Un roman steampunk qui se passe à Constantinople en 1885, ça vous branche ?
Moi ça me branchait carrément ! Voilà un contexte original, propice aux manipulations, aux petites guerres politiques et aux rebondissements : l'empire Ottoman est sur le déclin, et ses deux voisins (l'Europe et la Russie), entreprennent de l'amadouer afin de s'écraser mutuellement. Martina est une espionne infiltrée dans les hautes sphères de la capitale et entend bien utiliser la situation à son avantage, mais aussi découvrir ce qu'il est advenu de sa soeur et gagner un Grand Jeu dont on ne sait rien…
De nombreux fils rouges s'entrecroisent, très peu d'informations nous sont données, et il semblerait qu'on soit arrivé comme un cheveu au milieu de la soupe : les protagonistes se connaissent déjà bien, leurs plans secrets sont élaborés depuis des mois, et ils sont déjà visiblement très bien formés aux arts de l'espionnage. J'ai eu l'impression d'entamer une saga par le dernier tome.
Mais ce n'est pas si grave. Je me suis frottée plus d'une fois à des lectures bien plus difficiles, et j'ai même réussi à les apprécier (Legationville, te voilà !)
Seulement, la mayonnaise n'a pas pris.
La faute aux descriptions, qui retranscrivent très bien les détails, mais très mal les ambiances. Adieu sense of wonder des machines à vapeur et autres dirigeables !
le Grand Jeu est terre à terre : c'est un primo roman, et cela s'est particulièrement ressenti.
Un exemple ?
Martina entre dans une église désaffectée et le bâtiment est en ruine. Tandis qu'elle remonte la nef, on nous décrit les pavés irréguliers, des petits détails à droite à gauche, comme cet arbre qui a poussé dans le choeur, dans un trou de lumière. Cela aurait pu être une image marquante et poétique, mélancolique ; mais cela ne l'était pas. C'était juste un détail de plus que j'ai eu du mal à remarquer.
Idem avec les personnages : ils ne sont pas attachants. Déjà tout faits, pas prêts d'évoluer, ils n'ont pas ce charisme nécessaire aux protagonistes qu'on voit se construire.
En réalité, je suis restée en surface de l'histoire. Impossible de m'immerger, j'étais comme repoussée par le texte – même en pleine scène d'action ! Péniblement arrivée jusqu'à la page 100, j'ai eu envie d'arrêter plus d'une fois...
Et voilà que je décide de m'écouter et de laisser tomber ! Cette lecture n'était pas pour moi, pas aujourd'hui. Je la garde tout de même dans un coin de ma bibliothèque, pour le cas où je souhaiterai lui donner une seconde chance.