Carnets d'explorateurs

« Lorsque je parcours les carnets d'explorateurs qui suivent, je reviens à l'origine du genre. Je retrouve dans ces pages le sens du carnet de voyage. Ici, ce n'est pas le "souci de l'effet" qui domine. Et le lecteur saura apprécier "la valeur du témoignage". »
(Titouan Lamazou dans la préface du livre)

Encore émerveillée par ma lecture des Carnets de marins de Huw Lewis-Jones, je n'ai pas attendu longtemps avant de découvrir son ouvrage sur les Carnets d'explorateurs (cette fois coécrit avec sa femme Kari Herbert).

Même éditeur (Paulsen), même format à l'italienne, même qualité d'édition, même présentation, mais évidemment cette fois un contenu différent puisque ce sont des explorateurs que nous allons découvrir au fil de la lecture. Certains d'entre eux sont célèbres (Amundsen, Audubon, Cook…) d'autres moins connus, mais tous racontent à leur manière ce besoin irrépressible de l'Homme d'aller à la découverte du Monde et d'en rendre compte parfois uniquement muni « d'un carnet de notes et d'un crayon bien taillé ».

Comme le fait remarquer Titouan Lamazou dans sa préface, les auteurs ont souhaité mettre en avant les explorateurs et exploratrices plutôt que leurs carnets. Ils n'ont donc pas recherché et sélectionné les plus beaux carnets mais les plus belles histoires. L'ouvrage est donc peut-être un peu moins spectaculaire que les Carnets de marins, mais il reste très intéressant et enrichissant.

De nouveau la présentation des explorateurs par ordre alphabétique permet au lecteur un effet de surprise quant au lieu et à l'époque de la prochaine découverte. Chaque carnet est présenté sur une ou deux double-pages avec une page consacrée à une petite biographie de l'explorateur, le reste à quelques illustrations de son carnet.

Les femmes, peu nombreuses chez les marins, ne faisaient l'objet que de rares chapitres dans l'ouvrage précédent de Huw Lewis-Jones. On en a ici davantage de témoignages et c'est avec un réel plaisir que l'on parcourt les carnets de ces exploratrices courageuses et déterminées qui sont allées aux quatre coins du monde. Je pense par exemple aux croquis non dénués d'humour d'Amelia Edwards ou encore aux dessins tout en délicatesse de Margaret Mee.

Les auteurs ont souhaité aussi mettre en avant ces hommes et ces femmes qui sont allés à la rencontre des autres peuples sans à priori ni jugement. Leurs carnets témoignent de leur envie de transmettre avec respect et sincérité des cultures, des traditions et des croyances de ces peuples.
La très grande majorité d'entre eux est animée par l'esprit de découverte ou celui du dépassement, de l'exploit humain. Il n'est dès lors pas question d'intérêt financier ou territorial dans ces voyages, et c'est bien avec humilité, les yeux grand-ouverts et le crayon à la main que ces explorateurs parcourent le monde.

« Avant notre arrivée, l'Everest était encore un rêve. Il laissait la place au doute et à l'incertitude. Il en fut de même après notre départ. En quelques jours, la neige, balayée par le vent, avait recouvert l'empreinte de nos pas. »
(George Lowe)