Sur la terre de personne
Sur la terre de personne, dans la poussière
que foulent ceux qui vont et ce qui viennent
j'ai planté ma tente sans aide
et je regarde s'ils s'en vont comme ils reviennent.
Les uns disent que je suis de ceux qui s'en vont,
bien que je me repose encore du chemin.
D'autres «savent» que je reviens, bien que je me taise;
et ma route bien certaine, moi je n'en parle pas.
J'ai essayé de leur démontrer que là où je vais
c'est à moi, seulement à moi, pour m'y tenir.
Et à l'écoute, ils sourient parce que tous
sont les gens qui s'en vont, mais qui reviennent.
Écoutez-moi une fois : que m'importent désormais
les chemins d'ici, qui valent tant.
Parce qu'une fois j'ai marché, là je me suis arrêtée
pour me fixer dans la terre qui n'est de personne.
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En la tierra de nadie
En la tierra de nadie, sobre el polvo
que pisan los que van y los que vienen,
he plantado mi tienda sin amparo
y contemplo si van como si vuelven.
Unos dicen que soy de los que van,
aunque estoy descansando del camino.
Otros «saben» que vuelvo, aunque me calle;
y mi ruta más cierta yo no digo.
Intenté demostrar que a donde voy
es a mí, sólo a mí, para tenerme.
Y sonríen al oír, porque ellos todos
son la gente que va, pero que vuelve.
Escuchadme una vez: ya no me importan
los caminos de aquí, que tanto valen.
Porque anduve una vez, ya me he parado
para ahincarme en la tierra que es de nadie.
Carmen Conde (1907-1996)
« En la tierra de nadie », 1962 / Traduction de Jeanne Marie (pp. 212-13)
Je ne veux rien savoir
Je ne veux rien savoir...
Ni de cette lumière incertaine
qui s'éloigne vague
ni de cette nue claire
aux contours de conte.
Non plus du magnolia
qui parfume encore peut-être
de sa neige insistante...
Ne pas savoir, ne pas rêver,
mais tout inventer.
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No quiero saber nada
No quiero saber nada…
Ni de esa luz incierta
que retrocede vaga
ni de esa nube limpia
con perfiles de cuento.
Tampoco del magnolio
que quizá aún perfume
con su nieve insistente…
No saber, no soñar,
pero inventarlo todo.
Ernestina de Champourcín (1905-1999)
« Poemas del ser y del estar », 1972 / Traduction de Jeanne Marie (pp. 196-7)
A galopar
Paco Ibañez et Rafael Alberti
Au théâtre Alcala de Madrid le 21 mai 1991