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Difficile de la faire courte… et pourtant :

Le titre : vous ne l'avez sûrement pas remarqué, il est ponctué d'un point « exclarrogatif », censé indiquer une question teintée d'incrédulité, ou une exclamation incertaine… « ‽ » … comme quoi…

La maison : Kantoken ( Bruxelles ), ambitieux éditeur dont vous n'avez probablement jamais entendu parler ; reliure soignée, traductions inédites d'auteurs à succès nationaux ; à suivre…

Le thème (sorcière) : on en apprend un peu plus sur le sujet que dans le livre de la célèbre Mona Chollet ; il n'aurait par contre pas trouvé sa place dans la collection éponyme des prestidigitateurs de Cambourakis.

Les influences : sans s'en cacher, l'auteur revendique sa parenté avec « Le nom de la rose » d'Umberto Eco, à la manière du « Si par une nuit d'hiver un voyageur » d'Italo Calvino… la cuisine italienne est habituellement plus digeste…

La nationalité : où il est encore question de la Macédoine, qui à l'époque de la sortie du livre (2014), n'était pas encore officiellement « du Nord » ; on notera que ce livre a bien-sûr bénéficié du soutien de son ministère de la culture ; il est là-bas un absolu « best-seller », réédité de nombreuses fois.
Je vous ai déjà parlé de Vlada Urosevic ; cette chère Bookycooky de Rumena Bužarovska et son roman chez Gallimard, le plus populaire ici pour un livre macédonien ; on parlera bientôt de Zivko Cingo, Luan Starova et Tachko Gheorghievski, ce pays, comme toute l'ex-Yougoslavie, bénéficiant d'une florissante littérature, nous parvenant toujours malgré le chat dans la gorge de son principal porte-voix : les éditions de L'Âge d'Homme.

Le résultat : net avantage de la « post-modernité », cette habitude de produire à l'avance les arguments que l'on pourrait lui opposer, pensant ainsi les désamorcer en les moquant.
Ce livre nous mâche le travail, imprimant lui-même une saine et vigoureuse auto-critique dans les dernières pages, à laquelle on ne peut qu'acquiescer (pour ceux qui sont arrivés jusque là), voici :

« On notait généralement que ce roman appartenait à la nouvelle génération des « diarrhées postmodernes risibles » qui ne comportaient pas « un point solide ». On attaqua aussi sa « composition hésitante » avec deux et même trois voix parallèles et non obligées, presque des contrefaçons musicales ; on dit qu'il y avait trop d'essayisme et de limonade littéraire sirupeuse ; qu'il y avait des incohérences dans le processus narratif, (…) ; que le roman n'était pas réussi et n'était qu'un pâle simulacre de la couche linguistique vieux-slave, etc., etc. »

La conclusion : contrairement à l'immense « Vilnius Poker », le potentiel roman national de la Macédoine n'offre rien de bien concluant, malgré quelques passages d'une belle audace, le tout restant beaucoup trop éparpillé, le tic du roman postmoderne poussé ici jusqu'à son toc…
...
P.S: "c'est du Umberto Coelho, LOL".... nous dit LaurentTreves.... pas mieux...
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Je me doutais bien que ce livre allait me surprendre, mais ce fût au-delà de mes espérances. Que ce soit dans la forme ou dans le fond, tout nous sort de notre confort, pour notre plus grand plaisir !

Deux histoires sont imbriquées l'une dans l'autre, a priori sans lien apparent : dans l'une, padre Benjamin interroge sa foi après avoir rencontré une jeune fille rousse, Jovana de Macédoine, recherchée pour sorcellerie par le Grand Inquisiteur de Zagreb, dans la Croatie du XVIIème siècle. Dans l'autre, l'auteur interpelle le lecteur pour lui éviter de tomber trop profondément dans la lecture de son histoire. Sauf que ce qui commence par une "simple" intervention de l'auteur évolue peu à peu.

Ce pavé se présente comme un cahier d'écrivain et se compose de diverses illustrations (photographies, dessins, enluminures, planches scientifiques...). Les interventions de l'auteur sont écrites en italiques pour se démarquer visuellement de la narration à proprement parler.

Tout m'a subjugué dans ce livre.
Il se dégage des deux récits une sensualité merveilleuse, parfois à la limite de l'érotisme. Je pense à deux scènes particulières (fellation et cunnilingus) qui se transforment sous la plume métaphorique de l'auteur en deux scènes très romanesques et poétiques.
Car Venko Andonovski est le maître des métaphores. La nature a la part belle : astres (la lune surtout), feu, eau, vent, escargots et agneaux, mûres noires, pierres, pain, blé... Tout est bon pour dépeindre l'être aimé.

Dans ce roman, l'auteur macédonien interroge aussi bien la foi, en montrant le fonctionnement de l'Église en cette période de grande inquisition, que l'Amour et le travail d'écriture.

Je vais m'arrêter là, espérant vous avoir donné envie de découvrir ce roman inclassable, préfacé par Milan Kundera en personne.
Faites confiance à Venko Andonovski : vous verrez qu'il vous connaît bien !
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Ce livre est un véritable ovni. Pourquoi ? Tout simplement, parce que l’écrivain prend le lecteur à témoin tout au long de l’écriture de son roman. J’explique ! Vous êtes plongé dans le roman, dans l’histoire que Venko Andonovski vous conte. Vous êtes à un moment crucial de l’histoire, à fond dedans. STOP ! Venko interrompt le lecteur et lui raconte sa vie, comment il écrit. Il s’interroge et invective le lecteur, il dévoile sa vie. Voilà pourquoi c’est un ovni. Avant de reprendre le cours de son roman. Et c’est comme ça tout au long du livre.

Et bien, moi je m'y suis bien trouvé dans ce roman. J’ai adoré l’écriture de Venko. Tout y est, le suspens, l’amour, l’horreur, la joie, les rires, les pleurs… Et d’ailleurs heureusement qu’il y a des interruptions, car il y a des scènes de tortures atroces, difficilement soutenables. Il faut dire que l’histoire tourne autour de la chasse « aux sorcières ».

Ce roman est inracontable. Bien sûr tout est lié, l’histoire et la réalité. Alors si vous voulez en savoir plus, ne passez pas à côté, ce serait vraiment dommage, vous rateriez quelque chose !

Dépêchez-vous, car c’est une petite édition et il n’y en aura pas pour tout le monde. Et encore une fois, merci à Jean-Louis, mon libraire, de m’avoir conseillé ce roman.
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Dans sa préface, Milan Kundera dit de Sorcière qu'il est un "grand roman européen" et un "roman inracontable". Il est effectivement difficile à résumer.

L'auteur macédonien Venko Andonovski parle ici d'un génocide qui a fait près d'un demi-million de victimes entre le Xème et XVIIIème siècle en Europe : les femmes qui étaient accusées de sorcellerie.

Entre deux époques, on suit Padre Benjamin en 1633 à Zagreb au temps de l'inquisition, un homme intelligent, proche du Pape et de Galilée et qui est horrifié devant les pratiques de tortures et les accusations infondées dont sont victimes des femmes innocentes. En parallèle, à notre époque et dans un autre style de narration, un homme quadragénaire qui se dit l'auteur de ce roman interagit avec humour et sincérité directement avec les lecteurs. Mais également avec une jeune étudiante en médecine qui se prête au jeu de cet homme perdu entre histoire passée et réalité.

Le roman est prenant entre ces histoires d'amour intemporelles, ces mélanges entre passé, présent, fiction et réalité, ces aventures tragiques et mystérieuses et ces passages philosophiques qui dénoncent les pratiques barbares et cruelles qui ont lieu dans toute l'Europe dans le seul but de combattre l'hérésie.

Un très bel ouvrage agrémenté de photos et schémas que j'ai pris plaisir à découvrir grâce à la maison d'édition Kantoken et à l'opération masse critique de Babelio que je remercie.
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Voilà un livre que j'aurais adoré adorer. Un auteur slave, un sujet piquant, une forme originale, une recommandation de haut vol (rien de moins que Milan Kundera)... Seulement voilà, il ne s'agit pas d'un roman.
Alors soit on accepte cet état de fait, assumé et revendiqué à de nombreuses reprises par l'auteur qui s'amuse à multiplier les mises en abîmes de l'auteur, du lecteur, des protagonistes du roman historique, des protagonistes de la fiction contemporaine et des protagonistes de la fiction dans la fiction... jouant sur le fond comme sur la forme. Soit, donc, on accepte, soit on s'agace.
Et c'est ce qui m'est arrivé, ne parvenant pas à trouver de l'intérêt dans les digressions sans fin où l'auteur nous fait part de ses convictions sur la chasse au sorcière entre deux scènes historiques, où l'auteur décrypte ses "trucs" d'écriture entre deux scènes stylisées à outrance, ou encore où l'auteur interpelle le lecteur et à qui - 3ème degré ? 4ème degré ? - il attribue des parties entières du manuscrit...
J'ai alors tenté en cours de lecture de sauter les digressions en italique, pour ne plus m'intéresser qu'au roman historique proprement dit, mais hélas, le récit s'est avéré pauvre, mièvre et tellement prévisible. Les ficelles qu'il dénonçait n'en apparaissaient que plus grossières.
C'est dommage, mais cette lecture reste finalement intéressante car étrange et iconoclaste.
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Intrigué par les quelques mots de Kundera, quand même, j'ai acheté le kindle par curiosité.
D'abord un peu découragé par la taille du texte je me suis vite laissé prendre et puis c'était parti : l'histoire du moyen-age, les 2 filles du présent, l'auteur qui nous parle et nous raconte ses problèmes et la fin, les fins ! On est dedans. Un côté Umberto Eco en moins intello, plus quotidien.
Je vais en offrir quelques uns. Allez-y vous le regretterez pas !
C'est du Umberto Coehlo, LOL
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Extraits de la préface de Milan Kundera :
L'histoire de l'art du roman approche discrètement de sa fin. Même la critique littéraire, qui occupait jadis une grande place dans tous les journaux, n'y apparaît aujourd'hui que de plus en plus rarement. Et, bien sûr, plus un pays est petit, moins ses livres sont connus à l'étranger et plus ils ont de mal à trouver un public.
La Macédoine. Parmi tous les piétons qui passent autour de moi dans la rue, combien savent ce que ce mot veut dire ? On éprouve une sorte de tristesse quand on pense à la solitude dans laquelle se trouve forcément un grand romancier de Macédoine. Et encore plus si ce romancier n'a pas écrit son roman en vue de bien le vendre, mais pour qu'il dise ce qui n'avait pas encore été dit. Tel est le cas de Venko Andonovski et de son roman, Sorcière ‽, qui, en plus, est un roman trop moderne, c'est-à-dire, dans mon jargon personnel, un roman du troisième temps.
[...] Dans Sorcière ‽, Andonovski ne veut pas seulement décrire un milieu et la vie d'un personnage, mais saisir l'insaisissable. À savoir, l'incompréhensible massacre des femmes (d'un demi-million de femmes) accusées de sorcellerie et envoyées aux flammes du bûcher. Ce qu'il raconte, ce n'est pas seulement ce massacre, mais le mystère de ce massacre, d'autant plus incroyable qu'il a pour théâtre l'Europe, cette Europe dont nous sommes habitués à admirer la rationalité, les sciences, l'esprit critique, et que nous considérons pour cela unique au monde.
Mais dans cette oeuvre superbement polyphonique où la variété des procédés narratifs étonne et ravit le lecteur, l'évocation de la sorcellerie est constamment accompagnée, enrichie par des histoires se déroulant dans la vie contemporaine, si bien que Sorcière ‽ devient un grand roman sur l'Europe. Sur le temps passé et présent de l'Europe.
Mais ça suffit. Je ne veux pas raconter ce roman irracontable. Je vous prie de le lire. Avec l'amour qu'il mérite.
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Voici non pas un roman mais un ‘un cahier d'écrivain' traduit du macédoine et avec une préface élogieuse de Milan Kundera. Selon Kundera, ‘Sorcière!?' est une oeuvre de l'ultime et dernière étape du roman, dans la lignée de Kafka, Fuentes et Garcia Marquez. Un texte qui refuse d'obéir à la forme traditionnelle du genre.
Forme expérimentale pour un sujet gravissime car à travers des personnages, qui rappellent par trop ‘Le Nom de la Rose' d'Eco, il est question de la guerre faite aux femmes au cours de la longue période de l'Inquisition en Europe. En effet, le récit principal et historique se révèle absorbant mais il est parsemé de sauts désordonnés vers le présent.
Nous sommes en Croatie très catholique en 1633, soit en plein milieu de la Guerre de 30 Ans. Certes, ce funeste épisode ne fait pas partie de l'intrigue, mais l'intolérance, la suspicion et même la franche vindicte contre les femmes sont de règle. L'héroïne, présumée sorcière et vouée au bûcher, vient de Macédoine, région orthodoxe et sous contrôle turc. le narrateur est un franciscain, ami de Galilée, et ici il rencontre de près non seulement l'héroïne mais surtout le diable sous les traits terrifiants de l'Inquisiteur de Zagreb. Dieu est absent de la scène. Nietzsche aura-t-il eu 250 ans de retard ?
Le massacre de femmes européennes mérite-t-il un meilleur monument que ce ‘cahier d'écrivain' qui oscille entre le sublime et le futile?
Sûrement, mais un monument même imparfait est préférable à l'oubli. ‘Lest we forget'
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