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Critique de 5Arabella


La pièce a été créée en décembre 1696 à la Comédie-Française, et donnée dès le 31 décembre à Versailles. Elle eut un grand succès, malgré (et peut-être aussi à cause) d'une polémique avec Dufresny, qui accusa Regnard de lui avoir volé son sujet, et qui donne une pièce très proche sur de nombreux points à peine deux-trois mois après Regnard, sous le titre le Chevalier joueur. Malgré une représentations à Versailles du Chevalier joueur en février, c'est la pièce De Regnard qui a continué à être jouée, qui triomphait. Toute une série d'épigrammes et autres écrits entretenaient la querelle, le théâtre du XVIIe siècle a toujours été friand de polémiques et scandales.

Le sujet du jeu, des joueurs, était de toutes les façons un sujet dans l'air du temps à l'époque, où cette passion était une cause de ruine de nombreuses familles, un vrai fléau social. On peut citer par exemple la petite pièce de Dancourt, La désolation des joueuses. Regnard peut ainsi rejoindre Molière, qui à partir du Tartuffe, évoque le but de la comédie, comme la correction des vices des hommes, le joueur est sans doute une des pièces qui ont donné à l'auteur le statut d'héritier de Molière dans la haute comédie.

Au début du premier acte, Hector se désole : son maître, Valère, a encore passé toute la nuit à jouer, et il n'est pas encore rentré. Nérine, la suivante d'Angélique, la financée de Valère arrive, et constate l'absence du jeune homme. Or il a promis à Angélique d'arrêter le jeu. Elle fait savoir à Hector qu'elle va informer sa maîtresse. Hector est accablé, son maître est couvert de dettes, et seul le mariage avec Angélique lui offre une possibilité de se renflouer. Valère arrive, il a encore perdu. Il envisage de hâter le mariage avec Angélique pour sortir de l'embarras. Arrive Géronte, le père de Valère, qui le menace. Valère arrive à retourner un peu la situation en lui parlant du mariage projeté, et surtout en faisant valoir à son père qu'il souffle ainsi à Dorante, le frère de Géronte, Angélique, que ce dernier voudrait bien épouser.

Dans le deuxième acte, Angélique est décidée à renoncer à Valère. Mais sa soeur, la comtesse, est toute prête à l'épouser, ce qui ébranle la décision d'Angélique. Arrive Valère, qui ne balance pas et préfère Angélique. Cette dernière tente bien de rompre, mais Valère arrive à la persuader de sa volonté de changer. Elle lui donne son portrait enrichi de diamants, qu'il s'empresse de mettre en gage pour avoir de quoi jouer.

Au troisième acte Dorante se fait signifier son renvoi, Géronte règle une partie des dettes de Valère. Ce dernier est euphorique, il a enfin gagné. Mais il ne s'empresse pas de dégager le portrait d'Angélique, il est en réalité beaucoup moins pressé de l'épouser, alors qu'il a de l'argent.

Au quatrième acte, Nérine fait la morale à sa maîtresse, tentant de la faire rompre avec Valère. Les deux femmes font parler Hector : son maître est encore en train de jouer et de perdre, il n'a pas tenu ses promesses. Valère qui ne voit plus d'échappatoire, est quand à lui décidé à épouser Angélique au plus vite.

Au cinquième acte, Angélique déclare son amour pour Valère à Dorante qui se résigne. Toutefois, Angélique découvre que Valère a mis son portrait en gage. Lorsqu'il arrive, elle lui demande où est l'objet, et Valère se perd dans des mensonges de plus en plus invraisemblables, et parfaitement inutiles. Angélique annule le mariage, et à l'arrivée de Géronte, lui signifie qu'elle a décidé d'épouser Dorante. Valère se console, en annonçant qu'un jour le jeu lui fournira une compensation aux pertes amoureuses.

La pièce est vraiment très bien construite, avec des personnages principaux bien caractérisés, et accompagnés de personnages secondaires essentiellement comiques (la comtesse, son soupirant le marquis etc) d'une grand efficacité. C'est une excellente mécanique comique. Même si tout cela n'a rien de vraiment nouveau, Regnard assemble fort bien tous les éléments pour écrire une pièce efficace tenue de bout en bout. Elle a été reprise régulièrement, y compris au XXe siècle, et cela n'a rien d'étonnant. Tout cela peut parfaitement fonctionner encore aujourd'hui.
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