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Gabrielle Danoux (Traducteur)
EAN : 9789733727255
150 pages
Junimea (31/12/2023)
5/5   2 notes
Résumé :
Supposons qu’elle n’écrit qu’avec son propre être, celui de la demoiselle « langoureusement allongée sur le canapé », elle s’appelle alors Indira Spătaru. Hélas, pour cette demoiselle un peu réprimée, souvent, même un peu trop souvent, y compris dans Poèmes à enrobage et café, Indira est quelque peu bousculée par les urgences ou bien par des événements peu enclins à des propositions lyriques sensuelles, fonctionnant comme des sommations et des alertes.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le café que nous offre Indira est un « Black Coffee » (cf. page 101) goûteux, mais bien entendu doux-amer, avec un lyrisme que Gheorghe Grigurcu qualifie de « luciferisme » lorsqu'il la compare à Angela Marinescu.

J'ai traduit avec immense plaisir ce recueil, car comme l'écrit Al. Cistelecan dans sa préface :

« Même chez elle, les urgences, n'attendent pas et elles surgissent abruptement dans des paysages de “calme, luxe et volupté” (bien entendu, avec moins de calme que de volupté, car celui qui brûle sur le bûcher de la passion ne saurait être trop calme). Aussi bien la pandémie que la guerre sont des thèmes imposés par l'actualité, à l'origine de “poèmes occasionnels” exaspérés : “Dans la mer, les mines flottent comme des diables à travers les vagues/et des immeubles s'effondrent sur les gens cachés dans les abris,/il y a encore des vaccins, des menaces, des pastilles d'iode/la nature suit son cours” (Fortuna labilis). Il n'est toutefois, pas aisé de passer de la syntaxe des câlins à celle de la colère, quelques en soient les raisons de le faire ».

Un beau livre bilingue, nostalgique (je pense notamment au poème 1980, p. 133), mais subtilement érotique, avec une excellente mise en page des poèmes en miroir.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
La cafetière

La neige avait recouvert la terrasse
les clients se précipitaient avec de longues écharpes
demandant du vin chaud à la cannelle
ils mâchonnaient la réalité
d’une table à l’autre
par la fenêtre je voyais les grévistes regroupés en colonies
comme les pingouins
ils scandaient, ils exigeaient
des salaires plus décents
la sirène du navire dans le port a arrêté le tumulte
le froid les engourdissait tous.

On entendait une valse timide
les autistes peignaient les murs transparents d’igloo
les mobiles éclairaient les visages de chacun à travers leurs écrans
une diseuse de bonne aventure des symboles dans le marc de café ne cessait de voir
pensées abstraites en images
et la tasse la torturait
à la recherche de la suprême signification.

(p. 141)
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As-tu quelque poème?

As-tu un poème de préférence recyclable
dédié n’importe quand n’importe où à n’importe qui ?

Un poème
qui soit seulement et seulement à toi ?

Le poème-pyjama, le poème-valse
la fée des premières dents jetées par-dessus le Mont Blanc.
Le poème-papyrus
assistant jaillit soudain du gros registre.

As-tu un numéro de série, un code ?
Le poème-sceau ?
As-tu un poème-sceau à ton effigie ?
As-tu un poème miroir dans lequel tu vois tantôt Dieu
tantôt le Diable ?

Un poème-parapluie
couvercle de cercueil ?
Le poème-plombage-bandage ?
Le poème-regard ?
Non, mais vraiment aucun poème ?
Oh !

(p. 89)
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Écoute

Lorsque j’avais environ seize ans
tout et n’importe quoi me faisait rire
je rencontrais en rêve l’adolescent de Dostoïevski
à Saint-Pétersbourg
je lisais le journal du jeunot Mircea Eliade
je roupillais avec Hans Castorp dans La Montagne magique
Shakespeare, à gauche, sur mon chevet était assis avec ses
pantalons bouffants
de l’époque élisabéthaine
Emily riait sous cape timidement en toussant dans son mouchoir
Charlotte Brontë inventait Rebecca et Jane Eyre
par amour pour moi,
Paul Valéry m’apportait des coquillages du cimetière marin
dans un petit panier en osier
et une ribambelle de poètes américains compris dans
l’anthologie avec de la colle
sortaient des pages la nuit,
tantôt avec un saxophone, tantôt avec une épine,
un troupeau de moutons traversait le pays
avec à sa tête un cordonnier et une commère mauvaise et bête
un macadam de théâtre expressionniste allemand était tombé
sous la table, sous le tramway
aux toilettes, Ubu Roi s’assoupissait sur le trône
alors que j’étais adolescente
je ne faisais que lire et apprendre
jour après jour
la leçon d’Eugène Ionesco
d’un professeur émérite
juché dans un tableau.

(p. 71)
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Fortuna labilis

Le printemps des tableaux, des symphonies, l’odeur fraîche des labours, le tant attendu printemps !

Stock massif de masques, arsenal militaire, convois de soldats en triangles dans le ciel vers d’autres horizons, ils volent étonnés vers Dieu.

Dans la mer, les mines flottent comme des diables à travers les vagues

et des immeubles s’effondrent sur les gens cachés dans les abris,
il y a encore des vaccins, des menaces, des pastilles d’iode
la nature suit son cours.

(p. 33)
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Tout poème n’est puni que par ce qu’il a péché !

J’abolirais les banques, les armes, tout ce qui est commercial !

Je construirais l’escalier vers le ciel
la fondation étant Icare.

Parfois je porte la bande usée de l’être
les lunettes cachent des regards avisés, épée entre les
omoplates et la jarretière.

Je ressens parfois ton affection
comme le cri des paons blancs
entre les rotules et les tibias.

La nuit je traverse la chaussée de phosphore
qui unit mes yeux grands ouverts
aux tiens, mi-clos.

Je sais que tu sens le ralenti, le clavier, le cerveau
le feu de Bengale, mon lit en lévitation.

(p. 59)
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