La Voix de la Vengeance est un roman de fantasy d'inspiration gréco-romaine. le monde qui y est dépeint m'a semblé crédible, même s'il faut relativiser le worldbuilding qui n'est pas conséquent. Écrit en première personne, la plume de l'autrice décuple les émotions que l'on ressent pour le personnage. Vaelle est un personnage torturé, victime de la mort de son frère au tout début du roman, et qui, sous couvert de sa vengeance, s'enfonce dans une spirale vengeresse toujours plus dangereuse pour elle.
Le monde qui entoure Vaelle est cohérent dans ce qu'il est : une cité dominée par des aristocrates, et surtout le Bureau, entité qui apparaît surpuissante et censée pérenniser la sécurité de tous face aux pouvoirs des Voix.
Pour commencer, j'ai apprécié ce qu'on peut qualifier de détail : le métier de Vaelle. Une simple tisseuse, mais c'est réaliste et cohérent par rapport à l'époque. En Grèce antique, les femmes sont souvent tisseuses, même s'il me semble avoir lu qu'elles officient bien plus souvent chez elle, dans le gynécée, qu'ailleurs. Mais ce n'est pas totalement la Grèce antique (et de mon ressenti, bien plus inspiré par Rome que par Athènes…).
https://www.nationalgeographic.fr/histoire/une-etude-devoile-la-vie-jusqualors-inconnue-des-femmes-de-la-grece-antique
J'ai moins apprécié l'utilisation de certains mots, comme « le Bureau », qui me sortait un peu de l'histoire. Je les relie bien trop aisément à notre monde actuel et ils anéantissaient mon immersion. J'aurai préféré un mot plus recherché, plus dans le thème gréco-romain.
Concernant la magie, les « Voix » permettent à leurs utilisateurs d'ordonner des effets sur le monde et sur les gens. Ces pouvoirs m'ont tout de suite rappelé les voix de Dune ; des Bene Gesserit principalement et Paul Atréide criant « SILENCE » dans le deuxième film sorti cette année.
Les pouvoirs dans
La Voix de la Vengeance ont une grande importance ; ceux qui manient la Voix sont traqués, quels qu'ils soient, par le Bureau et les Voix qu'ils ont capturées et disciplinées. Cette dissonance nous montre bien la volonté des plus puissants de se protéger d'un pouvoir qu'ils chérissent eux-mêmes, dans une volonté de l'autrice de nous faire détester toute cette aristocratie crasse -et elle le réussit plutôt bien en toile de fond.
Le roman commence fort avec la mort du frère de Vaelle. Un deuil mêlé de tristesse, de colère, mais aussi de désillusion. Eux qui souhaitaient s'enfuir à Oferre pour que Vaelle puisse entrer à l'université. Et bien, c'est loupé. L'annihilation de ce rêve est un point important : il nous permet de comprendre les choix de Vaelle dans le roman. Et encore plus de la comprendre quand elle y renonce.
Car ce roman, c'est surtout une histoire de vengeance. La vengeance qui s'empare d'une personne -Vaelle- pour nous montrer tout ce que l'humain a de plus sombre et d'incohérent. Vaelle devient petit à petit une antagoniste, une personne prête à tout pour faire ce qu'elle pense être juste, quitte à blesser ou sacrifier ceux qui se trouvent sur son chemin. Quitte à prendre tous les risques possibles pour ne serait-ce qu'approcher l'homme qui a tué son frère.
Vaelle est un personnage hyperactif, loin d'être ballotté par les personnages secondaires. Non. C'est elle qui choisit ce qu'il se passe dans le roman, toujours dans la droite ligne de sa vengeance. J'ai énormément apprécié Vaelle et les émotions qu'elle charrie. Mais aussi ses interactions avec les autres personnages, qu'il s'agisse des antagonistes ou non. Parce qu'ils nous permettent de dévoiler d'autres facettes de Vaelle, qu'elles soient lumineuses ou obscures, et de faire d'elle un personnage millefeuille. Vaelle, c'est un personnage qui se dissipe totalement dans son envie de vengeance, et qui nous offre une très belle représentation de ce qu'une telle histoire pourrait donner.
Les personnages secondaires ne sont donc pas en reste. Chacun d'eux nous permet de vivre différentes émotions, qu'il s'agisse de l'empathie et de la colère -et même à l'égard de Vaelle. Il y a beaucoup de personnages gris, ce que j'ai apprécié pendant ma lecture.
Passés les trois quarts du roman, les chapitres et les évènements se resserrent pour alimenter une tension très forte. J'ai énormément aimé cette fin qui se veut exaltante, puissante et riche en rebondissements, jusqu'au dénouement final.
Pour finir, je reviens sur la mythologie gréco-romaine. Vaelle est une fileuse, je l'ai déjà dit avant, et elle me rappelle -dans un certain sens-, l'une des Moires, Clotho, qui tisse le fil du destin avec ses deux autres soeurs. Et
La Voix de la Vengeance, c'est un peu ça : Vaelle tisse le fil de son destin, quitte à mettre à mal celui des autres !
https://fr.wikipedia.org/wiki/Moires
Lien :
https://www.hugosaviard.fr/l..