Chronique deMoana :
Je connaissais déjà plusieurs des histoires d'
Aurore Morgenstern sorties en auto-publication donc quand j'ai vu que Juno Publishing sortait un de ses livres que je n'avais pas encore lu, j'ai tout de suite voulu le découvrir. L'enquête policière est plutôt intéressante et j'ai bien aimé le mélange avec la magie, elle met un peu de temps à avancer car l'accent est mis sur la romance. Malheureusement, ma lecture a été assez mitigée, je n'ai pas vraiment réussi à m'attacher aux personnages et plusieurs aspects de l'écriture de ceux-ci m'ont mis mal à l'aise.
En ce qui concerne les personnages, j'ai trouvé qu'ils faisaient tous assez clichés de par leurs caractères et leurs interactions entre eux. Maël, qui est le personnage principal, avait pour moi bien trop souvent des propos machistes et les doutes qu'il pouvait avoir m'ont plus fait ressentir de l'agacement envers lui que de l'empathie. Soledad m'apparaissait comme un cliché de la femme lesbienne mélangé au cliché du personnage d'origines latines au sang chaud qui se met en colère pour un oui pour un non et qui utilise des mots espagnols de temps en temps. D'ailleurs, peut-on parler du fait qu'elle soit furieuse que Maël ait dévoilé son secret (pas vraiment par choix) à Dwayne et non à elle ? Alors que, selon elle, comme ils se connaissent depuis plus longtemps elle aurait dû être la première informée ? Cela dit en passant, Maël et Soledad ne se connaissaient que depuis 1 semaine à ce moment-là… J'ai d'ailleurs trouvé son comportement, ainsi que celui de Mélina (mais dans une moindre mesure car c'est la mère de Maël), très déplacé quand il s'agissait de Maël et de ses relations intimes. Dwayne, que je pensais apprécier, se révèle être un mâle alpha surprotecteur tout ce qui a de plus insupportable (ce qui, je sais, plaît à de nombreuses personnes). Maël a beau le trouver parfait, je dois avouer que je n'ai pas compris en quoi. Par ailleurs, je n'ai pas aimé Marcus et son incapacité à prendre une décision qui ne lui soit pas dictée/suggérée et Seth est un personnage qui aurait mérité d'être mieux développé. Je pense que le seul personnage pour lequel j'ai éprouvé de la sympathie est Howard et j'aurai aimé en apprendre plus sur lui.
Il y a trois aspects dans « Un sorcier à New-York » que j'ai trouvé assez malaisants : l'utilisation de mots espagnols dès que Soledad parle, le deadnaming (utilisation du prénom de naissance d'une personne transgenre sans son autorisation) de Johanna et l'association constante de la couleur de peau de Dwayne à de la nourriture (et plus particulièrement au café). Avant de commencer cette partie, je tiens à préciser que j'ai lu plusieurs articles écrits par des personnes de couleurs pour mieux définir le malaise que je ressentais. Il est très maladroit (et assez cliché) que de faire employer des mots espagnols sans raison apparente à un personnage d'origines latines. Encore plus quand c'est pour dire des insultes ou parler à une autre personne qui, au premier abord, ne semble pas d'origines latines. le passage où l'on découvre le personnage de Johanna m'a beaucoup énervé. Il faut savoir que Johanna est la cousine transgenre de Dwayne. A peine Maël vient-il de la rencontrer que Dwayne révèle à son amant qu'elle a été assignée homme à la naissance en lui donnant son deadname. Je n'ai pas du tout apprécié que Dwayne révèle à Maël que sa cousine soit transgenre sans l'autorisation de celle-ci mais l'utilisation de son deadname *2 fois* pour le lui dire est un manque de respect et de considération immense envers les personnes transgenres. En outre, la référence constante à la couleur de peau de Dwayne en utilisant les termes « café-crème » est également très désagréable. La langue française est assez riche pour qu'on puisse définir la peau des personnages de couleurs par autre chose que de la nourriture. de plus, quand on sait le côté colonialiste, dégradant voir fétichiste que l'emploi de ces mots peu avoir, en particulier aux Etats-Unis d'Amérique, que Maël passe son temps à l'appeler « Dieu café-crème » me rendait très mal à l'aise. Je ne sais pas si l'autrice a voulu faire des traits d'humour en caricaturant certains de ses personnages mais je trouve que beaucoup des maladresses commises auraient pu être évitées.
Pour terminer, je dirai que cette histoire (publiée une première fois en 2018 en auto-publication) aurait mérité un travail éditorial bien plus approfondi de la part de la maison d'édition. Je possède l'édition sortie en 2018 en plus de celle de 2022 et j'ai l'impression qu'à aucun moment le texte n'a été modifié ce qui lui cause fortement préjudice. Je suis assez frustré par cela car l'histoire pourrait être très intéressante mais les différents malaises que j'ai ressentis m'empêchent de l'apprécier.
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