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EAN : 9789732100363
265 pages
Minerva (31/12/1988)
5/5   1 notes
Résumé :
Le Chant des montagnes
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Magda Isanos meurt à seulement vingt-huit ans après une longue période de maladie et d'attente de la fin. Dans ce retour lancinant du thème de la mort, ses vers d'un ton grave et d'une musicalité toute particulière oscillent entre désespoir et une sorte d'euphorie, un sentiment inaltéré que la lumière peut cependant triompher.
Ce recueil reproduit celui éponyme (Le Chant des montagnes) publié à Bucarest en 1945, mais de façon plus ample l'ensemble des poèmes, ainsi que des proses et des articles de presse. Il s'agit au final des oeuvres quasi complètes de l'écrivaine.
J'ai pris beaucoup de plaisir à les lire et j'appelle de mes voeux les plus sincères une traduction en français.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Le poème de la femme qui aimait le printemps

Le printemps viendra.
Les fleurs porteront au sommet
La lumière qui brille du soleil et de la grande saison rêveuse.
« Poussez, fleurs » murmura la lumière de mai.
Des ailes s’ouvriront à l’instant juste et chaque chose se prolongera dans l’ombre secrète.
On aura beau changer d’habit pour l’amour, la fleur, l’homme et l’élan n’en resteront pas moins éphémères.
Qu’en reste-t-il ?
Méprisable question…
Qui peut l’avoir inventée ?
Qui peut avoir inventé les mots « aujourd’hui » et « demain »,
Comme si tout n’était pas éternel, le soleil et la chandelle du chandelier, puisqu’ils existent et brûlent ?
Toi, ne sois pas triste.
Regarde :
La lumière qui tourne dans les fleurs,
Devient papillon et abeille.
L’ombre, elle aussi, comme une eau
Glisse on ne sait de quelle façon, et nous échappe pour se remplir d’étoiles. C’est la nuit.
Toutes ces choses, un jour, seront mûres.
Les fleurs dans les arbres deviendront pommes.
Le chant du jasmin sera silence,
Et les astres seront poussière dans le vent, dans la pensée…
Toi, chante et ne crains rien.
Tu ne pourras tu ne mourras pas avant l’heure fixée.
Tu récolteras, pour apaiser ta faim, un long automne durant.
Tu auras ce que tracent de leurs ailes les cigognes au et ce que la charrue écrit dans la terre.
Mais tu ne sauras pas tout. Les ombres et les lumières, sans se réconcilier, joueront sur tes mains glacées.
Et toi, tous tu souriras.
Le peu de sang capable de te réchauffer, sera encore précieux et vivant.
Plus tard tu entreras dans la mort comme dans une eau réfléchissante.
Quelle heure peut-il être ?
Qui me sauve, venu à ma rencontre ?
C’est toi, compagnon de ma jeunesse, de la saison aux rossignols, maître de toutes les fleurs et de la vie.
Tu veux m’emporter ? Où ?
Nos ombres vont maintenant percer le mystère dernier. Silence.
Au paradis, il n’est pas de plantes éphémères, ni de ruisseaux gelés.
Partons plutôt la face au soleil.
Tu me quittes, vie…
La lumière fuit. Où sont les miracles ? Je ne puis mourir comme les fauves, dans la résignation et la paix.
J’ai aimé la terre, et sur elle chaque ombre, et le vol de chaque pigeon, et les chansons que chuchotait le vent.
À présent les couleurs m’abandonnent comme des oiseaux craintifs.
Les souvenirs se dessèchent et les fleurs tombent, frappées par une main mystérieuse.
Qui dit : « Dors ma bien-aimée, la douce étoile s’est éteinte, dors » ?
Et mes années tomberont dans l’oubli, privées du souffle chaud que possèdent les conteurs choyés.
Oh, relevez moi encore sur mon oreiller, bizarres gens sans figure et sans ombre.
Je vois mon triste destin dans vos yeux solennels.
Ne demandez pas de prier, mon père.
Les gouttes de mon sang sont sacrées.
Partons, compagnon de jeunesse, de la saison aux rossignols, maître de toutes les fleurs et de la vie.

(Traduction d’Alain Bosquet, cf. l'original pp. 33 et suivantes)
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Le matin

Je voudrais découvrir le monde – jamais
je n’ai cru, comme disent les poètes, qu’il serait beau.
Mais aujourd’hui, ses cheveux de lumière bien peignés,
le matin est entré dans ma maison.
Je fuyais le sommeil, quand je sentis
des pas le long du mur.
Il dansait, le corps tendu,
sous les regards étonnés des portraits.
Il marchait nu-pieds,
le cristal du miroir tintait,
il avait apporté dans ma maison
le bal des filles-lumières.

Et regardant, je pensais : il est bon
d’être jeune lorsqu’il y a du soleil.
Belle journée, je mettrai
un collier autour de ton cou,
et je t’emmènerai avec moi.

(Traduction Claude Sernet, cf. l’original, p. 210)
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La mort de la prophétesse

Je vous ai laissés avec le soleil et les eaux
aux rames,
et je vous retrouve tués avec les faux
et les lames.

C’est à vous et à vous que j’ai laissé
ce jardin plein de grenades et de rosée,
pour en faucher l’herbe, pour en cueillir les fruits,
et vivre unis !

Mais à peine ai-je fermé la porte,
et mes cendres balayées, le vent les emporte.
À peine j’ai franchi le seuil, au départ,
et vous avez déchiré mon livre et mon étendard.
La cour, je ne l’avais pas encore quittée,
et quelqu’un est sorti pour s’assurer
que je n’étais pas de retour.
Un autre regardait le ciel par la bouche du four,
dans l’espace apercevant
ma cheville, sur des ponts d’argent.

Suivie par les cyclones qui me mettent en chasse,
je reviendrais par la voie des navires,
mais elle pèse sur moi, la Mer des Sargasses,
muraille que l’Océan seul peut bâtir.

(traduit du roumain par Elisabeta Isanos)
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Si on avait justement partagé

Dans les défilés des montagnes,
je gémis, la tempe sur la pierre.
Et j'aurais voulu, ta lumière
la chanter encore, sommet des montagnes !

Si on avait justement partagé
toutes les peines du monde,
autant sur mon cœur que sur le tien,
je ne serais pas morte aussi jeune.

J’aurais pu me réjouir encore longtemps,
en riant, sous les verts rameaux,
j'aurais pu encore longtemps chanter,
la tempe collée à l’orgue des forets.

Il y avait encore tant de jardins à cueillir…
J’aurais orné jusqu’au fond
ce plateau rond,
avec des écharpes et des pommes.

Si on avait justement partagé
toutes les peines du monde,
beaucoup d’années encore, j’aurais moissonné
le soleil de ces terres.

Mon ami, apporte-moi des épis de blé,
là-haut, sur le sommet des montagnes,
prés des cieux et des vents,
près du feu silencieux des bergers.

Vie, pour les uns tu as été
un éternel festin,
pour moi — une pluie déserte,
toi et tes balances truquées…
Et pourtant, je te salue et je pars à regret.

(traduit du roumain par Elisabeta Isanos)
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Je voudrais…

Je voudrais, ce poème, le hisser comme une vague,
en recouvrir la partie noire du monde,
pour que tout y soit blanc, ainsi que dans un grand hôpital
sans morts, sans noms.

Et tandis que les heures de la journée, rondes et décroissant dans la lumière,
passent devant moi et s’émiettent en mille petits jardins,
oh, on dirait qu’elles sont dans le monde à peine un jeu
moi seule, avec mon métier incompréhensible,
je reste ici sans coudre, sans tisser…
Comment trouverai-je à toutes ces choses un nom ?

(Traduction de Claude Sernet, cf. l’original p. 214)
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