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Critique de kuroineko


Hysteresis, kézako? J'ai voulu regarder la définition dans le dictionnaire... ç'a été encore pire! En fait, il faut arriver à la fin pour en saisir (à peu près) le sens.

En attendant, ce roman m'a drôlement emballée. Loïc le Borgne situe son histoire une quarantaine d'années après la Panique, catastrophe qui a vu s'effondrer le monde et la civilisation tels qu'on les connaît. Une partie de l'humanité est décédée. Quand les choses se sont stabilisées, les générations nées après la Panique ont mené des campagnes d'épuration pour punir les "anciens" (nous en fait), pollueurs et profiteurs qui n'ont pas su préserver l'équilibre et par qui la catastrophe est arrivée.

Quatre décennies plus tard, les gens se sont efforcés de s'organiser en communauté. Mais brigands et meurtriers hantent toujours les routes et tout étranger est accueilli avec force méfiance. C'est ainsi qu'arrive Jason à Rouperroux. Non seulement il est étranger mais en plus il est "vieux" (entendre, né avant la Panique). Conteur et bricoleur, il fait connaissance avec les résidents. Mais son âge, son esprit libre, ses questions et ses propos sertis d'extraits de poèmes et chansons d'avant soulèvent une défiance de plus en plus marquée.

Outre une intrigue basée sur des secrets et du suspense, Loïc le Borgne nous propose une réflexion sur nos responsabilités envers les générations de demain. Quel monde allons-nous leur laisser en héritage? Sauverons-nous ce qui peut encore l'être ou nous défausserons-nous du fardeau sur les épaules du futur? Et ces mêmes générations futures, comment envisageront-ils leurs prédécesseurs? Avec quelle émotion? La colère? La haine? La résignation? Voilà de quoi réfléchir sur notre présent et sur l'état préoccupant de notre environnement.

Pour se reconstruire et tâcher d'éviter les erreurs égoïstes de leurs ancêtres, les communautés post-Panique ont décrété une purge du passé et de ses machines. Primauté est donnée à la Nature et aux arbres, qui tourne à une véritable religion, particulièrement exacerbée avec la guérisseuse et ses filleules, les inquiétantes jumelles Mélusine et Mélopée. le village vit en fonction du calendrier des semailles et des récoltes, un rythme qui renvoie à la paysannerie médiévale avec ses systèmes de jachères.  Des fêtes agraires ponctuent les changements de saisons et les temps forts de l'année agricole, comme la Fête de la Moisson. le culte aux arbres a remplacé les anciennes croyances, retour à un paganisme qui pourrait être sympathique s'il ne s'accompagnait de châtiments corporels pour toute transgression ou tout blasphème envers les arbres.

Il était très intéressant de lire un récit post-apocalyptique qui se situe après une réorganisation et non juste après la catastrophe (généralement une narration sous forme de pérégrinations dans des conditions éprouvantes avec humains prêts à tout pour survivre et/ou zombies). Les chapitres courts rendent la lecture dynamique et addictive (allez, encore un p'tit dernier...). L'auteur mêle narration et extraits de poésie (Rimbaud, Chateaubriand, ...) et chansons (Brel, Jim Morrison, ...) et ça fusionne plutôt bien.

En somme, une belle surprise que ce roman d'anticipation pas toujours réjouissant mais qui offre de bons moments.
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