Aujourd'hui je vais évoquer
La Rose de Java roman de
Joseph Kessel paru en 1937. Ce texte est le récit romanesque de quelques jours dans les eaux extrême-orientales pour deux jeunes soldats français de retour vers la métropole après une période difficile.
L'incipit de
la Rose de Java est à la fois poétique et exotique : « ayant traversé la mer intérieure du Japon, le Kita-Maru, qui venait de Vladivostok, jeta l'ancre dans le port de Kobé. » le titre évoque le nom du bateau à bord duquel le narrateur, jeune officier et son ami embarquent pour rallier Shangaï d'où ils vogueront ensuite vers Marseille. le roman met en scène l'étouffant huis-clos qui se déroule sur les flots et se poursuit pendant quelques jours dans les ruelles sombres et crapoteuses de Shangaï. Avant de monter à bord à Kobé les deux jeunes militaires : « venaient de passer quelques semaines en Sibérie, dans l'hiver de 1919. »
Joseph Kessel situe donc son livre après l'ignoble boucherie de la
première guerre mondiale, ce souvenir récent est prégnant. Les soldats sont éreintés et avides de fantaisie et de stupre. A bord, une cabine fermée jouxte la leur et attise leur curiosité. D'autant plus qu'à Kobé l'un d'eux a assisté à une scène troublante lors de laquelle une femme métisse a été indigne envers un conducteur de rickshaw épuisé par une rude montée. Cette splendide métisse est Florence leur voisine discrète. La rivalité pour la séduire oppose les deux garçons, mais il existe entre eux une consigne qu'ils vont tenter de respecter.
L'équipage du Rose de Java est peu avenant voir violent. le narrateur précise : « van Bek et le capitaine Mauricius nous écoutaient avec placidité. Leur apparente bonhommie ne faisait qu'enflammer notre fureur : nos voix devenaient plus aiguës, nos injures plus grossières. » Un troisième homme semble duplice et entretient une relation ambiguë avec la métisse, il affirme qu'elle est atteinte de syphilis, subterfuge pour tenter de préserver (en vain) sa précieuse virginité. Florence bouleverse l'ordre ; en effet : « si le terme « dévorer du regard » eut un sens dans ma vie, ce fut bien ce matin-là. Mes yeux, en même temps éblouis et affamés, se nourrissaient, se repaissaient de la magnifique substance vivante qui leur était offerte. » Arrivés à Shangaï les deux protagonistes goutent aux excès et à l'opium avant de rejoindre leur patrie des images envoutantes plein la tête.
La Rose de Java est un roman du début du vingtième siècle, la prose est classique. Les comportements masculins et européens sont stéréotypés et choquent aujourd'hui. le mépris et la domination des femmes, le racisme sous-jacent sont omniprésents et témoignent de relations inégalitaires.
Voilà, je vous ai donc parlé de
la Rose de Java de
Joseph Kessel paru aux éditions Folio.
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