Ebranlée par
Par les rafales, je me lance dans
Zippo, la peur d'une déception chevillée au corps.
-Arrête, tu as eu un coup de coeur pour le premier, ne t'attends à rien, fonce sans idée préconçue.
J'y vais.
Incipit
« Horizon vacillant. Horizon vertical. Horizon disparu. de plein fouet. »
Là, c'est moi qui vacille et qui part pour un tour en enfer.
Un roman noir ? Plutôt couleur pétrole et ses irisations roses à reflets bleus, un roman glauque version GLLOQ mon ami, pervers, malsain, où la souffrance exorcise la culpabilité du survivant.
Un roman rose ? Loin, très loin des cinquante nuances de nunucherie, un roman qui lorgne plus du côté d'Histoire d'O, le « marquage », les « chiennes en laisse ». La soumission, l'offrande totale, le sexe comme défouloir ou échappatoire.
Un style où des phrases sauvages côtoient une écriture à la va-comme-je-te-pousse, des américanismes à la pelle, j'ai plusieurs fois envisagé de le passer en challenge USA Illinois, Wisconsin ou Indiana avant de me souvenir la nationalité française de l'autrice, vraiment transportée dans ce « diner » aux banquettes de skaï rouge écorné et au café qui chauffe depuis des heures. Vous y êtes aussi ?
Une forme où chaque chapitre possède son propre narrateur que l'on devine en quelques mots ou quelques phrases, (on pense forcément à
La Horde du Contrevent) et où les époques alternent aussi. Exigeant.
Une bande-son rageuse qui martèle chaque phrase. Un chant de glace et de feu.
Un roman à ne pas mettre entre toutes les mains, ce n'est pas le registre BDSM qui me pousse à penser cela, ce sont plutôt ces personnages qui m'ont secouée. IRL, je ne vois même pas à qui le conseiller.
J'ai l'habitude d'écrire mon ressenti en quelques lignes, j'en ai rempli une pleine page, alors j'arrête ici, j'exhume mon
Zippo années lycée de ma mémoire, l'odeur du gaz, la marque de la molette sur le pouce, son poids dans la poche et je ferme les yeux.