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EAN : 9782364687431
256 pages
Editions du sous-sol (18/08/2023)
3.65/5   37 notes
Résumé :
La bauge, peut-être demain, après la catastrophe.

Tout n’est que boue à perte de vue.

Au centre, le refuge, où le Jardinier règne en maître sur deux castes : les pelleteux, chargés de repousser la boue, et les puterels, une cour de très jeunes hommes et femmes
privilégiés mais à sa merci. Certains sont nés là et ne connaissent rien du monde extérieur. D’autres, plus rares, sont venus d’ailleurs, par-delà les ruines, et prétendent... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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C'est un roman bien singulier que je viens de finir. Un roman dont le charme étrange et magnétique m'a attirée et emportée par sa force brute et sombre autant que par sa poésie minérale et fangeuse.

Le monde post-apocalyptique d'Ars'o est bourbeux et humide.
Après une catastrophe auquel Ars'o apporte peu d'explications, au lecteur de rassembler les indices afin de reconstituer le fil des évènements qui ont conduit à ce désastre, la Terre est devenue une infâme masse boueuse à perte de vue. C'est un peu comme si les hommes avaient régressé et étaient revenus aux premiers temps mythologiques. J'ai pensé également au mythe de Prométhée.

La boue est un personnage à part entière : mouvante, poisseuse, croupissante, fétide, elle semble vivante, modelant et sculptant les paysages, les redessinant à l'infini.

« Sur la falaise, les coulées ont dessiné des formes comme les insectes qui glissent sur les mares du verger. On dirait des fleurs, des fruits ou des gens qui dansent. Il suit les longs cheveux d'une môme qui volent au milieu des essaims d'abeilles, jusqu'au sol. »

Partout présente, collante, nauséabonde, elle m'a immergée dans un monde en décomposition, en putréfaction. La bauge a imprégné mon esprit pendant toute ma lecture jusqu'à en sentir son odeur terreuse et putride, sa froideur humide, sa dangerosité cachée. Cet univers malsain et insalubre diffuse une atmosphère dantesque et glauque dans laquelle ne peuvent se nicher que la dureté et la sauvagerie.

« Si on dégage pas la bouillasse c'est tout le refuge qui s'effondre. Et le refuge c'est pas seulement les coins secs, c'est le verger. Si la boue l'engloutit, y a plus rien à bouffer, plus rien à tisser, plus rien pour soigner les fièvres… »

*
C'est dans ce décor cauchemardesque qu'une petite communauté s'est installée autour du « Jardinier », un vieil homme qui règne en véritable despote.
Les habitants sont répartis en deux classes : les Pelleteux chargés de repousser et déplacer la boue autour du refuge pour qu'elle ne les engloutisse pas ; les Puterels, des enfants soldats qui, eux, jouent le rôle de garde, de tortionnaire tout en cultivant des légumes dans une zone plus sèche du Refuge. Leur sort semble enviable mais s'ils ne sont pas souillés par cette boue, ils subissent malheureusement les assauts répétés de ce vieillard lubrique et libidineux qui les aiment jeunes et beaux.

*
Lana et Rigal, deux Pelleteux, fatigués et découragés par cette vie éprouvante et risquée à transporter la boue, décident de quitter cet enfer. Dans leur fuite, ils sont bientôt rejoints par un jeune Puterel accompagné d'une Môme, puis d'une vieille folle surnommée la Vieille Truie.
Ensembles, ce petit groupe hétéroclite va devoir lutter et apprendre à se faire confiance pour retrouver leur liberté.

L'auteur fait vivre cette galerie de personnages à travers leurs regards croisés. Chacun a son langage, ses mots, ses expressions. Ils sont particulièrement fragiles, abimés, fatigués et vulnérables.
Lentement, on fait leur connaissance et même si on sonde leurs pensées, ils restent malgré tout énigmatiques, leur volonté de survivre rendant leurs réactions totalement imprévisibles.

*
Vous aurez compris, ce monde précaire laisse peu de place aux sentiments, à la bonté, à la bienveillance, à l'entraide. Ce récit meurtrit, égratigne, blesse, souille, déshumanise, déprime, écoeure.

La vie des Pelleteux est absurde et en ce sens, m'a rappelé le mythe de Sisyphe : alors que Sisyphe est condamné par Hadès à pousser un énorme rocher jusqu'au sommet d'une montagne, les Boueux sous la domination du Jardinier et de ses soldats charrient de la boue dans un perpétuel recommencement.
Dans ce monde sinistre et sans espoir, les habitants rencontrés ne peuvent être que rustres, grossiers, insensibles, indifférents aux autres.
Et pourtant, certains liens sont déjà très forts, indéfectibles dès les premières lignes. D'autres vont se construire sommairement : l'animosité, la peur, la vulnérabilité, l'absence d'empathie vont laisser place à des sentiments plus doux qui pourrait se rapprocher de l'amitié, du respect et de la confiance.

*
Le style d'Ars'o s'ajuste magnifiquement pour se mettre au diapason avec cette immensité dénudée et dépossédée de vie. L'écriture est écorchée, douloureuse, emportée, imagée, délibérément familière et crue, marquée de phrases concises, brusques, rythmées.
La peur suinte de toute part : peur de l'autre, peur de la bouillasse et des coulées de boue, peur de la pluie et de l'eau, peur des blessures et des maladies.
Malgré cela, j'ai ressenti dans ce récit une sensibilité et des émotions esquissées avec subtilité ; une lumière qui dilue doucement l'absurdité de la vie et la solitude ; et paradoxalement, une poésie dans les paysages, les personnages.
C'est aussi une poésie proche des sens, des sensations : elle est tactile, visuelle, olfactive, auditive. Les odeurs nous assaillent sans cesse : odeurs de boue, d'argile, de roche, de métal, de corps sales, de pourriture, de cadavres en décomposition.

Ce monde est insensé, monochrome, austère, rude et même macabre. Dans ce contexte, j'aurais pu être rebutée mais j'ai été au contraire intriguée, fascinée par cette terre qui dégorge et se meurt, par ces personnages tellement atypiques qui souffrent, s'épuisent, luttent, périssent.
Vous pourriez penser que ce livre est morbide, mais pas autant qu'on pourrait le penser. En effet, un humour sarcastique et désespéré, de beaux sentiments émaillent les rapports entre les personnages et des messages plus positifs adoucissent ce récit de survie : l'espoir, la résistance, la liberté, la différence, l'entraide.

*
Pour conclure, ce roman grotesque et monstrueux est une expérience de littérature qui dégoûtent et fascinent simultanément. La laideur, la putréfaction et l'hostilité du monde et des hommes, le style froid et sans fioriture en font un texte assez glauque et sinistre qui peut heurter. Mais des éclats de lumière percent la fange de douces émotions.
Un roman dystopique insolite qui peut séduire les lecteurs en recherche d'un texte différent, atypique, surprenant et immersif.
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La longue litanie de la rentrée littéraire commence et, parmi la liste des nombreux romans à surgir sur les étals, voici un singulier objet aux éditions du Sous-Sol. Ceux qui par Mariana Enriquez nous est arrivé ont cette fois choisi de publier un auteur français d'imaginaire sous pseudonyme : Ars O'. de ce dernier, on sait peu de choses excepté qu'il est scientifique de formation et qu'il a déjà publié plusieurs romans et BDs dans le milieu de l'imaginaire. Bain de boue ne renie pas ces affinités puisqu'il s'agit d'un roman de science-fiction aussi surprenant que radical.
Préparez vos bottes et entrons dans la bouillasse !

Ars O' nous jette d'entrée de jeu dans la bouillasse, littéralement.
On y rejoint deux personnages : Lana et Rigal, des Pelleteux, qui tentent de survivre tant bien que mal dans cet endroit submergé par la boue, une boue qui semble avoir tout envahi ou presque, une fange à perte de vue.
Mais au milieu de la bauge, comme on l'appelle, se trouve le Refuge.
Un endroit sinistre dirigé par le Jardinier, le seul à avoir accès à un potager, et le seul capable de prévoir les coulées. du moins, c'est ce qu'il affirme.
Dans cette proto-société post-apocalyptique, deux castes : les Pelleteux d'un côté et les Puterels de l'autre. Les premiers déblayent la boue encore et encore, les seconds obéissent aux désirs (y compris sexuels) du Jardinier et tabassent ceux qui désobéissent. Autant dire que la durée de vie moyenne dans la bauge n'est pas bien folichonne.
Un jour, Lana et Rigal décident de s'enfuir pour suivre les anciennes ruines et (re)trouver l'ailleurs dont ils viennent. Car un ailleurs existe, c'est certain, mais le problème, c'est de le trouver sans crever sous une coulée ou égaré dans la bauge. En s'embarquant dans ce dangereux périple, ils emmènent avec eux l'un des Puterels et une Môme…et sont bientôt rejoint par la Vieille Truie, qui est là depuis tellement longtemps qu'elle ne sait quasiment plus parler et qu'elle semble être parfaitement à l'aise dans la boue. Tout ce petit monde cherche la lumière au bout du tunnel mais, pour cela, il va surtout falloir apprendre à se faire confiance…
Bain de boue est une expérience, assumée et jusqu'au boutiste, dans un monde post-apocalyptique qui n'a plus grande chose d'humain.
Un monde marronâtre, qui sent la mort et le désespoir. Ars O' s'inscrit dans une veine Volodine-Pinedo quelque part entre Plop et Les Aigles Puent.
Avec son vocabulaire et ses formulations volontairement répétitifs, ses leitmotivs autour de la survie et son univers complètement désespéré, le roman attirera en premier lieu ceux qui aiment la littérature au noir, celle qui s'enfonce jusqu'au coude dans l'abjection humaine pour y repêcher une mince lueur d'espoir à la fin. Pour les autres, le voyage risque d'être rude.

Le style d'Ars O' est rugueux, sec, il ne s'embarrasse pas de fioritures inutiles et de dépouille même à l'extrême lorsque la Vieille Truie prend la parole. Si l'univers décrit est fascinant de noirceur, avec cette bauge de cauchemar dont l'origine n'est jamais explicitée, le roman a les défauts de ses qualités. En effet, pour insister sur le caractère incongru et mystérieux de ce sous-monde post-apocalyptique, l'auteur en dit très peu sur le contexte et se limite à un survival sous la forme d'une expédition de la dernière chance. Rapidement, le texte devient répétitif, autant dans la forme que dans le fond et le dépouillement intentionnel du phrasé des protagonistes ainsi que du déroulé de leur aventure engendre peu à peu une certaine lassitude. Tout n'est que boue, coulée, boue, boue et encore boue. le cadre devient monotone, presque ennuyeux. Il arrive la même chose aux personnages, que ce soit Rigal, Lana ou encore le Puterel orange, tellement engoncé dans le style froid et la répétition de leur fuite qu'il ne laissent que peu (voire pas) d'accroche émotionnelle au lecteur. Il faudra attendre la toute fin pour voir se dégager quelques éclats. Tout se passe comme si Ars O' avait produit un variation appliquée et assumée d'un texte de Rafael Pinedo mais en poussant tellement le curseur stylistique qu'il était tombé dans son propre piège, celui du récit froid et expérimental qu'on regarde en appréciant l'exercice mais sans en goûter l'objectif.
Et c'est dommage au fond car c'est avant tout l'apprentissage des liens humains à reconstruire qui semble occuper l'auteur. Comment apprendre à faire confiance, à aimer et à sauver des gens qu'on nous a appris à détester ou à se méfier ? Bain de boue, c'est une reconstruction de l'humanité mais qui oublie la chaleur humaine dans son déroulé et dans son style. Trop uniforme par son cadre pour dégager une vraie empathie de la part du lecteur, le récit s'embourbe et on peine à avancer comme nos héros en fuite. C'est typiquement le genre de texte qui aurait mérité d'en rester à la novella voire à la nouvelle mais certainement pas à s'étirer comme de la guimauve en un roman de 250 pages qui rallonge la sauce sans pour autant relever le plat final.

Roman radical qui vous entraîne vers le fond, Bain de boue est une expérience qui peut combler un lectorat en quête de récits noirs et râpeux. Malheureusement, difficile de conseiller celui-ci tant sa froideur et son cadre en font un objet difficilement accessible pour ne pas dire pesamment ennuyeux. Pelleteux ou Puterel, choisissez votre camp.
Lien : https://justaword.fr/bain-de..
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Journée pluvieuse, lectrice heureuse.
Heureuse car bien à l'abri, au sec et au chaud, j'ai pu dévorer en trois heures ce Bain de boue qui m'avait été recommandé par la belle critique de Sandrine (HundredDreams).
Belle critique ne veut pas dire belle histoire : non non, ici on est dans le glauque, le crado, le qui colle et qui pue.
C'est la Horde du Fuirlabauge.
De la bauge, on ne connaît que la boue, cette mer de boue qui recouvre le monde, qu'il faut pelleter chaque jour, interminablement, pour ne pas être englouti sous ses coulées ; la boue dans laquelle il faut à tout prix éviter de tomber sous peine de mourir de froid, de maladie, de putréfaction.
La bauge dominée par l'horrible Jardinier là-haut dans sa cahute sur pilotis, maître du verger et violeur d'enfants.
De la Horde, on retrouve des personnages qui avancent, unis par un objectif, affrontés à des obstacles, obligés de s'entraider. Tous sont énigmatiques.
Mais au fil de la lecture - tel un petit coin sec où poser sa natte, dormir, rêver – un souvenir s'extrait de la mémoire, nous éclaire sur leur passé.
C'est une lecture extraordinairement captivante, une sorte de roman d'aventures collant, glissant, dégueulasse mais impossible à lâcher une fois commencé. L'écriture aussi a ce côté dégueu, cru, dont on voudrait s'extraire mais qui vous engloutit.
Merci à Sandrine qui m'a mise sur la piste de cet indescriptible roman. Je l'ai réclamé à la bibliothèque et, ô miracle, la bibliothèque l'a acquis. J'espère bien qu'il fera d'autres lecteurs heureux.
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Lana en a plein le dos de la boue.
Depuis qu'elle a été amenée dans cet enfer, elle passe son temps à évacuer la terre humide, avec son petit seau, comme les autres Pelleteux et son compagnon Rigal.
Et ça fait un moment qu'ils pataugent dans la fange.
La boue s'étend à perte de vue, les coulées aussi nombreuses que dangereuses sont redoutées.
Depuis qu'ils ont rejoint le Refuge, sous la direction du Jardinier, grand manitou qui prétend être le seul à prévoir ces maudites coulées, Lana et Rigal morflent.
Ils subissent les humiliations quotidiennes des Puterels, les lieutenants cruels du Jardinier, s'épuisent à repousser, jour après jour, les dégâts de la boue sur le Refuge.
Alors un jour, Lana décide de partir, quitter la tyrannie et la mort lente qui l'attend dans ce soi-disant Refuge. Avec Rigal et deux autres personnages, elle va s'échapper et tenter de rejoindre la civilisation, celle dont on l'a privée pour l'enfermer dans cet enfer.

Bain de boue est un roman de science-fiction à l'écriture brutale pour un sujet qui l'est tout autant.
J'aime beaucoup la structure du récit qui alterne entre trois points de vue, trois personnages qui pataugent ensemble, les pieds dans la boue, le corps et l'esprit tournés vers une promesse de salut.
Il se dégage une certaine poésie, même dans le style pourtant direct de l'auteur et dans les horreurs que les protagonistes vivent ou ont vécu. Leur avancée dans leur prudente évasion faite de traques, d'anticipation et de peur, permet au lecteur d'en apprendre plus sur les origines du Refuge et de cette étendue de terre humide ainsi que sur la psychologie des personnages et leur vécu, avant leur descente en enfer dans cette bauge.
Le rythme est très nerveux. le récit est composé de phrases courtes et d'un vocabulaire volontairement cru.
Ars O' nous décrit des personnages dépouillés de leur humanité qui fuient un camp pour un monde meilleur. Cette lecture m'a souvent rappelé notre actualité et bien que fiction, le roman puise également dans notre terrible modernité.
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Ah mais ouais putain ! le voilà le petit défi que je vais galérer à conseiller alors que c'est typiquement le genre de livre qui FAIT que j'AIME autant LIRE.

Par exemple, le fait que les personnages principaux (Rigal, Lana, Puterel et La Môme) évoluent dans un décor engorgé de boue, de gadoue, où tout n'est qu'humidité dans ce coin baptisé bauge (référence à là où se vautrent les sangliers pour faire dodo, je démystifie), … ça colle mais c'est pas poisseux.

C'est pas comme les marais le sud et tout ça, sinon j'aurais dit ça pègue. Là, c'est juste comme quand tu te prends une guibole dans la boue et que ça fait FLOCH FLOCH et que ton pied reste coincé comme une ventouse qui se décolle pas, tu vois ou pas ? Bah Bain de Boue c'est ça. SAUF QUE.

De la même façon que les personnages fuient leur condition, tentent de s'extirper de ce gros tas de terre coulante, le texte prend forme, les personnages tissent des liens, redécouvrent un semblant d'humanité, malgré une désolation évidente.

J'en avais parlé un peu plus tôt, la quatrième de couverture de ce roman m'a fait penser à une autre pépite ; Plop, de Rafael Pinedo, un conte post-apo aussi cruel que boueux lui aussi, et j'adore voir ce genre de connexions entre certains livres qui m'ont marqué.

Anyways, on pourrait croire que Bain de boue choppe du Mad Max Fury road pour le côté social ; le Jardinier règne dans une région et décide de qui peut vivre ou mourir, aussi il pratique l'inceste sur ses gosses et cultive un verger qui permet de maintenir toute cette « société » en « survie ».

Rigal et Lana quant à eux sont deux pelleteux de la bauge, des esclaves presque cadavres désignés pour retirer toute la gadoue et former des congères jusqu'à ce qu'ils en crèvent pour vrai.

Bain de boue choppe aussi un peu à 1984 ; c'est encore un couple qui décide de s'enfuir et de ne plus porter sur leurs épaules, une condition insupportable.

L'écriture est fluide, lacérée, orale. J'ai eu l'impression qu'Ars O' cherchait à nous extirper à chaque nouveau paragraphe d'un peu de cette terre qu'on se prend dans la gueule malgré nous et qu'à force de pas cracher comme il faut, on fini par s'étouffer.

Oh merde. Tu vois ? ça c'est moi, j'essaye de clarifier des trucs et au final y'a rien qu'est dit d'assez intelligent pour que ça sonne correct. Quoiqu'il en soit, Bain de boue est a classer parmi dans les petits romans de l'enfer que j'aime conseiller à chaque rentrée (l'année dernière c'était Fantaisies Guerrillères de Guillaume Lebrun, par exemple).
Lien : https://www.instagram.com/
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Une écriture quasiment parlée, rustique, mais bien rythmée et surtout avec une réelle modernité. Ça se dévore !
Pas de chapitres classiques, mais des paragraphes plus ou moins longs, rythmés par l’alternance des personnages,
- Alternance même au sein d’une action, dans sa continuité, rajoutant ainsi une vision riche de la situation

Des dialogues rugueux, rustres, mais magnifiquement jetés et illustrant à merveille l’état d’esprit des personnages.
Des personnages, des personnalités, attachants, blessés par la vie, en mode survit et devant faire des choix forts pour celle-ci.
- Avec une description fine des sentiments, des attitudes et du ton de la voix, enrichissant à merveille les propos ou comportements de ces personnages

Un monde post-apocalyptique ?
- Ou simplement un monde qui subit les effets mêlés de la pollution (issue d’un accident industriel ou simplement de la dérive du monde moderne ?) et d’une révolution violente (justifiée il pourrait sembler !)
- Un monde qui se découvre par petites touches d’exploration et de souvenirs des personnages
- Au sein duquel les gens qualifiés d'intelligents ne sont pas toujours ceux qui le semblent…Mais de quel type d'intelligence parlons-nous alors ?

En synthèse, un romain qui se lit bien, vite et qui laisse un petit gout de reviens-y 😊
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Le Mulot s'approche. Il n'est pas costaud. À plus de trente ans, si tu es né là, tu es condamné à baisser. Lana vide son seau dans un coin qui ressemble à un qu'elle aurait choisi. Quand le Mulot est assez près, elle le lui balance dans la figure. Il hurle :
-Putasse !
Avant de toucher le sol. Et il crie. Pis il crache. Rouge dans sa barbe. Il s'est mordu la langue.
Elle dit :
-Rentre au refuge.
-Le Jardinier va te bannir! Il va te planter ! Il va t'engrosser !
– Dans quel ordre ?
Ça lui cloue le bec. Elle serre l'anse du seau. Il va y revenir, il y revient toujours. Il y en a qu'il a à l'usure.
Il saute. Elle fait un pas en arrière et glisse. Tombe allongée. Exprès, pour se faire moins mal qu'assise. Il est sur elle et lui attrape l'épaule pour la retourner. Le Mulot a de la jugeote.
Elle n'a pas lâché le seau mais il appuie sur son bras et elle doit s'y reprendre à deux fois pour se dégager. Même ensuite, son coup est trop mou pour le sonner. Il s'énerve. Il se penche et répète :
-Laisse-toi faire ! Laisse-toi faire !
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Peut-être que le problème c'est que les plantes qui soignent, dehors la Baugé, font qu'il y a beaucoup de faibles qui survivent. Mais c'est pas mal, il pense, des fois, de soigner les faibles. Des fois, ils ont de bonnes idées, et des fois ils sont juste sympas. Et ne pas les laisser mourir, c'est aussi ne pas construire des murs de cadavres autour de soi.
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Ils ont demandé gentiment. Ils ont expliqué. Ils ont négocié. Et on s’est foutu de leur gueule, et des fois, on leur a tapé dessus. Ensuite, ils ont cassé des trucs. Surtout de la pierre. Des symboles. Et ensuite, quand ça a pas fonctionné, ils ont cassé des gens.
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Personne ne sait ce qu’il fait dans la bauge.La plupart sont nés là. Ceux qui ont de la jugeote prennent par le cul mais tout le monde n’a pas de jugeote. Alors il y a des mômes, parfois, et certains survivent et ils restent.Le Mulot est né là. Il le lui a dit quand elle est arrivée. Il avait l’air fier, peut-être parce qu’il avait passé trente ans. Il regarde Lana maintenant, pen-dant qu’elle charrie la bouillasse. Elle n’aime pas ça.
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