L'auteur a enquêté au sein de l'Éducation Nationale sur les circonstances ayant conduit à l'assassinat de Samuel Paty. Il a cherché à savoir pourquoi et comment ce professeur s'est retrouvé isolé et finalement pointé du doigt par son administration. Ses conclusions sont plutôt cruelles.
Aujourd'hui dans cette institution, « tout se passe comme si le professeur était le fautif potentiel qu'il était très important de garder à l'oeil. Non seulement le comportement possiblement déviant du professeur fait l'objet d'un contrôle hiérarchique chaque fois plus méticuleux, mais l'élève est encouragé à prendre toute sa part dans ce nouveau jeu disciplinaire. » Un seul mot d'ordre : pas de vague.
Di Nota juge sévèrement le concept d'« école de la confiance » instauré par la loi de 2019 : l'interaction éducative est ainsi instituée sous la forme d'un partenariat, chaque partenaire (élèves et leurs parents d'une part, professeurs de l'autre) ayant un droit égal à contrôler l'exemplarité de l'autre. Il questionne : « En quoi l'enseignement de Bérénice est-il conditionné par la confiance qu'un élève veut bien accorder à son professeur ? ». Il relève les faux semblants de ce pseudo-égalitarisme : un élève accusé d'avoir insulté un professeur risque quelques jours d'exclusion, alors qu'un professeur accusé d'avoir insulté un élève risque de voir sa carrière compromise.
Samuel Paty est assassiné le 16 octobre 2020. le 5 et le 6 octobre, il a illustré son cours sur la liberté d'expression en montrant à ses élèves des caricatures de Mahomet issues du matériel pédagogique officiel de l'Éducation nationale. Il a pris la précaution préalable d'informer ses élèves et d'inviter ceux d'entre eux que ces images pouvaient choquer à fermer les yeux ou à sortir momentanément de la classe. le 6 octobre, après l'appel d'une mère d'élève l'accusant d'un traitement raciste contre des élèves musulmans, Paty a été sommé de s'excuser par la principale du collège, ce qu'il a fait. Aucune vérification du « traitement raciste » n'a été réalisée. Deux jours plus tard, un appel anonyme renouvelant ces accusations amène un vif débat au sein de l'équipe enseignante. Deux collègues se désolidarisent de Paty, considérant qu'il a commis une faute grave.
Le « référent laïcité » de l'académie est missionné pour « apaiser la communauté éducative ». le 9 octobre, il juge dans son rapport que le professeur a « froissé les élèves », sans apporter d'éléments factuels à l'appui de son affirmation, alors que les élèves présents au cours de Samuel Paty témoignent exactement du contraire. le référent laïcité prétend également que « l'erreur a été reconnue dès les premiers appels des parents, tant par la principale que par l'enseignant ». le 11 octobre, Samuel Paty se défend par courriel de l'accusation dont il fait l'objet et s'étonne que l'on puisse croire qu'il ait exclu des élèves de son cours sur des bases religieuses.
Le 13 octobre, Samuel Paty se rend au commissariat afin de répondre d'une accusation de diffusion d'images pornographiques portée par le père de l'élève accusatrice, laquelle n'a pas assisté au cours. Il déclare : « Je n'ai commis aucune infraction dans le cadre de mes fonctions ».
Commandé après l'assassinat, le rapport de l'Inspection générale de l'Éducation paraît le 3 décembre. Il dissèque les mensonges de l'élève accusatrice et de sa mère. Cependant il dédouane totalement le référent laïcité qui a prétendu sans preuve que Samuel Paty avait commis une « erreur ». Pour lui, le fait que l'enseignant ait « froissé » les élèves (il ne dit pas lesquels) est la preuve qu'il a mal compris les règles de la laïcité. le rapport distribue des félicitations à tous les services concernés, au collège et à l'échelon académique. Tout le monde a bien fait son travail. Circulez, il n'y a rien à voir.
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Il est mort de quelque chose; et cette chose porte le nom d'une sorte de monstruosité théorique : l'antiracisme islamiste. L'antiracisme islamiste n'a pas été conçu pour lutter contre le racisme, et encore moins pour lutter contre le djihadisme, mais pour corriger les effets de l'islamisme par le victimisme. Empêcher que les musulmans ne se posent des questions, prévenir l'autocritique, conforter les masses dans leur propre nescience en reportant le crime sur le gouvernement français : tout cela demande du travail,et il faut bien que quelqu'un s'y attelle.
Sans la destitution de l'enseignant et la sacralisation dévastatrice de l'élève, le témoignage de la petite Z. n'aurait jamais acquis la moindre importance
David di Nota - Ta Femme Me Trompe .David di Nota vous présente son ouvrage "Ta Femme Me Trompe" aux éditions Gallimard. Rentrée littéraire 2013. http://www.mollat.com/livres/di-nota-david-femme-trompe-9782070141838.html Notes de Musique : 02 I am falling