J'aime le soin. Ce qui est soigné. Quitte à être hyper-soigné. Ligne claire. Belles couleurs. Sens du cadre. Agileté... Là c'est le cas... Allez donc lire l'excessivement libre, argumentée, bourrée d'humour et détaillée Critique des "Cinq revenants" de TIBET et A.-P. DUCHÂTEAU forgée par notre amie belette2911 (en 2013) pour bien saisir tout ce que je veux dire...
Quand on déteste [comme c'est mon cas et à un niveau, hélas, cosmique !] toujours le même à-peu-près dans la mise-en-scène, la caméra tremblotante, le manque de crédibilité et d'épaisseur des personnages, les scénarios improbables et l'absence de toute profondeur ou envergure, le manque d'exigence généralisée et les directions d'acteurs feignasses... cocktail triomphant plan-plan plombant paresseusement 95 % de la production cinématographique bleu-blanc-rouge de ces trente derniers années (et encore, notre pourcentage est gentil...), mais aussi lorsqu'on rejette la non-littérature prétentiarde et médiocre se faisant prendre peu à peu pour "de la vraie", ou encore ces branchouillitudes ou pâles resucées bédéesques interchangeables, mal foutues et mal inspirées, on se dit évidemment, face à Ric, Nadine et Bourdon : « Mais bon sang, mais c'est bien sûr ! » ...
Le "Ric Hochet" des vingt premiers albums (et quelques autres après), C'ETAIT vraiment "pro", de la QUALITE !!! [« 'acré nom d'un chien !!! »], de l'artisanat exigeant, truffé de belles répliques, de personnages secondaires bien campés !!! du très-très bon boulot, quoi... C'est du
Labiche ! Presque du
Balzac... Et... ça tient le coup !!!
Tiens, et ce vantard qui devient marquis à cause de son patronyme, vieux-beau toujours en survêt', qui pratique le cyclorameur et ne sait pas quoi faire de son fric mal acquis, ancien organisateur de matchs truqués : bref, LE super-tricheur qui mériterait l'apothéose nécrologique (avec mêmes hommages serviles de journaleux télévisés toujours si "objectifs" et évidemment "pointus sur l'Ethique"...) de M'sieur
Bernard Tapie, quand viendront ses funérailles fictives de personnage de carton-à-dessins.
Ah, et ces cinq types hilares (sportifs-champions à la retraite avec un lourd passé de triches et de prise "clando" de corticoïdes ou anabolisants) qu'on découvre à la fin (dernière page), réunis en otage dans la cave du château délabré avec barreaux carcéraux à la fenêtre mais champagne, cigares et poulet rôti servi sur la table : nos "cinq revenants" sont tout ce qu'il y a de plus crédibles...
Avouant un faible pour la découverte des sept à dix exemplaires de la veste pied-de-poule (lainage blanc strié de petits traits noirs) dans la penderie du journaliste-vedette de "La Rafale" : touchant et révélateur... C'est qu'entre bagarres, fausses noyades, jets de harpons, balles de flingues divers, tonneaux et autres accidents gravissimes avec sa "Titine" (sa Porsche ou décapo' de grande marque), il doit faire gaffe à avoir tout de suite de quoi TOUT DE SUITE se changer ! On se souvient de l'armoire de Seth Brundle dans "The Fly"/ "La Mouche" (1986) de
David CRONENBERG, regorgeant de duplicopies de son complet-veston, certes pour d'autres raisons que celles de Ric (les scientifiques manquant sérieusement de temps pour courir les magasins) mais marques d'un esprit pareillement TRES pratique...
"L'art du petit détail [psychologiquement] vrai"...
Ah, et puis Nadine (nièce de Sigismond) qui devient personnage principal à son tour : elle seconde Ric sous le sobriquet de "Miss Watson"... Couple devenant décidément de bien touchants duettistes. Même si Ric, toujours très paternaliste/protecteur, ponctue fréquemment ses adresses à Nadine par "Fillette !" — Nadine, qui, bonne joueuse, ne relève pas... Alors, esprit patriarcal des "seventies for ever" ? Attention cependant à l'année de création : 1968... Tout va bientôt basculer, mes p'tits amis ! :-)
Et ce magnifique duo Alfred & Jules Petit-Baquet, dignes frères siamois des Dupond-Dupont (en plus enveloppés puisqu'anciens catcheurs et en plus "complets-vestons-à-carreaux vert-concombre") !!! "Hon !" comme ils disent tous deux, puisqu'on devine leurs voix sûrement nasonnées vu l'aplatissement séquellaire/maladie professionnelle des os propres du nez...
Bref, en avant pour encore 44 pages de bonheur... Mais procurez-vous (C'est un conseil, certes, un peu appuyé...) ou commandez vite l'un de ces dix premiers albums dans leur réédition agréable ["Les enquêtes de Ric Rochet"], et leurs huit pages de dossiers finaux en vous rendant directement chez votre marchand de journaux : vous verrez !
« Mais bon sang, Ric [avec sa veste blanche, sa Porsche jaune et son col roulé rouge] serait devenu un "Classique" ??? ET il ne m'en a rien dit, ce cachottier... » fulmine et bougonne encore notre ami Commissaire Sigismond Bourdon...