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Critique de ChtiBaboun


Voici un roman emplit de soleil,de vent, de garrigue, de pierre, de tragique et de destinée humaine. Gioacchino Criaco connaît bien cette région car il s'agit de la sienne : La Calabre.
L'Italie du Sud pauvre et écrasée de soleil.
Nous sommes à Africo, en bordure de mer et au pied de l'Aspromonte. le bleu de la mer Ionienne répond à la pierre éclatante de lumière. le vent codifié la vie. " le vent ne détruit pas la vie, il la déplace seulement d'un lieu à l'autre ". Et ce vent est zéphyr, libeccio ou bruschiu
Un danger d'éboulement à fait que l'État ( les autorités) à déporté les habitants d'Africo sur la côte malsaine et marécageuse.
C'est un jeune garçon, au début du roman qui va nous raconter son village. Un village abandonné, pauvre où les trains ne s'arrêtent pas. Ils ralentissent juste pour que les collégiens puissent les prendre au vol.
Ce jeune garçon s'appelle Nicolino. Il vit avec sa mère et sa fratrie dans une " rughe": 2 bâtiments dessinant deux fers à cheval carré, sabot contre sabot : seize logements pour seize familles qu'elles soient d'une personne ou de dix - chaque logement avait deux pièces, une petite cuisine et une toilette. ( page 24)
Dans ses rughes il y a peu d'hommes, car ils ont émigrés pour l'Allemagne afin de trouver un emploi.
Ce sont les mères qui gèrent le village.
Nicolino à deux grands copains Antonio et Filippo avec lesquels il fait les 400 coups.
Nous allons suivre l'adolescence et le début de la vie d'adulte de ces trois copains. Une adolescence entre fêtes, rites religieux, solidarité, désagrégation sociale, le tout chapeauté par les mafias qui sont à l'affût.
Gioacchino Criaco implante son roman dans la deuxième partie du 20ème siècle. Des petites touches, des événements permettent de situer les années, mais sans plus.
Là n'est pas l'essentiel.
L'essentiel est dans ce creuset calabrais où la lutte des classes, les mafias régissent la vie de chacun.
Cela sent bon le cinéma italien des années 1970 -1990,le cinéma des Frères Taviani, le cinéma engagé d'Ettore Scola et Luigi Comencini.
La Maligredi est un roman social, une épopée entre mythe et tragédie. Les côtes calabraises bordées de la Mer Ionienne reçoivent toujours les embruns mythologiques grecs.
A la fin de cette lecture il me reste des bruits de trains, des bruits de luttes sociales, des bruits de pistolets mais aussi le bêtement des brebis et le ressac de la mer.
Il me reste les odeurs de fausse sauce, de pâtes aux pommes de terre, de cyste de garrigue et surtout l'odeur du jasmin que ramassait les mammas. Une odeur douce et suave à l'exact opposé de ce travail ingrat que le ramassage du jasmin.
Un livre remarquable .
Il existe toujours des lieux de lutte, de souffrance de tragédie , mais aussi des lieux d'espoirs où le vent soufflent sans se lasser.

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