L'historien
Bruno Fuligni a déniché l'autobiographie manuscrite de
Marie-Justine Pesnel, sur un banal site de vente en ligne.
Cette arnaqueuse, née le 22 mars 1862 a Paris et surnommée « Madame Cent-Kilos », l'a rédigée du fond de sa cellule après son arrestation en 1906. Elle y confesse les étapes d'une vie qui l'ont vue devenir tour à tour entremetteuse, espionne, courtisane, fausse marquise et vraie prostituée, à travers l'Europe de la Belle Époque.
Autant le dire, cet ouvrage se lit comme un roman d'aventures, et Madame Cent-Kilos était un sacré phénomène ! Cette autobiographie, on le sent, a été écrite pour être lue, car elle s'adresse au lecteur qu'elle interpelle et prend parfois à témoin. J'ai d'ailleurs eu plus l'impression de l'écouter que de la lire, tant le ton imprègne la narration.
Le récit est émaillé de références historiques et géographiques, et pour tous les personnages dont elle cite les noms, j'ai aimé les précisions historiques apportées par
Bruno Fuligni en bas de page.
La vie de Mme Cent-Kilos reste une vie d'errance dictée par l'appât du gain, ou la peur du gendarme. Elle se livre avec spontanéité et malice, confesse ses erreurs comme ses coups d'éclat, ses périodes de faste comme celles de vache maigre. Malgré cette vie hors des clous, elle reste un personnage attachant. Instruite et lettrée, c'est une femme indépendante, intelligente, astucieuse, mais frondeuse et têtue. En grattant un peu, on la sent empathique même si ce n'est pas ce qui la guide . Mais ce qui la distingue vraiment, c'est un atout naturel, … sa beauté, une « beauté du diable » qui a mis presque tous les hommes à ses genoux, … lui assurant par la même, un confortable train de vie où une promesse de vengeance !
Tout est il vrai ? On a du mal à imaginer autant de turbulences dans une vie. Et puis trop fière d'elle je ne la vois pas confesser le pire ou ce qui entacherait l'image qu'elle s'est patiemment construite dans ce texte.
Un ouvrage et un personnage à découvrir ! et un grand Merci à la ME pour ce Service de presse