« Des pauvres, oui. Des pauvres, merde ! Elle en voyait défiler un paquet dans son bureau, elle savait ce que c'était, non ? Des pauvres, voilà ce qu'on est. C'est important, les mots, non ? Il faut dire ceux qui existent, non ? Ceux qui existent, merde ! »
Une claque ce roman.
Retentissante, douloureuse et âpre.
Véronique le Goaziou est sociologue; elle s'intéresse à l'humain.
Elle porte sur
Monsieur Viannet, sur le couple Viannet, des gens simples, blessés par la vie, un regard à la fois tendre et impuissant.
Avec un style simple, dénué de pathos, elle nous embarque dans le monde de la précarité, une précarité bien réelle, celle des exclus de la société, des lassés pour compte, des pauvres gens aux vies de chaos. Ils ont à un moment ou un autre, pour une raison ou une autre, glissé, dévié, n'ont jamais pu se relever.
- [...] Y a des gars, ils portent depuis qu'ils sont tout petits.
J'écarte mon stylo. Je hausse les sourcils.
- Ils portent ... ils portent quoi ?
Il secoue la tête. Il boit. Peut-être a-t-il l'impression que je le fais exprès.
Exprès de ne rien comprendre.
- Vous me posez vraiment la question ?
- Oui...
Il souffle, presque excédé.
- Ils portent leur vie, madame, quoi d'autre ?
Et y a des vies plus lourdes que d'autres, vous ne pensez pas ?
L'atmosphère y est oppressante.
On ne sort pas indemne d'une telle lecture, de ce dialogue poignant, de ce huis-clos étouffant.
Touchant. Terriblement émouvant.
Ils ne vont pas me quitter.
Nécessaire. À lire.
« Ce n'est pas une vie. Ce n'est pas une vie mais c'est sa vie. C'est ce qu'il m'a dit. »
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