AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Syl


Syl
20 février 2013
Avoir été une infirmière de Florence Nightingale était l'un des critères d'embauche...
Entre deux emplois, Hester Latterly a répondu à une petite annonce qui recherchait une infirmière pour accompagner une vieille dame dans son voyage Edimbourg-Londres.
En ce mois d'automne, l'Ecosse sous le soleil matinal se pare de couleurs lumineuses, douces et presque exotiques pour une Londonienne. Hester Latterly voit défiler par la fenêtre du train, des paysages bucoliques qui racontent la terre travaillée mais aussi tout son naturel indompté. La région est belle.

Lorsqu'elle arrive dans la riche demeure des Farraline, Hester est bien reçue. Tous se montrent d'une aimable courtoisie, sans prétention, et aux premières paroles, la vieille dame lui témoigne une vive sympathie. La famille est grande, elle compte trois générations qui habitent la même maison et les hommes, fils et beaux-fils, travaillent dans l'entreprise familiale, une imprimerie qui a fait leur fortune.
Mrs. Mary Farraline est une femme admirable. Ses souvenirs plaisent à Hester car ils retracent une vie volontaire, pleine de courage et d'impétuosité.
Le lendemain de son arrivée, Hester est déjà sur le quai de la gare avec toutes les recommandations données par Oonagh Mc Ivor, la fille aînée. Mrs. Farraline a des petits problèmes cardiaques et Hester devra lui donner sa médication.
Dans le train, les deux femmes abordent des sujets assez personnels, leur famille, la guerre, l'amour, la passion… avec une sincérité et une simplicité qui surprennent Hester car il n'est pas dans son habitude de se dévoiler ainsi.
Douze heures de trajet et la nuit clôt les confidences…
Au matin, alors que le contrôleur annonce leur arrivée, Hester découvre que Mrs. Farraline s'est éteinte dans son sommeil.

Tristesse, culpabilité, consternation, les sentiments d'Hester sont confus et ce n'est pas la fille et le gendre de Mrs. Farraline, venus les chercher à la gare, qui pourraient la réconforter. Bien au contraire, ils soulignent la négligence et l'inefficacité de façon hystérique et inquisitrice.
Sous le choc, Hester part se réfugier auprès de son amie Callandra Daviott.
Lady Callandra sait comment consoler Hester, l'apaiser et ranimer la petite flamme… mais pour peu de temps ! Hester découvre dans son sac une broche en perles grises appartenant à Mrs. Farraline.
Un piège ? Certainement ! Pourquoi ? Seul William Monk peut répondre à la question, la disculper, et Oliver Rathbone, la défendre.
La police vient arrêter Hester pour vol. Newgate va être sa résidence pour les prochains jours et bientôt on apprend que la potence se dresse doucement… A la demande de la famille, une autopsie a été pratiquée et la conclusion est terrible. Mrs. Farraline est morte empoisonnée.
Vol et meurtre, dans sa cellule, Hester ne veut pas être happée par ce cauchemar. Elle veut encore croire en ses amis. Monk part à Edimbourg en quête de la vérité, se faisant passer pour un assistant du procureur chargé du dossier et bientôt Rathbone le rejoint…
La famille Farraline a des secrets et un meurtrier.

Cinquième tome de la série, l'histoire est forte, prenante et stressante. Elle met en jeu la vie d'Hester et déstabilise les autres personnages, Monk, Rathbone et Lady Callandra. L'auteur partage ses chapitres entre la conscience, les émotions, d'Hester que l'on découvre fragile, détruite, dans le sordide d'une prison, et l'investigation de Monk en Ecosse. Celui-ci doit jouer un rôle et se montre habile dans la sournoiserie. Il peut interpréter des sourires grinçants, amicaux, des regards intelligents ou naïfs… il est fin psychologue, observateur et stratège. Les rapports entre Monk et Hester ne changent guère en apparence, ils sont toujours contractés et grinçants. Cependant, nous lisons au-delà des tournures et les illusions ne trompent plus. Hester est très sensible aux mots de Monk, et lui semble désemparé. Dans un passage émouvant, il parle d'elle à Rathbone…
« Faites comprendre aux gens qu'Hester était une héroïne, une femme qui a quitté sa famille et renoncé au bonheur simple pour porter assistance aux blessés et aux malades. Racontez-leur ce qu'elle faisait à Scutari, parlez-leur de ses longues nuits de veille où elle passait d'un malade à l'autre, sa lampe à la main, essuyant la sueur sur les fronts, réconfortant les mourants, priant… Enfin, dites-leur tout ce que vous voudrez. Décrivez-la bravant le tir ennemi pour ramener des blessés, insouciante du danger, puis rentrant au pays pour agir auprès des autorités médicales dans le but d'améliorer les conditions de vie des malades… Dites-leur que son impertinence lui a coûté son poste à l'hôpital et l'a obligée à exercer à son compte, auprès de particuliers qui l'engageaient pour de courtes périodes, dans la plus grande précarité d'emploi…
- Est-ce vraiment ainsi que vous voyez Hester ? interrogea Rathbone, médusé.
- Mais non, bien sûr que non ! protesta Monk, tandis que le rouge lui montait aux joues. Mais ce que je pense d'elle n'a aucune importance ! »
L'intrigue est bien mise en scène. Si dans les autres volumes on arrivait à soupçonner le meurtrier et concevoir des mobiles, dans cette histoire, on est tétanisé par le sort d'Hester et on subit son désespoir. L'auteur s'amuse un peu avec nous et tire la corde de la sensiblerie et de l'affectif.
Comme dans les autres histoires, les femmes sont encore à l'honneur. Qu'elles soient diaboliques ou héroïques, elles prouvent leur intelligence et leur vaillance, leur constance et leur audace. Florence Nightingale, avec toute sa majesté, témoignera de cette force lors du procès, en faveur d'Hester.

Vous savez que j'aime énooormément cette série et ses personnages… alors ne tardez plus ! lisez-la !
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}