Quel beau cadeau ! Merci beaucoup à Babelio et aux éditions
Bruno Doucey pour l'envoi de ce livre, qui préfigure le thème de cette année du Printemps des poètes: l'éphémère," ce chant de l'érosion des jours", " cette fragilité consentie d'où l'on tire le meilleur de la vie", comme l'écrit si justement
Bruno Doucey, dans le prologue.
Dans ce recueil, l'éphémère est décliné en acrostiche, e comme envol, p comme passion, h comme humanité, e comme enfance, m comme mémoire, e comme énigme, r comme rêve, e comme éternité. Des poètes contemporains ( et de nombreuses femmes, ce qui me réjouit!) ou pas brodent sur le thème, réinvestissent l'instant fugace, font entendre un chant fragile mais si intense. On y lit
Jeanne Benameur,
Yannis Ritsos,
Hélène Cadou, mais aussi, moins connus, Dimitri Porcu,
Brigitte Broc et tant d'autres. Un vivier réjouissant de voix poétiques.
J'ai particulièrement aimé l'association de l'éphémère avec l'envol .Ces insectes qui ne vivent que quelques jours ou semaines , libellules, papillons évoquent tellement , par-delà leur beauté délicate, un effacement programmé en écho à l'impermanence humaine. le poème de Louis -Philippe Dalembert l'illustre magnifiquement, en voici la fin:
" le papillon s'agite
volubile et fugace
pareil à ceux
de l'enfance abolie
qui lui dira
qu'au bout de tant éclaboussures
de tant d'élytres et d'antennes lustrés
qui lui dira qu'au bout du jour
à l'heure où l'air retrouve
calme et douceur
l'attend
la mort
implacable et brutale"
L'ensemble est inspiré, varié, et questionne l'ici et maintenant. En bonus, la fin du recueil nous offre quelques collages de l'éphémère d'
Ernest Pignon-Ernest, qui explique aussi son travail.
" Saisir l'éphémère qui est là et s'évade " et paradoxalement céder au " dur désir de durer" d'
Eluard, tel est le défi humain, son espoir absolu...