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Critique de katicha


Un roman déstabilisant. C'est le seul terme que je trouve pour parler de cet objet littéraire qui m'a tenue en éveil des jours durant - il n'est pourtant pas bien long - et qui m'a entraînée dans les tours, les détours, les spirales d'une bien étrange histoire.
Ou de plusieurs. Car le récit de Randolph Stow se partage entre plusieurs voix, comme un chant polyphonique. La voix d'hommes blancs, la voix d'hommes noirs. Des femmes, aussi. C'est que la situation est inextricable, et chacun a son point de vue.
Nous sommes à la fin des années 1950, sur l'île de Kaliuana, archipel des Trobriand. Chez les Papous, pour faire simple. Sous tutelle australienne, pour compliquer un peu les choses. Alistair Cawdor et son stagiaire fraîchement débarqué, Tim Dalwood, viennent faire le tour des villages locaux pour le compte de l'administration. Logés chez un vieux planteur, MacDonnell, ils vont inspecter les alentours, recueillir les doléances des autochtones, prendre la température de ce bout de terre au bout du monde.
La fièvre, voilà ce qui les attend. Car le vieux chef local est un rusé renard, qui s'accroche au pouvoir tant qu'il le peut et contrarie les plans de son neveu, son successeur naturel, pour favoriser un homme étrange venu d'on ne sait où. Un homme aux yeux immenses, qui vous fixe comme s'il voulait vous jeter un sort. Et puis il y a cette rumeur insistante, qui parle d'autres visiteurs encore que les dimdims, les hommes blancs. Des visiteurs venus des étoiles. Quelque chose de terrible se prépare, en tout cas. N'a-t-on pas retrouvé les pierres sacrées déplacées de leur arrangement coutumier ? La peur transpire de tous les témoignages. Même la jeune servante du planteur, habituellement insouciante, commence à ressentir un malaise persistant. Cawdor lui-même, qui a pourtant une longue habitude des tribus et de la politique locale, s'y perd quelque peu; alors que dire de Tim, qui multiplie les bévues par ignorance des coutumes ? Et l'assistant papou qu'ils sont contraints de traîner à leur suite ne leur facilite pas les choses, avide qu'il est de la moindre parcelle de pouvoir ...
Au total, on est désorienté autant que ces visiteurs , et l'on ressent un sentiment d'urgence qui croît inéluctablement, doublé d'un sentiment d'impuissance, jusqu'au tragique dénouement.
Une grande histoire au total, magistralement racontée, et qui a valu un prix bien mérité à son auteur.

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