With you, never !

Dès qu'une personne arrive à faire naître une émotion chez vous, vous lui donnez forcément de l'importance. Vous lui laissez l'opportunité de se frayer un chemin dans votre tête, dans votre cœur, partout. Il commence petit à petit à avoir de l'ascendant sur moi, sur mon corps. C'est déstabilisant, c'est frustrant, c'est tout lui.

— Tu peux rêver, tête brûlée. Quand je prends une décision, je ne reviens jamais dessus. Mais ne t'en fais pas, même les plus récalcitrantes finissent toujours par me réclamer un deuxième rodéo.
J'ai un moment d'absence après sa réplique. Est-ce qu'on parle toujours des courses là ? Je peux comprendre que les femmes apprécient de se retrouver dans ses bras. Il a du charme, il est bien foutu, il paraît inaccessible, bref, il a tout pour plaire. Alors, me retrouver avec lui dans cette bagnole ne m'enchante pas des masses.

Je ferai ce qu'il faut pour garder mon titre de meilleur pilote. Il est hors de question que quelqu'un d'autre me passe devant. Si je dois dénicher ma prochaine partenaire dans le trou du cul du monde, eh bien soit, allons-y.
— Je trouverai mieux qu'elle, t'en fais pas.

Je ne savais même pas que ces dégénérés avaient établi une sorte de campement pour faire leurs putain de courses illégales. J'ai les mains qui tremblent d'énervement. Ou de peur, je ne sais pas trop. Mes yeux observent ces gens qui rigolent, qui boivent, qui se font des accolades. Il y en a même qui se passent de l'argent liquide, nom de Dieu !
— Lily Hoffman, si tu tiens à la vie, tu fais demi-tour, tout de suite.

C'est illégal, tout le monde en est conscient, mais ces courses sont toujours aussi fréquentes, je ne sais pas ce que foutent les flics. Qu'est-ce qu'ils attendent pour les coffrer, bordel ? Combien de morts faudra-t-il encore pour que cette passion si dangereuse prenne fin ? [...] Je déteste ces rodéos, ils m'ont pris une partie de moi-même sans que je puisse y faire quoi que ce soit. Voir que ce manège continue comme si rien ne s'était passé, ça me rend folle.

— Ne fais pas de promesses que tu ne tiendras pas, Yaniss.
— Je ne fais jamais de promesses en l'air, poupée.
[...]
— Qu'est-ce que la mort, Tiana ?
— La fin de tout.
— Détrompe-toi, c'est à partir de ce moment que tu es enfin libre. Libre pour de vrai.
— Libre, peut-être, mais seul, terriblement seul.
— Si l'on crève dans ma bagnole tous les deux, on sera dans l'au-delà tous les deux, non ? Ne l'oublie pas, tête brûlée, on gagne ensemble, on perd ensemble.
Yaniss n'est pas simplement passionné de course, il en a fait son obsession, son besoin vital.
Et il m'entraîne avec lui un petit peu plus chaque jour.

Je ne crois pas que l'on puisse comparer notre équipe à celle des autres. Nous sommes si différents tous les deux, si explosifs et en même temps si semblables. Nos concurrents doivent souvent se demander comment nous en sommes arrivés à vouloir courir ensemble. Pour l'instant, ça nous réussit plutôt bien.
Je ne sais toujours pas ce que Yaniss a vu en moi pour l'avoir poussé à me choisir. Je pourrai faire une gaffe un jour, une erreur qui pourrait nous coûter cher. C'est quand on attend trop d'une personne qu'elle finit par tomber sous la pression. Et même si Yaniss m'exaspère souvent, je n'ai pas envie de le décevoir. Mon égo me pousse à me montrer à la hauteur, peut-être pour le rendre fier, je ne sais pas. Les courses à ses côtés sont désormais ma routine. Plus le temps passe, plus j'y prends goût, bien plus que je ne le devrais. Et ça me fait peur. Yaniss s'incruste aisément dans ma vie, comme un souffle balayant tout sur son passage. Personne ne sait les dégâts que ça causera.
C'est de plus en plus difficile pour moi de m'imaginer retourner à ma vie d'avant, sans les rodéos.
Et sans Yaniss...

Le silence nous enveloppe. Je n'ose plus bouger. Yaniss ne dit rien, il continue de siroter sa bière le plus naturellement du monde. Me tenir dans cette posture avec lui ne me laisse pas indifférente, ça me trouble bien plus que ça ne devrait. Je sens son cœur battre à toute allure sous moi. Je sens aussi ses membres se contracter quand je me déplace doucement pour mieux me caler contre lui.
Je ne veux pas partir. [...] Notre position, l'ambiance, ce qui émane de nous n'a rien de sexuel. C'est agréable, collée ainsi contre lui, je me sens bien.
— Tu es ma partenaire. C'est normal que tu découvres notre repaire. Mike va te faire un double des clés, tu pourras venir dès que tu en auras envie. Considère que c'est ta deuxième maison.
Je me rends compte que le mot « partenaire » n'est pas sans importance. Il a une réelle signification pour lui. Un enjeu, un lien, une histoire de confiance mutuelle. Je le vois dans la manière dont il me regarde en le prononçant. Dans ses yeux, je découvre tout le respect et la sincérité du monde.

Elle a absolument raison sur toute la ligne. Je n'avais aucun droit de m'interposer entre eux, tout comme je n'étais pas obligé de la suivre jusqu'ici. Putain, elle est libre de faire ce qu'elle veut. Et pourtant... Quelque chose en moi, la partie la plus possessive, hurle le contraire. Je ne sais pas ce qui m'a poussé à faire tout ça, et je ne veux pas le savoir.

Maintenant que j'ai été traînée jusqu'ici, autant que j'en profite. Je danse sans faire attention à ce qui m'entoure, et aux hommes qui font mine de se rapprocher petit à petit de moi. S'il y en a un seul qui ose me toucher, je lui balance mon genou entre les jambes.