Un lieu: Belle-Ile en Mer.
Trois décennies: 1930/1960.
Une époque charnière où la France rurale et traditionnelle, lente et laborieuse, bascule dans le mouvement et les loisirs. Tandis qu'une génération en sabots continue de pêcher, de naviguer, de traire et de moissonner à la force de ses bras, des garçons et des filles en short et en espadrilles vont camper, jouer de la guitare, se baigner et faire du vélo sur les sentiers poudreux de l'Ile, inventant joyeusement une autre façon de vivre. Belle-île accueille les premiers congés payés et un grand vent de liberté souffle sur les premières Auberges de Jeunesse.
Pourtant, au même moment, sur cette île qui semble paradisiaque, se trouvent des centaines d'enfants enfermés à la Colonie Pénitentiaire. Un lieu d'exclusion, de punition, de redressement moral à coups de trique. Une grande mutinerie a lieu en 1934, les jeunes bagnards s'échappent et sont poursuivis aux quatre coins de l'île avant d'être ramenés dans leur cellule. Des gamins de 8 à 20 ans y passent de longues années, isolés, exploités, battus, et ce jusqu'en 1977! Ces enfants-là ne sont pas sur les photos de
Pierre Jamet.
Les photos ne sont pas légendées, à peine une indication sur la date ou le lieu. Leur force réside dans la qualité technique et artistique du cliché, la proximité évidente de l'auteur avec les sujets photographiés, la valeur de témoignage et la fraicheur exempte de nostalgie qui s'en dégage.
Une oeuvre à découvrir.