La vie de Louison, adolescente timide, a irrémédiablement basculé quand elle a rencontré Courtney. Courtney, son âme soeur, son idole, son modèle. Courtney qu'elle admire et qui de manière inespérée la choisit comme amie. Ensemble elles fonderont
le Club des mamans mortes, cette société secrète réservée à ceux qui ont le hole, ce trou irrémédiable dans le coeur que crée l'absence de mère. Ensemble elles iront trop loin... ensemble, vraiment ?
Une chose est sure, ce roman secoue et ne vous laissera sans doute pas indifférent. Déjà il y a sa couverture avec ce visage qui vous happe et ce titre qui résonne étrangement et paraît d'autant plus glaçant une fois qu'on a lu ce livre. Ensuite il y a tout le talent de
Paul Hurlink pour rentrer frontalement dans cette histoire et ne rien cacher au lecteur, pas même ce qui est vraiment dérangeant. Alors que beaucoup de livres, notamment parmi les thrillers, me semblent souvent faire une surenchère de violence ou de faits choquants pour appâter et ferrer le lecteur, ici je n'ai trouvé aucune complaisance, aucune volonté de choquer sciemment mais juste une histoire profondément dérangeante et malaisante. Car oui, ce que décrit ce roman est glaçant : comment Louison, adolescente timide et assez effacée, va changer du tout au tout en rencontrant Courtney, reine du grunge et de la provocation, admiratrice absolue de
Kurt Cobain et Courtney Hole, fille d'un père producteur de rock qui la délaisse et orpheline de mère, point commun qu'elle partage justement avec Louison.
Le club des mamans mortes c'est ces années troubles et si mouvantes de l'adolescence où on est prêt à tout pour sa meilleure copine, où il faut faire ses expériences pour grandir... mais parfois comme ici les expériences vont un peu trop loin. Alors Louison suit Courtney et découvre avec elle l'alcool, les drogues, les garçons, la provocation et la rébellion, le fait qu'on peut n'en faire qu'à sa tête, désobéir à ses parents et refuser toute autorité. Et oui, bien sûr, tout ça finira mal car on sait dès le début que Louison, quelques années plus tard, tente désespérément de recommencer une nouvelle vie, loin de sa ville natale, sous une autre identité et surtout sans sa copine. Car
le club des mamans mortes c'est aussi une histoire d'emprise, une histoire dans laquelle on ne sait jamais très bien où est le mal, qui manipule qui et si Courtney est juste une petite fille paumée sans sa maman ou une psychopathe tenant tout le monde sous sa coupe. Une chose est sure,
Paul Hurlink possède un talent certain pour raconter une histoire, pour brosser des portraits de personnages plus vrais que nature, ces adolescents à la fois attachants et horripilants, ces adultes qui semblent avoir abdiqué toute autorité et être perdus face à ces enfants grandis trop vite. Les pages se tournent toutes seules tant on veut reconstituer l'histoire, comprendre comment tout ça a mal tourné et ce qu'ont vraiment fait les adolescents (la police étant impliquée et Louison sous contrôle judiciaire, on comprend bien dès le début que les choses ont dérapé).
Ce roman m'a emportée dans un tourbillon, m'a secouée, m'a littéralement happée sans que je puisse le lâcher. Je me suis attachée à Louison a point d'espérer jusqu'au bout (et alors que le dénouement est connu dès le début !) que celle-ci sache s'arrêter à temps avant de commettre l'irréparable, qu'un adulte se trouve enfin sur sa route pour lui parler et l'écouter. J'ai frissonné et poser le livre parfois tant certaines scènes sont franchement horribles, pas par une surenchère de violence ou d'atrocités, mais juste par ce qu'elles impliquent d'humiliation ou de soumission à plus fort que soit. Un roman qui sera finalement un coup de coeur, si original, triste et terrifiant à la fois. A découvrir sans tarder !