Musique !
« Dans un collage de vêtements des autres
les imprimés hurlent à ma place
sérigraphies des amitiés. »
Mémoriel, sociologique, vivifiant,
musique résurgence. Entrelacs poétiques, les photographies souveraines. L'instantané, sentir qu'il y a un punk dans une ruelle.
Tout est mouvement, interpellation, rythme et devoir. Transposer ce qui fût de cette jeunesse à Jonquière, entre le gris et le noir, les fumées des usines, le bel âge en ébullition. le rock pour respirer, l'amitié survivance. Qui de la drogue, des grincements de dents, plongeons dans la rivière. La scène musicale, punks de révoltes et de violences parfois. « Vivre, ici, rien n'est plus sincère que cet amour pour les têtes de mort. »
Stéphanie Tremblay rassemble l'épars. Colles les photographies sur les murs de nos sidérations. L'âpreté d'une période, la force des courages, les résistances lianes, cordes de guitare prêtent à intervenir.
« Classer/conserver/aimer/regarder. »
Douée côté ville, artiste visuelle, riche de milliers de photographies, l'écriture immanence. «
Musique » de Stéfanie Tremblay traces de ce temps, les banlieues écorchées vives,
« la piscine creusée de
Larry Clark
Bully
mon village
troue ma banlieue
et je n'ai jamais su partir. »
Écrire les flashs, les coups de poings, les langueurs infinies, la jeunesse aux abois, l'urbanité machiste et impardonnable.
Stéphanie Tremblay est ce livre, cette documentation, entre
Nan Goldin,
Didier Wampas,
« ma mère dit qu'il y avait une lumière particulière dans les années 80.
Ma collection de disques est ennuyante. »
« Sans attachement pour l'avenir mes amis ont un intérêt pour le chagrin. »
L'idiosyncrasie de ces jeunes mutants, assoiffés d'espaces, de rébellions, de sexe et de nihilisme. Entre les douleurs abîmes, la tendresse et la complicité, la concorde et l'espérance.
« Bataille tes amours
de femmes en série. »
« Aucune photo ne cicatrice l'évènement. »
« Je ne sais plus faire la différence entre le drame des autres et ma joie de vivre. »
« Lancer des idées dans les airs
s'inventer un pas de futur
même sans rien faire. »
La
musique devient le fronton, politique, caustique et signifiante.
La photo témoigne, la poésie excelle. Crucial, ce livre est une ode, malgré les coups de dents et de larmes sur les joues. Qu'importe le blouson déchiré par les diktats, l'essentiel réside dans la liberté de pouvoir se serrer les coudes en exultant et en s'enivrant de l'instant même. Ils sont encore là ces jeunes poulbots des tours infinies et des
musiques sauvages et essentielles.
« Et je prie
que photo reste lumière
à plein temps. »
Phénoménal.
Publié par les majeures éditions La Peuplade.