Le thème de la convalescence a longtemps été absent de la littérature. Et pour cause, la convalescence est une période incertaine dont on peine à cerner les contours : elle se situe après la maladie et s'arrête au moment où le patient retrouve la plénitude de ses moyens – même si la fin de la convalescence ne signifie pas nécessairement que l'on retrouve avec exactitude son état de santé antérieur. Au contraire, la convalescence bouleverse celui qui la vit ; parfois pour le meilleur. A ma connaissance, nul essai ne s'était intéressé jusqu'alors à la période de convalescence dans la littérature. L'essai de Daniel Ménager essaye de démêler les fils de cette période aux contours indistincts. En retraçant l'histoire de la convalescence dans la littérature à travers les siècles, l'auteur nous invite à redécouvrir nos lectures passées sous un oeil nouveau.
D'abord complètement ignorée de tous dans les récits bibliques – la période de la convalescence n'existait pas puisque la simple existence du miracle suffisait à passer en un instant de l'infirmité à la guérison –, la période de la convalescence peine à exister dans la littérature du Moyen Age, avant qu'elle ne prenne du galon avec le roman du XIXème. La convalescence apparaît comme une période bénie où le temps se suspend et où les sens s'aiguisent. Pour le plus grand plaisir du convalescent – lorsque cette période ne devient pas synonyme de monotonie.
Avant de lire cet essai, je n'avais jamais pris la mesure de l'importance de la convalescence. Et c'est justement ce qui est passionnant avec ce genre d'essai. En outre, il permet de redécouvrir ses classiques, et de découvrir de nouveaux écrivains. Une réussite de plus pour les éditions des Belles Lettres.
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Convalescence, sujet passionnant, montré par Daniel Ménager comme étant peut-être mieux expliqué ou décrit par les romanciers. Sujet que l'on néglige, bien malheureusement.
Je n'ai pas réussi à tout lire, pour des raisons de santé (je suis moi aussi en convalescence, tout cela tombait à point nommé !), mais il m'apparaît clair que je le reprendrai plus tard, tellement les idées de lecture que j'y ai piochées me tentent.
Pour l'étudiante en littérature que je suis, il s'agit aussi d'une jolie mine d'informations, de remarques, des choses qui me sautent désormais aux yeux.
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Pas de trace du Covid-19 dans ces pages d'une érudition étourdissante mais jamais assommante. En fin limier des écrits du passé, il traque la convalescence sous toutes ses formes dans les textes sacrés ou païens sur une période de 3000 ans.
Lire la critique sur le site : FocusLeVif
« Ceux qui parlent le mieux de la convalescence ne seraient-ils pas les romanciers ? », demande Daniel Ménager dans cet essai original convoquant Goethe, Gide, Dostoïevski ou encore Virginia Woolf.
Lire la critique sur le site : LeMonde
D'une façon plus générale, le convalescent fait toutes sortes de découvertes. Dans une formule splendide, Canguilhem a écrit que la santé c'était "l'innocence organique" : on ne sent pas son corps, il répond docilement aux injonctions de la volonté. Dans la convalescence, il occupe toute la place, il intrigue, il capte l'attention désœuvrée. Voilà pourquoi elle est dangereuse.
Les familles se réjouissent de la fin des passions destructrices. Sans elles, pourtant, le monde est comme décoloré, ce qu'annonce déjà dans le sanatorium l'obsession du blanc.
Pas de résilience sans un passé, proche ou lointain, où l'on trouve des ressources affectives insoupçonnées.