j'ai découvert cette série en fouillant dans la bibliographie d'Éric
Corbeyran, auteur que j'apprécie particulièrement et duquel j'essaie de me procurer les travaux.
Ce premier tome nous conte les aventures surnaturelles, paranormales d'une jeune médium prénommée Asphodèle ( pour les néophytes, sachez que l'asphodèle est une fleur sombre présente au royaume d'Hadès dans la mythologie grecque!), dont on devine dans les premières pages qu'elle traîne un lourd passé et une longue expérience du paranormal derrière elle. Il pose avant toutes choses les enjeux de ce récit, qui tiendra seulement sur les deux premiers tomes, en nous présentant les différents protagonistes, au nombre de 5. Chacun sera présenté dans une expérience traumatisante très personnelle qui les poussera chacun à se retrouver. Car nous apprendrons bientôt que les 3 personnages masculins, fil conducteur de l'histoire, se connaissent et partagent également un passé lourd. Ce passé, nous le découvrirons au fil des pages, et nous apprendrons qu'il est lié à une rencontre étrange durant leur jeunesse. Puis vient la présentation d'Asphodèle, dont on ne sait pas grand chose mis à part le fait qu'elle est présentée comme une sorcière. Mais loin de nous l'image de la vieille édentée se promenant avec ses gri gri rocambolesques et marmonnant à tout va un dialecte incompréhensible. Asphodèle est une jeune femme tout ce qu'il y a de plus ordinaire, d'autant plus ordinaire qu'elle a décidé de raccrocher et de ne plus intervenir dans le surnaturelle que d'une manière théorique en présentant des conférences et en vendant des bouquins sur le sujet. On devine alors assez facilement qu'un événement choquant l'aura marqué au point qu'elle ne veuille plus retremper dans le paranormal. On devine aussi aisément que le scénariste ne s'est pas échiné à lui inventer ce passé là pour ne pas s'en servir plus tard, pour ne pas qu'il devienne le centre du récit et la base psychologique du personnage, principal rappelons le. Alors tout cela paraît un peu convenu, un peu prévisible et ça l'est sans aucune moindre mesure. Et pourtant ça fonctionne plutôt bien, on se laisse happer par la lecture et l'intrigue.
Ce tome 1 construit donc une intrigue sur un fond d'enquête paranormale dans laquelle Asphodèle, d'abord réticente, finit par accepter de replonger dans les méandres du monde astral afin de découvrir l'identité de cet esprit qui torture nos 3 ploutocrates. Oui car j'ai oublié de préciser que les trois personnages masculins qui embauchent la belle sont d'anciens étudiants à qui tout a réussit, l'argent, le pouvoir, la notoriété, la drogue, les fêtes.... Ce qui instaure un parallèle intéressant entre eux et Asphodèle, d'abord au point de vue des genres ( Asphodèle fait d'abord appel à une amie à elle afin de traiter l'affaire), puis d'un point de vue des situations ( les 3 hommes sont riches, elle tente de vendre quelques bouquins de son crû pour vivre).
Corbeyran fait osciller son récit vers le spiritisme, le paranormal, le surnaturelle ou le fantastique. Il évoque même la possibilité d'une entité démoniaque et d'une secte, mais sans jamais fournir de conclusion, ce qui laisse tout le loisir au lecteur de faire sa propre conclusion, ou d'être perdu. On navigue sans cesse sans trop savoir où on va, ni où l'auteur veut nous emmener ( le sait il lui même?) mais le tout reste cohérent et finalement, c'est presque sans surprises que les dernières pages de ce tome arrivent et nous laissent sur une impression de déjà vu. Néanmoins le personnage d'Asphodèle reste très attachant. En effet, en quelques lignes,
Corbeyran a créer une réelle attirance pour le passé de son personnage, et cela tient surtout à son refus répété de replonger dans l'abîme, abîme dont on ne sait encore rien à ce stade. le secret qu'elle garde nous interpelle et ce désir de savoir est renforcé par le tangage volontaire de genre instillé par
Corbeyran dans le traitement de son récit.
Donc rien de bien extraordinaire mais un petit quelque chose d'indéfinissable qui vous attrape quand même, cette envie primaire de savoir ce qui va suivre...