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Invitée : Adélaïde de Clermont-Tonnerre - Directrice de la rédaction du magazine Point de vue
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Depuis que l'Homo sapiens est sorti de sa caverne, le monde n'a jamais été tendre avec personne, mais l'honnêteté et la délicatesse se révélaient, à New York, particulièrement handicapantes. J'avais décidé de lui apprendre à se défendre. Il s'était assigné la mission de me civiliser.
J'ai commencé par l'engueuler. Je lui ai dit qu'elle était folle, que je n'avais rien à voir avec tout ça. Elle voyait le mal partout. Elle n'avait pas le droit. C'était de la rage de m'en vouloir à ce point-là. Que cherchait-elle ? A me détruire ? A m'entraîner dans son enfer ? Je n'avais rien fait pour mériter d'être traité comme elle me traitait. Où avait-elle été chercher une histoire pareille ? Elle savait à quel point le mystère de mes parents biologiques me faisait souffrir, c'était déloyal de m'attaquer sur ce terrain. De jouer de mes peurs et de mes faiblesses. Ce qu'elle me disait était une agression inouïe. C'était cruel, infondé. Je n'avais pas de mots pour qualifier ça. Ou plutôt si, j’avais un mot : pervers.
(...)
Savoir. J'avais tant voulu savoir... mais ça ! Etre marqué au fer rouge. Etre coupable du pire dont un homme est capable. Naître de cette infamie. Je me sentais sale. Pris au piège. Répugnant. Les autres n'ont rien ajouté, posant sur moi des regards apeurés. La pièce s'est mise à tourner. Mes oreilles bourdonnaient. Ce que j’avais enfoui depuis des années est remonté d'un coup. Une éruption volcanique.
La vraie liberté, c'est n'avoir rien à perdre : ni objet, ni réputation, ni affection.
Savoir. J’avais tant voulu savoir… mais ça ! Être marqué au fer rouge. Être coupable du pire dont un homme est capable. Naître de cette infamie. Je me sentais sale. Pris au piège. Répugnant.
Pierre avait aimé leur différence d'âge. Les vingt ans qui les séparaient la rendaient moins forte, plus accessible. Lorsqu'il tenait Zita contre lui, en pleine lumière, les marques que le temps avait laissées sur son visage l'émouvaient, comme les cicatrices d'une guerrière.
Sa vie se lisait sur sa peau et il la trouvait belle. Les hommes qui prétendent aimer la jeunesse ne font que s'aimer eux-mêmes, songea-t-il. Lui n'éprouvait pas le besoin de projeter l'encre de ses fantasmes sur la page blanche de femmes en devenir. Un être malléable ne lui inspirait pas de désir : c'était conquérir du vide. Il préférait les femmes que la vie avait polies et marquées, celles dont on touche, comme sur un livre en braille, les humiliations et les plaisirs au coin de la bouche et des yeux. Il aimait qu'avec un corps il y ait une âme un peu lasse et fourbue qui vienne se lover contre lui. Il l'aimait elle, Zita. Avec son passé, ses blessures, ses lâchetés et ses effrois. p.28
" On a tort de croire que les imbéciles sont inoffensifs".
(phrase de Bernanos)
Ils avaient passé une nuit de tendresse sans même faire l'amour, se contentant de regards et de caresses.
Il pensait que c'était le début d'une nouvelle vie.
Ce fut leur dernière nuit.
Sur le parking, je raccrochai le pare-chocs de la Chrysler à l'aide de ma ceinture. Shaespeare, furieux d'avoir été enfermé, avait déchiqueté la banquette arrière et une partie des appuie-tête. En trois heures, la voiture de Marcus était devenue une ruine. Lui qui ne supportait ni le désordre, ni la dégradation - conséquence de son enfance privilégiée -, leva les yeux au ciel, résigné :
"Entre toi et Shakespeare, je me demande encore pourquoi nous payons des entreprises de démolition."
Je n'eus pas le coeur de gronder mon chien. Je connaissais trop les ravages de l'abandon.
Une fois par jour, Lauren nous faisait allonger par terre dans le salon. Il fallait enfermer Shakespeare que cette position mettait en transe et qui s'obstinait à venir nous débarbouiller dès que la leçon commençait. J'étais particulièrement réfractaire à la méditation. La voix traînante et susurée que prenait Lauren pour nous encourager à observer notre souuuufle, relâcher les muscles du visaaaaage, de la laaaangue, les braaaaas, les jaaaambes et touuuuut le coooooorps, provoquait chez moi des crises d'hilarité.
" Ecrire c'est se prostituer. Se désaper, se montrer, s'exhiber. Vous donner envie, envie de continuer, de pénétrer plus avant, de dévoiler, de comprendre, de con-prendre.
Vous dire ce que vous voulez entendre, vous tromper.
Vous exciter et vous frustrer.
Vous asticoter, vous énerver, vous balader, vous faire croire qu'on vous aime, vous faire mal et plaisir.
Vous faire jouir et pleurer.
Les métaphores : la lingerie fine.
Les descriptions : le lubrifiant.
Les aphorismes : les gâteries.
Le tout pour 18 euros, avouez que ce n'est pas cher payé si la passe était bonne.
Mais si je n'ai pas su, si je n'ai pas été à la hauteur du fantasme, vous repartirez déçu, avec le sentiment vague d'avoir été floué, comme un client qui n'a pas osé demander ce qu'il voulait vraiment et qui m'en veut de ne pas l'avoir deviné.
L'écrivain est une prostituée, un objet de curiosité dont on se moque et que l'on craint.
A la différence près que l'auteur, c'est dans les allées des salons du livre qu'il fait le tapin".
Zita Chalitzine, (Un demi-monde meilleur).