Je craignais en lisant la version
Médée de
Seneque, de m'ennuyer ou que ce soit fastidieux. Je n'ai pas l'habitude de lire des pièces des théâtre à vrai dire mais je me suis lancé un challenge cette année de sortir de ma zone de confort. Et j'ai adoré !
A l'instar de nombreuse figure féminine de la mythologie,
Médée a toujours été dépeinte comme le monstre, la sorcière terrible qui commet le scelus nefas (crime innommable): tuer ses enfants.
Pour ma part j'ai lu ce mythe et j'ai perçu la version peut être d'une façon différente. L'auteur décrit avec une façon très imagée et métaphorique les émotions de cette femme trahie, bafouée et humiliée. Jason pour qui elle a tué son frère et tout ceux qui pouvaient faire barrage à leur amour. Mais ce dernier l'a délaisse pour épouser la fille de Créon et doit se séparer de ses enfants parce que Monsieur, ne peut vivre sans peux.
Dans ce texte tout nous décrit les tourments, la colère, la rage qu'elle ressent. Elle est comme un volcan qui bouillonne, le feu brûle en elle face à un Jason manipulateur, menteur et lâche. Il se lave les mains des crimes de sa femme, crimes qui n'ont été favorable qu'à Jason quand elle assume d'avoir la mauvais rôle, lui est érigé en héros. Mais jamais il n'a assumé sa part dans ces actes, en se déresponsabilisant il attise encore plus la haine et la rage de sa femme.
Sénéque, ça, nous le rappelle bien.
Elle ne sentait plus que l'ombre d'elle même alors elle redevient celle qu'il a épousé une dernière fois. Elle fait "honneur" à l'image de la vieille sorcière hystérique hirsute qu'ils lui donnent. Et elle se libère de cet homme qui l'avait enchaîné et manipulé pour avancer ses pions.
Dans une version antérieure, ce sont les habitants de Corinthe qui se vengent en tuant les enfants parce qu'ils avaient apporté la robe et les bijoux empoisonnés à Créuse. À une époque où les sacrifices d'enfants n'étaient pas insolites en Grèce. Les critiques aujourd'hui s'accordent sur le fait que le dramaturge grec
Euripide a probablement ajouter l'infanticide dans sa version, lui donnant un côté plus dramatique et théâtral.
J'ai beaucoup aimé cette version qui m'a donné l'impression de remettre les pendules à l'heure, la lecture est très fluide, le champs lexical est très fort. J'ai ressenti de l'empathie pour cette femme, qui ne sait plus qui elle est et qui n'a plus rien à perdre. Elle rassemble ce qui lui reste de force pour redevenir la femme puissante, héritière du Soleil, nièce de Circé la sorcière en faisant appel aux déesses pour accomplir son acte.
Une formidable lecture pour ma part.