À cet égard, j'ai choisi de lire
Récits de la cabane abandonnée d'un homme extraordinaire, le garde forestier le plus célèbre du Canada, un Britannique, Archibald Belaney, qui a décidé de venir s'établir en sol canadien à l'âge de dix-huit ans et il est devenu une légende :
Grey Owl, Hibou gris, un Amérindien. Alors, je voulais découvrir un bouquin de
Grey Owl car le Grand Nord, il le connaît, il l'a arpenté, il y a chassé. Aussi, il est devenu un précurseur de la défense de la nature; il est reconnu comme étant un grand écologiste canadien. En repensant à ses années sur le terrain,
Grey Owl livre un incomparable témoignage sur une époque aimée.
À travers treize récits,
Grey Owl aborde, entre autres, la vie dans le Grand Nord, il relate ses histoires de trappe dans la neige, il décrit les êtres qu'il y a rencontrés comme un Sage, les fils de Kee-Way-Keno ou encore Red Landreville et ses histoires. Mais encore, dans le Grand Nord, il faut respecter des traditions pour ne pas mourir, comme celle de laisser toujours de la nourriture dans une cabane abandonnée pour son prochain.
Grey Owl invite son lecteur à suivre ses pas malgré la neige, malgré le froid, malgré le chant des loups. Il devient son guide pour ne pas oublier comment on vivait dans les contrées du Grand Nord canadien (les Grandes Solitudes) au début et à la moitié du vingtième siècle. C'est un beau témoignage sur la façon de vivre des autochtones qu'aimait tant
Grey Owl. Ce mode de vie, il sent qu'il est menacé et il veut surtout lui rendre hommage.
Ce que j'ai pensé de ma lecture
J'ai énormément aimé lire les
Récits de la cabane abandonnée de
Grey Owl. J'ai particulièrement apprécié son dernier écrit : «
L'arbre». de sa naissance jusqu'à sa mort,
Grey Owl décrit le cycle de vie d'un pin.
L'arbre fait la rencontre d'êtres ou encore d'animaux qui vont venir se réfugier sous ses branches comme des ours, des écureuils, des loups, etc. C'est beau. Il se permet aussi dans ce récit d'aborder les rites autochtones par rapport aux arbres. Mais encore, il relate ce que les peuples autochtones ont perdu après l'arrivée des Blancs. Désormais, l'alcool, l'exil et les cabanes construites sur des réserves par des Blancs font partie de leur réalité. Adieu le mouvement du vent dans les tipis. Les animaux aussi ne sont pas épargnés comme les troupeaux de bisons qui sont décimés et l'on ne retrouve que leurs ossements éparpillés un peu partout sur la voie ferrée.
«Les montagnes assistaient à cette fin dans un calme glacé, car elles savent que les arbres doivent mourir, ainsi que les hommes; elles seules demeurent éternellement. » (p. 223)
En ce qui concerne la difficulté de survivre dans le Grand Nord, la lectrice ou le lecteur la ressent très bien sous la belle plume de
Grey Owl. Par exemple, dans une expédition, il fait la rencontre de la «Mort Blanche», c'est-à-dire qu'il devient aveugle en raison du froid et de la neige le frappant durant son avancée sur un lac gelé. C'est la cécité blanche. Les autochtones lui ont parlé d'elle.
«Je sus alors que j'étais aveugle. Je connus l'atroce impuissance, l'angoisse indicible de l'homme que frappe soudainement la cécité. Je parvins en rampant à me remettre sur pieds, tandis que la tête me tournait et que la réalité sinistre rugissait, eût-on dit, sous mon front. Les démons de la nuit me tenaient, j'étais aveugle… aveugle blanc… » (p. 182)
C'est difficile le froid et la neige. Il faut les apprivoiser, les connaître.
Mais encore,
Grey Owl présente de magnifiques descriptions du paysage dans le Grand Nord. C'est comme si
Grey Owl partageait une philosophie de vie associée à la beauté de vivre dans un tel décor. Il traite aussi des difficultés et du courage qu'il faut déployer lors des menaces. C'est comme si l'homme se trouvait et se définissait à travers elle.
«Sous les étoiles, l'Univers tout entier, comme pétrifié dans une sorte d'attente mystérieuse, semblait écouter, espérer on ne sait quoi qui ne se produirait jamais. Cela vous surprend camarades, mais c'est ainsi que ces terres du Nord nous fascinent. Vous comprendrez ce que je veux dire si jamais vous vous trouvez seuls au bout du monde et sentez que des déserts infinis s'étendent tout autour de vous- au-dessus de vous aussi- dans une scintillation silencieuse qui pèse à l'écraser sur votre âme. » (p. 126)
Grey Owl écrit très bien, sa plume est vivante et elle traverse notre imagination. Comme j'aime les paysages nordiques, j'ai apprécié cette lecture et je me suis retrouvée dans le message de l'auteur sur le fait que la nature est plus grande que tout et que les Blancs avec leur façon de vivre, ne sont plus en accord avec cette dernière. Et, nous sommes en 1936…
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