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Critiques filtrées sur 4 étoiles  

Je fais la connaissance de Bohumil Hrabal avec La chevelure sacrifiée, petit roman autobiographique de 150 pages. Mais quel roman, quelle force narrative et poétique contenue en si peu de pages !
Maryska, probablement la mère de l'auteur, nous raconte, à la première personne, des aventures dignes des malheurs de Sophie, dans un petit village de Bohème, dans les années 1920, au moment de la naissance de la Tchécoslovaquie au sortir de l'effondrement de l'empire austro-hongrois. Elle compose un drôle de couple avec son mari Francin, gérant de la brasserie dans laquelle ils vivent, lui, sérieux, méticuleux, pondéré, voire timoré, et elle, vive, fantasque, exaltée, toujours prête à enfourcher son vélo, à faire de l'escalade sur la cheminée de l'usine, à manger et à boire goulûment les saucissons qu'elle confectionne avec le charcutier et de la bière.
Intrépide, elle aspire à une vie intense, et ne connaît pas les dangers. Elle a d'ailleurs failli se noyer à deux reprises quand elle était enfant, en tombant dans la rivière puis dans un puits.
Maryska, c'est avant tout une chevelure d'or, magnifique, indomptable, qu'elle porte comme un étendard, une chevelure dont le poids peut la faire basculer en arrière, dont la longueur peut se prendre dans les rayons de la bicyclette, une chevelure qui pourrait la faire s'envoler mais qu'elle choisira à la fin du roman, comme le titre l'indique, de sacrifier. Au nom de quoi la sacrifiera-t-elle ? de la liberté, de l'indépendance ?
Ce couple mal assorti, mais amoureux, est bientôt rejoint par le frère de Francin, un personnage tonitruant, haut en couleurs, dont les excès en tous genres vont rapidement conduire le président de la brasserie à le forcer à y travailler et s'y installer.
La chevelure sacrifiée, ce sont toutes ces péripéties drolatiques, nimbées de poésie, narrées à un train d'enfer, avec une langue riche et précise à la fois, dotée d'une grande puissance d'évocation.
Les magnifiques premières pages consacrées à l'entretien des lampes ventrues à mèche, les scènes de course folle de chevaux, de confection des charcuteries, de préparation des barriques, de réparation des chaussures par le frère de Francin, laisseront sûrement un souvenir durable.
Point de traces de propos politiques ou de critiques sous-jacentes du régime alors en place en Tchécoslovaquie quand le livre a été écrit. Pourquoi Bohumil Hrabal a-t-il dû l'éditer sous la forme de samizdat, ce système clandestin de circulation d'écrits interdits dans les pays du bloc de l'Est ? Cette chevelure folle, indisciplinée, à l'image de sa propriétaire, symbole de vitalité et de contestation risquait-elle d'entraîner le courroux des dirigeants de l'époque ?

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A-t-on souvent aussi bien écrit sur des cheveux ? Cette chevelure, c'est celle de la narratrice, Maryška, épouse du gérant d'une brasserie dans la Bohême communiste. Une chevelure aux boucles démesurées, surabondante, baroque, tout comme l'appétit de vivre de cette héroïne excentrique, que Bohumil Hrabal fait vivre avec une verve lyrique et cocasse. En contrepoint, le mari de Maryška est un homme mesuré, plus inquiet et taciturne, qui forme avec elle un couple tendre et particulièrement attachant. Autour d'eux gravitent quelques personnages de comédie, au fil de douze saynètes traversées d'un souffle épique.

Démesurées elles aussi, les longues phrases en plis et replis évoquent de manière presque charnelle un monde de malt, de houblon, de chair à saucisse (la scène de la bataille de sang de boudin est formidable !). Dans cet îlot, où l'on se caresse et l'on rit à gorge déployée, Maryška vit dans un présent immédiat, qu'elle emplit tout entier avec une force peu commune. Autour d'elle on convoque bien souvent un âge d'or dont il ne reste plus grand chose, alors que la modernité accourt à toutes jambes, réservant surprises et scandales - au premier rang desquels figure le raccourcissement de l'homérique chevelure. le courant d'air frais qui flotte désormais autour de la tête de Maryška, quand elle roule à vélo, annonce des temps nouveaux...
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Un bon moment de lecture avec Maryska, Francin, l'oncle Jo et les autres personnages.
En ce début de XX ème siècle les "aventures picaresques, loufoques, réjouissantes, truculentes de Maryska, féministe sans le savoir, grande buveuse de bière, ne se souciant en aucune manière du jugement des autres, ne se préoccupant que de l'affection de son Francin de mari, découvrant l'érotisme et pour qui elle sacrifiera sa magnifique chevelure
Un beau portrait de femme libre et d'un mari en admiration toute contenue
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Par les temps qui courent voici un roman nécessaire ! Savoureux il relate quelques tranches de vie d'un couple foncièrement amoureux dans une petite ville de Bohème dans années 1920. le contraste entre Maryska et Francin est saisissant. Elle est une femme sensuelle, débordante de vitalité, toujours prête aux éclats de rire et aux facéties clownesques. Lui est toute en retenue, inhibé, soucieux des règles et des convenances. le couple vit dans une brasserie où Francin est régisseur.

Le livre est court mais d'une densité peu commune. Je me suis plongé avec délectation dans cet univers de production et de consommation de bière. J'ai suivi Maryska dans ses déambulations au milieu de la fabrique où son excentricité se traduit par des comportement drôles et saugrenues. Excentricités encore avec l'oncle Jo, personnage truculent nostalgique de l'Empire déchu. Avec lui Maryska est capable d'audaces candides conduisant à des déconvenues mais aussi à des moments burlesques. La flânerie sur la cheminée de la fabrique par exemple. Ou encore la réunion du conseil d'administration. Elle se transforme, à l'effroi de Francin, en une bouffonnerie. Tous les participants à la réunion échauffés de cette bonne humeur en viennent à y participer.

Dans ce monde rural et traditionnel, la modernité point le bout de son nez avec l'introduction du télégraphe. Maryska avec sa gourmandise habituelle semble l'attendre. Au point de sacrifier sa longue chevelure dont elle dit qu'elle fera "partie des souvenirs de la ville".



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