Le titre même de cet ouvrage est déjà en soi, une invitation au voyage, aussi bien littéraire que géographique. C'est d'ailleurs lui qui me l'a fait sélectionner dans la longue liste de Mass Critique. A vouloir passer des vacances, il y a quelques années en Vendée et cet été en Bretagne, on ne revient pas complètement indemne de ces terres simples, rudes et authentiques. Même la pluie revigorante nous fait oublier sans aucun regret le soleil publicitaire d'autres rivages et nous remet dans le sens de la marche du temps, la vraie vie. C'est sur les rivages de la Rochelle que s'est posée la maison d'édition «La Découvrance » qui m'a permis de découvrir ces marins écrivains. Qu'elle en soit ici remerciée.
Le livre est de couleur bleu profond et délivre des poèmes, des nouvelles, des récits, des essais… bref on se demande, avant de commencer, si l'on ne va pas en quelque sorte sauter du coq à l'âne, si des contributions aussi variées ne vont pas s'étaler sans véritable point commun autre que l'univers maritime. Assez étrangement, une unité, une cohérence se fait dès les premières phrases car nous, lecteurs, entrons dans une espèce de promenade intime avec ces hommes, ces personnages parfois, qui affrontent l'immensité de la mer. de ce paradoxe naissent des lignes touchantes qui ouvrent un peu plus le champ du personnel, de l'aventure vécue de l'intérieur, là dans la chair et le coeur.
Nous y croisons Jeanne, fille et épouse de marins, qui ne verra la mer qu'à l'âge de vingt ans. Il y a aussi Guillaume, élève officier que l'on suit pas à pas dans son premier embarquement, La Cuite chien au pied marin qui tangue sous la bière à chaque escale, Jef, Fanch, une sirène réconfortante et tant d'autres. Chaque histoire est une pièce colorée à ajouter au canevas scintillant d'une mer intérieure, changeante et troublante. J'ai été ému, bouleversé quelquefois par ces destins. J'y ai retrouvé, moi le fils de métallurgiste, le neveu de mineur, l'âpreté mais aussi la bienveillance, le rustre parfois mais simple appétit de vivre des gens modestes, qui savent que rien ne dure toujours.
Ces écrivains-là ont la littérature modeste, ce qui ne signifie pas sans qualité, bien au contraire. Chacun a choisi ses mots un à un, dans le plus grand calme et avec le plus grand soin ; le style, parfois brillant, s'efface au profit du contenu. En somme, ils ne « s'écoutent » pas écrire, ne se pavanent pas devant le lecteur béat et pourtant, à chaque point, font mouche.
Voilà, c'est du bel ouvrage que ce recueil-là, il a dû demander à l'éditeur des choix réfléchis pour arriver à cette belle harmonie. Je ne saurais trop en recommander la lecture à tous les marins à l'ancre qui souhaiteraient goûter au grand large. de mon côté, j'espère encore pouvoir m'attabler en terrasse, quelques instants, avec Baptiste le chauffeur ou Yakouba, partager un verre et quelques mots en regardant danser l'océan…
Commenter  J’apprécie         10
Les mers et les océans, à l'instar de la montagne ou de l'espace, fascinent et sont à l'origine des plus belles pages de la littérature mondiale. Cependant, encore faut-il savoir transmettre par écrit cette fascination et tous les marins ne sont pas des écrivains-nés.
Ce recueil de textes, tous écrits par des marins, était censé évoquer la splendeur maritime... Il m'a semblé surtout manquer cruellement d'inspiration... et de sel...
J'ai été déroutée tout d'abord par la diversité des textes, allant de la poésie aux considérations techniques des bateaux. Un peu plus de cohérence dans le type des écrits présentés aurait été souhaitable, car ici, le lecteur est passablement perdu.
Et puis, ce n'est pas parce que le lecteur apprécie les aventures marines qu'il en maîtrise parfaitement le vocabulaire ! Certains textes utilisent tant le langage technique, qu'ils en deviennent incompréhensibles ! Des notes de bas de page ou un lexique allégé n'auraient pas été de trop.
Enfin, je m'attendais avec un tel sujet à un peu plus de souffle, de puissance, de tempêtes et de vent dans les voilures... Malheureusement, j'ai trouvé les textes d'une grande platitude et les auteurs peu inspirés.
Bref, je me suis ennuyée ferme...
Ce recueil aurait certainement mérité un travail éditorial beaucoup plus approfondi...
Commenter  J’apprécie         34
« Les marins écrivent à l'encre salée » regroupe une dizaine de textes écrits par des hommes de la mer tels que Pierre Livory, Jean-François Zapata, Jean-Paul Léger et bien d'autres. Venus d'horizons variés, ils ont un point commun : l'amour pour la vie en mer. Tous expriment cet amour sous diverses formes : poésies, anecdotes, nouvelles, ils évoquent ainsi leurs expériences personnelles vécues sur des bateaux modernes ou plus anciens sur tous les océans du monde.
C'est un tort de penser que le fil conducteur de tous les textes est l'amour de la mer éprouvés par ces marins-auteurs, il serait plus juste d'y voir la passion pour la navigation et les bateaux. La mer n'apparaît en définitive qu'en ligne d'horizon. Du matelot au capitaine, les souvenirs bons ou moins bons n'entachent aucunement leur attachement à l'appel du large.
Les textes sont de qualités très inégales, allant du très passionnant au très convenu. Certains auraient pu être enrichis, un manque de rythme, de contenu se fait sentir. La forme ne met pas en valeur leur fond. La diversité des textes est peu équitable : quelques poésies, peu de nouvelles et beaucoup d'anecdotes qui sont assez mal répartis.
Les textes sont courts, rapides à lire. Le livre peut s'emporter facilement dans un sac pour être lu dans le métro, un bus, à la plage...
Vous l'aurez compris j'ai été peu « emballée »par ce livre. Le thème de la marine n'est pas dans mes goûts. J'ai aimé le format des textes mais leur contenu est un peu rébarbatif pour les néophytes.
Commenter  J’apprécie         10
C'est un bout de rocher, propice à la tempête,
Un petit coin de terre, où s'entassent les grains;
Tous les oiseaux de mer en ont fait la conquête,
Et nichent à la volée, se riant des embruns.
Mer, J’ai su de toi le sens de l’essentiel, et décanté de large écart la cacophonie d’un bas monde assourdi des hauts cris qu’un simple lendemain passant efface sans écho.
" Homme libre, toujours tu chériras la mer ! "