Je vivais dans la peur, peur de la cravache du Mafflu, peur des sangsues, peur qu’on me tue d’une balle ou qu’on me fasse éclater le crâne à propos de rien. Car ils étaient ainsi, imprévisibles et féroces, sans pitié, et je savais que ma vie ne tenait qu’à un fil, je savais qu’ils étaient fous, incurables et cependant méthodiques dans leur folie, le sergent, le Mafflu, les hommes avec leurs yeux de drogués, le bep qui m’aurait assassiné, le rire aux dents, qui un jour m’a lâché dans les jambes une bassine d’huile bouillante, j’ai sauté de justesse.
On disait que pour eux et pour leurs femmes couvertes de bracelets et de colliers d’argent, rien n’avait changé depuis deux mille ans, qu’ils régnaient dans leurs montagnes, arrogants guerriers. Une vadrouille à faire avant qu’on les civilise, qu’on leur apporte la brosse à dents et le papier-monnaie, une tendance qu’ils avaient ici, nos efficaces colons.
Il n’y a que dans les romans ou dans les situations très définies que les rapports sont à peu près clairs, le plus souvent il y a une marge d’incertitude. Les relations, c’est le règne de l’ambiguïté, on navigue à l’estime, à coups d’à-peu-près, une vérité, une connerie. L’ennui, c’est qu’il faut sans cesse trancher, décider, aller de l’avant.
On est tous un peu masqués et pas le même masque pour tout le monde, ce qui complique encore les choses, ainsi, moi, tellement épris de vérité, j’avais tout un côté maquereau, rouleur de rombières, trapéziste de charme.
Les soldats de la garnison ne sont pas des gars faciles. On en raconte d’ailleurs pas mal sur leur compte, surtout sur celui du sergent, un maniaque du service, un lunatique aussi.
Littérature
(Le débat commence entre le public et les chroniqueurs à propos d'un article écrit par
Matthieu GALEY sur
Jean-Paul SARTRE, après son refus du prix Nobel, et dans lequel,
Matthieu GALEY explique "qu'il est devenu malgré lui, un auteur lu par les
bourgeois").
Sont abordés, les livres :
- " Histoire de Georges Guersant", de
Jean HOUGRON
- " L' État sauvage", de Georges...