient...



La description de leur solidarité et de leur 'fraternité' m'a beaucoup touchée, tant ces valeurs manquent à mon sens à notre monde moderne, ou en tout cas à ma vie : quand une béguine a un problème, une autre béguine va l'aider ou l'écouter... Ce ne sont pas des saintes, d'ailleurs dans le livre d'Aline Kiener certaines sont franchement déplaisantes, mais elles forment une grande famille, tolérante et ouverte.



Le Paris du Moyen Âge est passionnant également, fait d'Inquisition, de buchers, de prêches, de marchands et marchandes, d'intrigants, d'odeurs repoussantes et de simples apaisants.



Seul petit bémol à cette b(é)guine endiablée : l'histoire avec un petit h m'a moins séduite que celle avec un grand H, et les personnages ont moins de corps et d'épaisseur qu'ils auraient pu en avoir. Le défaut d'une auteure plus historienne que romancière, peut-être, mais qui n'a pas réellement gâché mon plaisir de lectrice.



Pour une b(é)guine avec toi... envie d'une b(é)guine avec toi...
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La nuit des béguines

Au 13ème siècle, sous la protection de Louis IX, des petites communautés de béguines se sont établies à travers le royaume de France. Un grand béguinage a été créé à Paris dans le quartier du Marais pour accueillir des femmes pieuses, veuves ou célibataires. Ce refuge leur offre une alternative à la tutelle d’un époux ou de l’Eglise. Elles peuvent, par choix, vivre, travailler ou étudier comme bon leur semble, libérées de toute autorité hormis celle du roi. Elles forment une communauté de femmes libres et indépendantes.

L’histoire se situe au début du 14ème siècle, au moment où le roi Philippe Le Bel fait arrêter les Templiers, et où l’intolérance se développe. Les béguines, trop libres, trop cultivées, sont dans le collimateur de l’Inquisition.

Sur ce fond historique Aline Kiner brosse le portrait de femmes attachantes, à forte personnalité. Maheut, une adolescente mariée contre son gré à un mari violent, qui fuit et trouve refuge dans ce havre de paix ; Isabel la doyenne, herboriste et guérisseuse ; Ade, lettrée, belle et noble que la vie a rendue amère ; et Jeanne du Faut femme entreprenante, négociante en tissus de qualité et responsable d’un atelier de tisseuses, fileuses, brodeuses. Humbert, un moine franciscain, recherche Maheut et son destin va être lié à celui des béguines.



Passionnant, divertissant, très documenté, d’un intérêt historique, culturel et social incontestable, le roman d’Aline Kiner fait découvrir dans cette fresque palpitante un Moyen-Âge méconnu. C’est à la fois un voyage au cœur de Paris, ville grouillante et animée, pleine d’odeurs et de bruits et en même temps la découverte plus intime et délicate, presque secrète, d’un béguinage royal au cœur du Marais.



Ce roman nous fait vivre cette expérience sociale et spirituelle de l’intérieur, comme un bel hommage rendu à ces femmes d’exception.



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La nuit des béguines

1310. Paris, quartier du marais. Béguinage royal.



La femme à cette époque n’a aucune liberté. D’abord soumise au père, elle est soumise ensuite à l’époux ou doit vouer sa vie à Dieu. Une femme ne peut ni enseigner, ni travailler, ni vivre seule, elle est incapable de se gérer seule et on ne lui reconnaît aucune capacité à réfléchir et encore moins à penser. Alors le béguinage, voulu et instauré par le bon roi Louis IX n’est pas en odeur de sainteté partout.



De ce roman historique, je retiendrai surtout les pages dévolues à ces femmes que l’on appelle les béguines, celles aussi qui décrivent l’atmosphère délétère sous Philippe le Bel prompt à châtier quiconque nuira à son bon vouloir et aux pratiques religieuses d’alors (l’inquisition et la question règnent en maitres et on est au coeur de la destruction de l’ordre des Templiers).

On y apprend mille choses sur ces femmes pieuses, instruites, solidaires, travailleuses pour certaines, libres de circuler dans la Cité et d’user de leurs biens à leur guise, mais qui ont refusé le mariage ou le cloître, qui ont refusé l’homme. Ce mode de vie dérange d’abord l’église qui sent une faille dans son autorité et une odeur d’hérésie, et de braves gens qui m’aiment pas que l’on suive une autre route que la leur.



Quant à l’intrigue, plutôt légère, elle n’est là que pour servir de toile de fond à cette passionnante page d’histoire mais on prend plaisir à la suivre malgré tout. Oui, on prend plaisir car Aline Kiner nous envoûte par la simplicité de ses mots, par le rythme des saisons qu’elle impose doucement, par les contrastes qu’elle présente dans et hors du béguinage, par les décors méticuleux qu’elle plante, par les odeurs qu’elle distille savamment pour vous mettre dans l’ambiance de ce Paris médiéval.

Et puis, il faut bien avouer le but premier de l’auteure : faire connaître Marguerite Porete, béguine suppliciée, ayant commis l’écriture d’un livre « Le miroir des âmes simples et anéanties » dans lequel elle ose prétendre qu’il est possible d’aimer Dieu sans passer par tout le cérémonial religieux. Hérésie !!!



Ce roman historique, j’ai eu très envie de le découvrir grâce à Zazy (zazymut.over-blog.com) qui en a fort bien parlé et aussi parce que j’avais eu l’occasion de visiter le béguinage de Bruges il y a pas mal d’années, un lieu qui m’avait séduite par sa simplicité et son harmonie.



Un très bon roman que je recommande à tous et pas seulement aux amateurs de Moyen-Age, puisque la condition féminine à cette époque en est le thème fondateur. Condition féminine dont il est toujours urgent de s'instruire...




Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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La nuit des béguines

L'auteure Aline Kiner nous livre avec ce roman une belle fresque sur la vie des Béguines pour lesquelles Saint-Louis avait créé le grand béguinage de Paris, dans le Marais, dont on peut encore retrouver les contours aujourd'hui. Saint Louis les avaient installées là parce que c'était un territoire hors de toute seigneurie, ce qui les préservait de toute soumission aux seigneurs ainsi qu'à l’Église.

Beaucoup d'entre elles étaient veuves et le statut du béguinage leur permettait d'échapper aux remariages imposés par les familles. Le statut des femmes n'était pas à la liberté à l'époque soit au nom des alliances des familles et surtout de la bienséance imposée.

Dans ce roman, l'héroïne est une béguine déjà âgée Ysabel. Elle protège ses compagnes plus défavorisées qu'elles, aussi bien avec ses remèdes que d'une manière plus pratique en leur apportant le soutien et la survie matérielle au sein de la communauté.

Beaucoup d'entre elles venant de familles aisées comme Dame Ade et Ysabel sont très instruites et éduquent les enfants.

On rencontre dans ce roman de très belles figures à la fois libres, indépendantes mais très pieuses et attachées à protéger et soigner les plus faibles. La sororité n'est pas pour elles un vain mot.

Mais l’Église et leurs ennemis veulent reprendre leurs prérogatives et vont tout faire pour dénigrer et démanteler le statut des béguines. Affaire de religion mais surtout affaire d'argent. Le royaume de Philippe Le Bel a toujours besoin de plus en plus d'argent et ces femmes indépendantes comme les templiers sont des exemples de liberté qu'il faut à tout prix abattre.



L'auteure nous fait donc revivre la vie des béguines dans le clos royal, l'amour des simples, de la nature, ces femmes vivant du fruit de leur travail, Ysabel en est le parfait exemple, elle a un savoir encyclopédique de tout ce qui est plantes, soins des malades. Entre leurs obligations naturelles de travail, d'éducation et aussi de rythme religieux de la journée, l'époque était très pieuse et vivait au rythme des services religieux, on voit donc ses béguines dans leur quotidien.

J'ai aimé l'écriture de Aline Kiner, très érudite, fluide, claire elle nous livre un beau roman historique qui nous fait revivre aussi le Paris de l'époque avec ses petits métiers, ses rues sordides mais aussi l'entraide des gens entre eux. C'est tout un univers de senteur, de vie, de mort et surtout elle fait revivre devant nous ces femmes qui ont été plus ou moins occultées par l'Histoire.





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La nuit des béguines

Un roman historique, de temps en temps, est pour moi un petit plaisir!

Une sorte de récréation parmi tant de romans contemporains.



Je suis toujours enchantée de suivre les reconstitutions littéraires qui mettent en scène le passé de Paris et sa géographie disparue. D'autant qu'ici je découvre l'existence de ce béguinage dans le Marais, institution voulue et créée par Saint Louis pour les femmes seules et honnêtes chrétiennes, aisées ou nécessiteuses, désirant vivre tranquillement en communauté laïque.



Si on accorde au livre une trame romanesque plutôt convenue, aux accents d'hérésie et de sorcellerie (bien en phase avec les mentalités du Moyen-Age), la lecture en reste agréable, le fond fort documenté et la révision de notre Histoire de France aisée (le procès des Templiers, l'Inquisition, le temps des croisades, la gouvernance royale de Philippe le Bel*). Le tableau du petit peuple de Paris est vivant, la plume souple et érudite de l'auteur s'y accordant sans anachronisme.



L'essentiel du roman se concentre sur l'image de la femme dans ces temps si religieux, son rôle dans le mariage et la famille, sa capacité à devenir indépendante par le travail. Ce statut de béguine (ni nonne, ni séculière) est insolite, porteur de moqueries et de suspicion, dans une légère odeur de soufre. Il est aussi difficilement admissible de reconnaître des femmes capables d'intelligence et de prédications chrétiennes, sans la tutelle des hommes ou de l'Eglise.



Une époque finement reconstituée, où les Individus vivent entre croyances spirituelles et superstitions populaires, dans un quotidien dominé par la crainte de Dieu.





*figure emblématique des Rois Maudits de Maurice Druon

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La nuit des béguines

La communauté des Béguines dans le Paris de 1310, aurait pu figurer en préambule au livre « les Rois Maudits ». On y retrouve l'inquiétant Guillaume de Nogaret, garde du Sceau conseiller du Roi, véritable maître d'oeuvre d'une justice inquisitoriale .



Aline Kiner, campe le décor d'une ville où le spectre de l'hérésie hante les rues, les esprits, les moeurs. L'ambiance dans la ville est délétère on se surveille, personne est à l'abri d'une rumeur d'une dénonciation d'une pratique religieuse devenue suspecte.



Ainsi le roman "la Nuit des Béguines", d' Aline Kiner, commence par la fin tragique de Marguerite Porete, brûlée vive, en place de grève. Sa faute, être une béguine de Valenciennes, une femme indépendante sans doute, et d'avoir commis le crime d'écrire un grand texte religieux.

Sa faute est triste à vomir page 54, " celle d'avoir bravé l'inquisition et refusé un repentir".



C'est une femme érudit, pour qui le message chrétien est un message d'amour. L'ouvrage de Marguerite est un récit mystique, une sorte de cheminement vers l'union à Dieu : son titre, " le Miroir des Âmes Simples et Anéanties".



Pourquoi l'ouvrage rédigé et publié par Marguerite, a t-il été interdit puis déclaré hérétique, jusqu'à la destruction du livre et de ses copies? Au nom de qui a t-on brûlé la pieuse béguine, " car qui peut nier la force de sa foi ?" Page 53.



Que dit Jean de Queryan, le vieux sage l'amie de Marguerite ? Frère Humbert le franciscain reçoit des mains de Jean son maître la mission de sauver ce qui peut l'être encore. Dès lors son fantôme, se glisse dans Paris, à la recherche d'une béguine, il a sous sa tunique un lourd objet.





Le roman est l'histoire secrète d'un périlleux sauvetage, celui du livre de Marguerite, par la communauté Royale des béguines.

Plusieurs personnages vont s'affronter, ou collaborer, puis nouer entre eux des liens fragiles et douloureux, alors qu'à l'extérieur la bataille fait rage entre les Templiers et Philippe le Bel.





Trois femmes vont se révéler dans ces temps troublés, Aline Kiner dresse trois portraits attachants de ces femmes, Ysabel, Maheut, Ade qui refusent le diktat des hommes et de l'église. En point de mire il faut sauver un manuscrit, accepter tous les risques, sauver l'âme de Marguerite Porete dans le Paris médiéval qui déjà sombre avec ses rois maudits.



Dans un style chatoyant, tenu par le rythme d'une chanson de geste, au phrasé désuet, un peu décalé, on vit dans la première partie le temps des saisons, et d'une maternité imprévue.

Ainsi page 62 , "Il y a si peu de bruit dans le béguinage en ce matin de froidure où chacune se claquemure et les oiseaux se taisent qu'on perçoit la rumeur de la ville au-delà des demeures qui le ceignent de toutes parts."



Puis sous la pression de l'église, et la vigilance de chaque instant, le style se resserre, devient plus percutant, pour balayer dans un ultime élan le sacrifice des conjurés.

Avec une petite cure de mots le récit eût été plus cinglant encore.





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La nuit des béguines

Paris, 1310-1315, quartier du Marais - sale an, bon an...

Comme aujourd'hui, sept siècles plus tard : situation explosive, impression lourde et effrayante d'être à une période charnière :

« Les problèmes monétaires qui accablent le royaume ne font qu'empirer le sentiment d'insécurité. Les pauvres et les désespérés affluent plus nombreux au couvent, une vague de mécontentement balaie les campagnes et commence à toucher la petite noblesse terrienne qui s'organise en ligues revendicatrices. [...] Les plus faibles, comme toujours, seront les premiers à souffrir. »



Dans ce roman historique :

- des magouilles politico-religieuses de puissants qui, soucieux d'accroître leur fortune et leur pouvoir, éliminent la concurrence potentielle

- des béguines, femmes au statut particulier : plus libres que des religieuses (elles se réfèrent à Dieu et passent beaucoup de temps à prier et , mais c'est dans l'air du temps, comme la surconsommation aujourd'hui), vivant entre elles, donc protégées des hommes violeurs/pilleurs, des mariages arrangés et consommés avant la puberté, etc.

- le décor : les rues du Paris d'alors, animées, puantes, bruyantes, peu sûres, les tortures et exécutions en place publique...

- des histoires d'amitié et/ou amour, des corps qui se frôlent, des regards qui s'attardent, des soins qui se transforment en caresses - un peu de sensualité hétéro et homo dans ce monde de brutes...



C'est l'ennui qui a dominé au cours de cette lecture, et je n'en suis pas fière, non non.

Je n'ai pas aimé, sans trop savoir pourquoi.

'Manque de souffle romanesque', comme disent certains avis Babelio ?

Trop de personnages ?

Intrigue trop ténue, au profit de détails barbants sur le contexte ?

Atmosphère trop religieuse ?



Je me suis souvent interrogée sur les raisons de cet agacement puisque j'avais particulièrement apprécié 'Les Piliers de la Terre' (Ken Follett), action au XIIe siècle, mais on n'est plus à 200 ans près quand on remonte 'si loin' dans le temps. J'avais été captivée aussi par 'Pour en finir avec le Moyen Age' (essai de Régine Pernoud), 'Les Rois maudits' (série de Maurice Druon) dont le premier tome s'ouvre sur un des événements de la fin de cette 'Nuit des Béguines', etc.



Bref, je suis soulagée d'en avoir fini avec cet ouvrage, d'être allée au bout, sans doute de moins en moins concentrée, l'esprit souvent accaparé par cette petite chanson des 80's ♪♫ : « Je donne [...] ma chemise à fleurs, mon kimono / Mes plans secrets et mes plantes vertes / J'offre croisière avec radeau / Je donne mon lit, ma brosse à dents / Mon esprit tordu mais sincère / Mes tickets de bus et restaurant / Je donne tout devant moi derrière [ouh là, je ne suis pas sûre d'aimer ce plan...] / Pour une biguine avec toi... » ♪♫ C'est idiot, mais les chansons qui viennent en tête toute seule, ça ne se commande pas. Cette 'pathologie' a sûrement un nom, et je pense qu'on est nombreux à la partager... 😉



Voir d'autres avis sur Babelio, la plupart sont très enthousiastes.
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La nuit des béguines

En 1310, les béguinages de France ne savent pas qu'ils vivent leurs dernières années de tranquillité. « Toute femme n'étant ni épouse ni nonne est suspecte. Surtout lorsqu'elle s'acharne à prêcher, usurpant les privilèges du clergé. Et des hommes. » (p. 65) L'accusation d'hérésie et la condamnation de la béguine Marguerite Porete, autrice du Miroir des âmes simples et anéanties, sont les premiers indices de cette fin imminente. L'exécution des Templiers, ordre religieux qui a refusé de se soumettre à l'autoritarisme de Philippe Le Bel, est un autre funeste présage. De partout s'élèvent des voix pour critiquer les béguines et leur reprocher les pires vices. Il devient insupportable que des femmes soient libres, sans époux ni règle religieuse, qu'elles conservent leurs biens, exercent une activité et vivent en communautés, « une citadelle pour les femmes, pas une prison » (p. 15) Au grand béguinage de Paris, l'arrivée de Maheut la Rousse, jeune fille en fuite, lance un incendie qui va longtemps couver sous la braise, balayant d'autres béguines, mais des religieux et des laïcs.



Le roman s'étire sur une dizaine d'années : les jeunes gens gagnent en maturité, des enfants naissent, des personnes meurent, et l'Histoire embarque dans son flot des destinées célèbres ou anonymes. Si le texte se lit facilement, c'est malheureusement en raison d'une narration et d'un style un peu faibles. Mais La nuit des béguines offre une bonne entrée en matière à ceux et celles qui voudraient découvrir l'histoire de ces communautés de femmes. Et je vous conseille surtout le roman de Clara Dupont-Monod, La passion selon Juette, qui présente l'histoire d'une véritable béguine que les Belges célèbrent encore.
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La nuit des béguines

Les béguines, une communauté assez méconnue sur la période du moyen âge, un roman historique qui donne envie de découvrir comment ces femmes pouvaient bien arriver et vivre parmi les autres en voulant obtenir leur liberté ou même vivre une vie meilleure malgré leur veuvage ou autre.

Eh bien, je reste assez mitigée car j'ai trouvé la narration trop longue, trop plate avec un manque de dynamisme qui fait qu'on s'ennuie à la lecture.

C'est dommage, le contexte historique est très intéressant mais on est plus dans du récit que dans du roman.
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