1970. Suite à une révolution, le Benelux est devenu un empire totalitaire dirigé par des femmes, qui espèrent pouvoir un jour se passer des hommes. On suit en parallèle la visite d'une délégation française et la vie d'une favorite de la dirigeante. Je n'ai pas cherché à savoir si l'auteur voulait faire passer des messages. Je me suis contenté de me laisser divertir par le côté décalé de ce roman, mais d'autres textes de
Bernard Quiriny m'ont procuré nettement plus de plaisir.
Bernard Quiriny est l'un de mes auteurs belges préférés ! J'apprécie tout particulièrement l'incroyable imagination dont il fait preuve dans ses nouvelles, menant le lecteur de petite surprise en petite surprise. de l'humour décalé, parfois une touche de fantastique, je me suis à chaque fois régalé.
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Les assoiffées" date de 2010. Il s'agit du premier roman publié par
Bernard Quiriny, après deux recueils de nouvelles. Je dirais d'emblée que j'ai davantage apprécié son roman suivant, "
L'affaire Mayerling", et qu'au stade actuel de mes lectures, je recommanderais plutôt cet auteurs pour ses nouvelles, le genre dans lequel il excelle.
J'ai retrouvé dans ce roman-ci les situations improbables et décalées qui caractérisent l'auteur. Son imagination fait naître une révolution aux Pays-Bas en 1970. le pouvoir passe aux mains des femmes; les hommes restent nécessaires pour la procréation, mais les femmes sont confiantes dans le fait que la science permettra un jour de s'en passer. En attendant, ils sont mis à l'écart, employés comme "larbins" et priés de se faire castrer ("l'offrande"). Les femmes vivent en couples homosexuels.
La dirigeante se fait appeler la Bergère. Au moment où l'histoire commence, elle règne sur l'ensemble du Benelux; les Belges sont tous devenus néerlandophones. Je laisse mes compatriote savourer le côté surréaliste de cette situation, amplifié par la description de l'arrivée d'une délégation française, avec des contrôles de sécurité que l'on imaginerait en URSS au temps de la guerre froide, comme si le Benelux était devenu une puissance mondiale ! Comme on peut l'imaginer dans ce genre de régime, on montre aux visiteurs ce que l'on veut bien leur montrer et le lecteur s'amuse de voir comment certains se laissent aveugler (imaginez une délagation du Parti communiste français en visite en Russie ou en Chine dans les années soixante).
La Bergère est une caricature de dirigeante toute-puissante, avec son culte de la personnalité et son palais luxeux, où elle abrite ses favorites. L'une d'entre elles figure parmi les personnages principaux du récit, qui décrit comment la Bergère l'a remarquée et l'a extraite de son milieu pour l'installer au palais.
Le tableau ne serait pas complet sans l'existence de dissidentes, menées par une certaine Beatrix.
Ces aspects décalés m'ont bien amusé ! Mais j'ai été déçu par un manque de rythme: le texte se traîne, par moments, et l'attention finit par se relâcher. Je n'ai pas retrouvé ici les petites surprises que j'apprécie tant dans ses nouvelles. Oeuvre de jeunesse, dirons-nous: avec "
L'affaire Mayerling",
Bernard Quiriny a montré qu'il était capable de mieux accrocher ses lecteurs.
Enfin, je pense que le projet de l'auteur était de laisser son imagination produire une situation décalée qui divertirait ses lecteurs. A-t-il voulu se moquer des féministes ? Considère-t-il que les féministes rêvent de se débarasser des hommes ? À l'heure actuelle, particulièrement, ces questions pourraient donner lieu à des débats enflammés. Sans connaître les intentions de l'auteur, je ne me lancerai pas dans ce débat.
Je vous recommande très chaleureusement de découvrir
Bernard Quiriny, si vous ne le connaissez pas, mais en essayant plutôt ses nouvelles.