Cinquième tome des enquêtes de William Monk.
Hester après avoir travaillé à l'hôpital dans le cadre d'une enquête pour Monk (voir Vocation Fatale) se fait engagé comme infirmière particulière de Mary Farraline, une riche veuve d'Édimbourg qu'elle doit escortée à Londres. Dans le train, les deux femmes se lient d'amitié puis Mary prend son médicament, s'endort pour ne plus jamais se réveiller. Hester Latterly ne peut que constater le décès au matin et en faire part aux autorités qui concluent au départ pour une mort naturelle. Seulement, rien n'est jamais simple...
À peine arrivée chez son amie Callandra Daviot, Hester découvre dans son sac une broche de perle grise appartenant à la défunte... et les autorités après une autopsie, découvre que Mary Farraline a été empoisonnée par une dose massive de digitaline. Hester est donc arrêtée et accusée de meurtre.
Le compte à rebours est lancé pour ses amis. En effet, si William Monk ne découvre rien pour l'innocenter et si Oliver Rathbone ne plaide pas lors du procès, Hester sera condamnée à la pendaison. Seulement, rien n'est facile pour eux puisque l'enquête et le procès sont confiés à la cour de justice d’Édimbourg où nos deux amis n'ont plus de pouvoirs....
Ce cinquième tome est l'un des plus travaillés et des plus complexes de la série. Nous retrouvons cette fois-ci l'un de nos personnages phare, Hester Latterly sur les bancs des accusés et les deux hommes de sa vie se battant bec et ongle pour apporter la preuve de son innocence.
Ajouté à cela, les difficultés inhérentes à une enquête menée en territoire inconnu, les a-priori, les mensonges de famille et la complexité de l'intrigue... et vous serez complètement captivé.
Des âmes noires est sans hésitation le titre approprié pour ce livre où l'histoire au départ très simple de meurtre va conduire le lecteur dans les alcôves d'une famille dont la richesse est issue du travail. Très rapidement, on entre dans cette famille parfaite sous tout rapport pour découvrir une ambiance lourde de jalousie, de secrets, de mensonge, de non-dits.
Anne Perry semble prendre un plaisir manifeste à entraîner son lecteur sur une piste prometteuse qui se révèle une impasse. C'est machiavélique et c'est passionnant.
L'aspect historique est ici indéniablement sous les hospices de la satire. Nous avons le portrait de la famille parfaite idéale, respectée de tous, possédant du pouvoir, des passe-droits, mais qui en leur sein cache des éléments malsains dignes des familles lambdas. le tout est recouvert de soie, d'une locution et d'un port de tête digne des grandes familles alors... Mais je n'en dirais pas plus.😋
Autre élément passionnant : l'aspect juridique. Comme toujours, Anne Perry décompose son récit en deux grandes parties. L'enquête et le procès. Ici, nous découvrons les particularités et les différences de la justice pénale D'Écosse par rapport à celle de Londres. Un régal à lire.
Enfin, ce cinquième roman permet ENFIN à Hester de faire un choix amoureux entre l'avocat ou le détective. Cela promet pour la suite.
Seul bémol cependant : quelques longueurs dans le texte et répétition en lien avec les précédents livres. Les lisant dans l'ordre, je n'ai pas besoin d'avoir une sorte de rétrospective des enquêtes passées, mais je comprends que cela soit utile pour un lecteur occasionnel.
Commenter  J’apprécie         1453
Ce cinquième tome de la série mettant en scène le détective Monk et l'infirmière Hester Latterly à Londres dans les années 1850-1860 est très sombre.
D'une part Hester se retrouve en très mauvaise posture après le décès d'une de ses patientes, car elle est accusée de vol et de meurtre, rien que ça, et de plus, la famille dans laquelle Monk va enquêter semble cacher des secrets bien tordus.
J'ai trouvé ce volume fort en émotions et en suspense, car la vie de Hester ne tient plus qu'à un fil et à cette époque, les erreurs judiciaires étaient courantes et les jugements expéditifs ne permettaient pas toujours de réparer les erreurs commises, puisque les accusés étaient souvent pendus très rapidement après leur procès.
Une fois de plus, ce roman est un prétexte pour nous faire découvrir les conditions de vie à l'époque victorienne et nous montrer que non seulement les femmes n'avaient pas beaucoup de liberté mais que la vie d'un domestique ne représentait pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie         390
Avoir été une infirmière de Florence Nightingale était l'un des critères d'embauche...
Entre deux emplois, Hester Latterly a répondu à une petite annonce qui recherchait une infirmière pour accompagner une vieille dame dans son voyage Edimbourg-Londres.
En ce mois d'automne, l'Ecosse sous le soleil matinal se pare de couleurs lumineuses, douces et presque exotiques pour une Londonienne. Hester Latterly voit défiler par la fenêtre du train, des paysages bucoliques qui racontent la terre travaillée mais aussi tout son naturel indompté. La région est belle.
Lorsqu'elle arrive dans la riche demeure des Farraline, Hester est bien reçue. Tous se montrent d'une aimable courtoisie, sans prétention, et aux premières paroles, la vieille dame lui témoigne une vive sympathie. La famille est grande, elle compte trois générations qui habitent la même maison et les hommes, fils et beaux-fils, travaillent dans l'entreprise familiale, une imprimerie qui a fait leur fortune.
Mrs. Mary Farraline est une femme admirable. Ses souvenirs plaisent à Hester car ils retracent une vie volontaire, pleine de courage et d'impétuosité.
Le lendemain de son arrivée, Hester est déjà sur le quai de la gare avec toutes les recommandations données par Oonagh Mc Ivor, la fille aînée. Mrs. Farraline a des petits problèmes cardiaques et Hester devra lui donner sa médication.
Dans le train, les deux femmes abordent des sujets assez personnels, leur famille, la guerre, l'amour, la passion… avec une sincérité et une simplicité qui surprennent Hester car il n'est pas dans son habitude de se dévoiler ainsi.
Douze heures de trajet et la nuit clôt les confidences…
Au matin, alors que le contrôleur annonce leur arrivée, Hester découvre que Mrs. Farraline s'est éteinte dans son sommeil.
Tristesse, culpabilité, consternation, les sentiments d'Hester sont confus et ce n'est pas la fille et le gendre de Mrs. Farraline, venus les chercher à la gare, qui pourraient la réconforter. Bien au contraire, ils soulignent la négligence et l'inefficacité de façon hystérique et inquisitrice.
Sous le choc, Hester part se réfugier auprès de son amie Callandra Daviott.
Lady Callandra sait comment consoler Hester, l'apaiser et ranimer la petite flamme… mais pour peu de temps ! Hester découvre dans son sac une broche en perles grises appartenant à Mrs. Farraline.
Un piège ? Certainement ! Pourquoi ? Seul William Monk peut répondre à la question, la disculper, et Oliver Rathbone, la défendre.
La police vient arrêter Hester pour vol. Newgate va être sa résidence pour les prochains jours et bientôt on apprend que la potence se dresse doucement… A la demande de la famille, une autopsie a été pratiquée et la conclusion est terrible. Mrs. Farraline est morte empoisonnée.
Vol et meurtre, dans sa cellule, Hester ne veut pas être happée par ce cauchemar. Elle veut encore croire en ses amis. Monk part à Edimbourg en quête de la vérité, se faisant passer pour un assistant du procureur chargé du dossier et bientôt Rathbone le rejoint…
La famille Farraline a des secrets et un meurtrier.
Cinquième tome de la série, l'histoire est forte, prenante et stressante. Elle met en jeu la vie d'Hester et déstabilise les autres personnages, Monk, Rathbone et Lady Callandra. L'auteur partage ses chapitres entre la conscience, les émotions, d'Hester que l'on découvre fragile, détruite, dans le sordide d'une prison, et l'investigation de Monk en Ecosse. Celui-ci doit jouer un rôle et se montre habile dans la sournoiserie. Il peut interpréter des sourires grinçants, amicaux, des regards intelligents ou naïfs… il est fin psychologue, observateur et stratège. Les rapports entre Monk et Hester ne changent guère en apparence, ils sont toujours contractés et grinçants. Cependant, nous lisons au-delà des tournures et les illusions ne trompent plus. Hester est très sensible aux mots de Monk, et lui semble désemparé. Dans un passage émouvant, il parle d'elle à Rathbone…
« Faites comprendre aux gens qu'Hester était une héroïne, une femme qui a quitté sa famille et renoncé au bonheur simple pour porter assistance aux blessés et aux malades. Racontez-leur ce qu'elle faisait à Scutari, parlez-leur de ses longues nuits de veille où elle passait d'un malade à l'autre, sa lampe à la main, essuyant la sueur sur les fronts, réconfortant les mourants, priant… Enfin, dites-leur tout ce que vous voudrez. Décrivez-la bravant le tir ennemi pour ramener des blessés, insouciante du danger, puis rentrant au pays pour agir auprès des autorités médicales dans le but d'améliorer les conditions de vie des malades… Dites-leur que son impertinence lui a coûté son poste à l'hôpital et l'a obligée à exercer à son compte, auprès de particuliers qui l'engageaient pour de courtes périodes, dans la plus grande précarité d'emploi…
- Est-ce vraiment ainsi que vous voyez Hester ? interrogea Rathbone, médusé.
- Mais non, bien sûr que non ! protesta Monk, tandis que le rouge lui montait aux joues. Mais ce que je pense d'elle n'a aucune importance ! »
L'intrigue est bien mise en scène. Si dans les autres volumes on arrivait à soupçonner le meurtrier et concevoir des mobiles, dans cette histoire, on est tétanisé par le sort d'Hester et on subit son désespoir. L'auteur s'amuse un peu avec nous et tire la corde de la sensiblerie et de l'affectif.
Comme dans les autres histoires, les femmes sont encore à l'honneur. Qu'elles soient diaboliques ou héroïques, elles prouvent leur intelligence et leur vaillance, leur constance et leur audace. Florence Nightingale, avec toute sa majesté, témoignera de cette force lors du procès, en faveur d'Hester.
Vous savez que j'aime énooormément cette série et ses personnages… alors ne tardez plus ! lisez-la !
Commenter  J’apprécie         50
Je préfère les gens pris individuellement : dans une foule, je trouve qu’ils calquent leur attitude sur les qualités les moins glorieuses de leur voisin. L’instinct grégaire, j’imagine… L’odeur de la peur, du sang…
Le jugement et l’art de la diplomatie ne sont jamais superflus dans une famille nombreuse. Ce sont ces qualités-là qui font la différence entre le bonheur et la morosité.
« Faites comprendre aux gens qu’Hester était une héroïne, une femme qui a quitté sa famille et renoncé au bonheur simple pour porter assistance aux blessés et aux malades. Racontez-leur ce qu’elle faisait à Scutari, parlez-leur de ses longues nuits de veille où elle passait d’un malade à l’autre, sa lampe à la main, essuyant la sueur sur les fronts, réconfortant les mourants, priant… Enfin, dites-leur tout ce que vous voudrez. Décrivez-la bravant le tir ennemi pour ramener des blessés, insouciante du danger, puis rentrant au pays pour agir auprès des autorités médicales dans le but d’améliorer les conditions de vie des malades… Dites-leur que son impertinence lui a coûté son poste à l’hôpital et l’a obligée à exercer à son compte, auprès de particuliers qui l’engageaient pour de courtes périodes, dans la plus grande précarité d’emploi…
- Est-ce vraiment ainsi que vous voyez Hester ? interrogea Rathbone, médusé.
- Mais non, bien sûr que non ! protesta Monk, tandis que le rouge lui montait aux joues. Mais ce que je pense d’elle n’a aucune importance ! »
Je préfère les gens pris individuellement : dans une foule, je trouve qu'ils calquent leur attitude sur les qualités les moins glorieuses de leur voisin. L'instinct grégaire, j'imagine...
Seulement, la vérité n'est pas toujours bonne à dire. Peut-être qu'au fond de soi chacun a conscience de la réalité, mais on se comporte tellement mieux quand les autres ne vous obligent pas à la garder à l'esprit !
Anne Perry parle de "La disparue d'Angel Court".
Partie 1