Yocanda a quitté pour la seconde fois Cuba, en direction de Miami. Elle y reste le temps d'obtenir un visa pour Paris et gagner l'argent du voyage. La jeune artiste est tour à tour fleuriste, manutentionnaire, cuisinière. Arrivée a Paris, elle nous parle du quotidien d'un immeuble où résident des Cubains, un couple de Russes, un autre de Suédois écolos. L'écriture de l'auteure au départ m'a plu : bourrée d'ironie assez mordante, avec beaucoup d'humour, j'ai cru au départ qu'elle alignait les caricatures. Mais au fil des pages sont apparues une grande sensibilité, puis une immense mélancolie entremêlée aux stigmates que la dictature cubaine laisse sur les êtres humains, la façon dont elle les dessinent même à leur corps défendant.
Je suis tout de même assez dubitative sur le style qui est assez confus pour moi qui n'ai pas les codes nécessaires pour comprendre la culture cubaine. Les changements d'humeur sont assez brusques.
Un récit tout en contrastes et contradictions.
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Ce livre m'a intéressée mais je l'ai trouvé assez irrégulier. C'est certainement voulu car l'auteur nous décrit l'exil des Cubains, ceux qui ont quitté l'île sans aucune possibilité de retour. Cela passe donc par des moments d'euphorie suivis par une nostalgie quasi dépressive. Autant j'ai été happée par la vie de ce microcosme cubain à Paris autant les passages sur la difficulté de l'exil sont assez répétitifs et ont donné certaines longueurs au texte.
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A son tour, Zoé Valdés se fait alors peintre et ses pages ont la couleur et la démesure des paysages cubains, du rouge pourpre aux bleus caribéens. On pense à Fernando Botero, à Alvaro Meijas... Mais, si la leçon est limpide, mâtinée d'un humour féroce - on ne quitte pas un univers par la grâce d'un radeau de fortune, il vous poursuit envers et contre tout -, elle est également amère.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Nous sommes vraiment bizarres, les Cubains, nous feignions d'être accueillants. Nous faisons même des cadeaux aux gens que nous ne connaissons pas le moins du monde. Tout cela pour gagner leur confiance.
On dîna, on parla de Cuba, de la famille, de la musique, des danses.Les Français nous observaient, hébétés. On dansa entre nous, on ne parlait qu'en espagnol.Nous avions oublié que nous vivions en France.La cour se transforma soudain en quartier havanais, mains baladeuses comprises.Voilà ce qui nous caractérise tant, les Cubains, nous transformons tout en secte communiste ou en quartier de la Havane, ou les deux à la fois.
( p.45)
Initiation au silence
Tel est notre lot.Notre mode de vie tribale.Comme si les CDR, les Comités de défense révolutionnaires inventés par Castro, ne suffisaient pas, il nous faut créer dans chaque pâté de maison un comité, même en exil.
( p.38)
(Batista) fut un président élu démocratiquement à deux reprises, le (Che) est l'Argentin qui a assassiné le plus de Cubains au monde.
- Nous, les Cubains, nous sommes franchement racistes.
- Je ne le crois pas , dit Marcela en allumant une Marlboro.C'est le castrisme qui nous a déformés.
( J.C. Lattès, 2011, p.80)
Moi aussi je suis cubain, comme si le seul fait d'être né dans cette saloperie d'île avait été un titre nobiliaire.
Reportage sur la romancière Zoé Valdés dans la chaine France 24.