Mon opinion de cette ouvrage est partagée.
En effet, d'un côté un grand soin a été prêté au livre. Il est imprimé sur un très beau papier mat qui permet de bien rendre les dessins de Gauguin et leur matière. Les reproductions sont grandes et permettent de bien voir le coup de crayon de Gauguin. les peintures, elles sont souvent reproduites en petit. Elles mériteraient d'être plus grande. le problème est plus pour moi le texte. Ce dernier est certes bien écrit mais j'aurais souhaité une analyse plus poussée du travail du dessinateur. Ce livre a pour sujet les dessins bretons de Gauguin mais on en apprend peu sur ces derniers. Ils sont plus le prétexte à une biographie et à parler de ses séjours en Bretagne.
Mais c'est toujours avec un grand plaisir que l'on peut feuilleter ce beau livre et s'émerveiller devant le talent de l'artiste.
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S l'on inverse la méthode d'analyse et si l'on accorde au dessin la priorité dans l’œuvre bretonne, on s'aperçoit de leur importance non seulement dans l’élaboration de cette nouvelle esthétique -le synthétisme- mais aussi dans la confection d'un répertoire d'"images" utilisées ensuite par le peintre suivant différentes techniques, de la peinture à la gravure en passant par la sculpture et la céramique ou les éventails décoratifs, et dont il va se servir tout au long de sa vie, jusqu'à Tahiti et aux Marquises, en développant divers thèmes transversaux.
Maurice Denis, l'ami de Serusier, explicitera la démarche de Gauguin: "il n'y a pas leu de copier, de reproduire la nature telle que nous la voyons, mais de la "représenter", de la transposer en un jeu de couleurs vives, inscrites dans une arabesque simple, expressive, originale, pour le plaisir des yeux: retour à la teinte plate, au coloriage des images d’Épinal, au hiératisme des Egyptiens, des Byzantins, des fresques romanes, à l'art des peuples enfants. "
La gamme colorée et les innovations de composition des quelques dessins qui nous sont parvenus et de la douzaine de toiles peintes sur place sont particulièrement audacieuse, montrant un degré plus élevé de liberté et de hardiesse et n'ayant plus rien à voir avec l’impressionnisme: sa vision de la nature s'épure, ses couleurs gagnent en franchise et en saturation, le dessin est assoupli et amplifié, les masses colorées sont affirmées.
Dans la rude Bretagne aux traditions ancestrales, il essaie de retrouver ce qu'il est allé chercher au Panama et à la Martinique: une vie simple et "sauvage" lui permettant d'éprouver des perceptions naturelles et de découvrir les savoirs primordiaux et les mentalités "primitives" encore épargnées par les pesanteurs sociales de la civilisation occidentale. Il cherche aussi à élucider ses propres aspirations à un art différent.
Ernest Chaplet a fait ses débuts comme peintre sur porcelaine à la manufacture de Sèvres et a travaillé pour la firme Haviland avant de s'établir à son compte en 1886. il est considéré comme le céramiste le plus inventif de son temps. Son atelier, rue Blomet, est voisin de celui de Gauguin, rue carcel. Chaplet lui propose de faire des vases dont ils partageront les bénéfices.