Je me comporte comme une collégienne. C'est grotesque. Après tout, nous sommes à l'ère des aventures sans lendemain, des histoires d'un soir C'est ridicule qu'une femme comme moi, « d’un certain âge », passe autant de temps à spéculer à propos d’une simple étreinte amicale. Ça ne voulait sans doute rien dire pour lui.
J’ai remarqué au fil des ans que j’avais de moins en moins besoin de sommeil. Mais depuis peu, mes cauchemars sont devenus si vifs que je me réveille hagarde et accablée, et qu’à la fin de la journée, mon lit représente davantage un châtiment qu’un refuge confortable. Je m’en approche avec appréhension.
Ma fidèle Reba s’est rendu compte avant même que je ne me l’avoue que mes nuits étaient agitées. Au début, elle s’est contentée de me proposer une tisane de camomille ou de verveine à l’heure du coucher, mais, ses décoctions n’ayant aucun effet, elle m’a harcelée jusqu’à ce que j’accepte de consulter le docteur P. Étonnant de sa part, car Reba croit dur comme fer à ses remèdes universels et aux soi-disant pouvoirs de guérison qu’elle possède en tant que septième fille d’une septième fille. Une telle foi en ces vieilles traditions est remarquable de nos jours.
J’avais toujours été une lectrice vorace et j’avais déjà épuisé les maigres ressources de la résidence d’été des Endicott - des classiques, Louisa May Alcott, Mark Twain et compagnie. Mais voilà que je découvrais cinq ouvrages que je n’avais encore jamais vus. Les auteurs m’en étaient inconnus à l’époque, mais je sais maintenant que ces lectures avaient été bannies de Boston : Hemingway, Dos Passos, Sinclair Lewis... Je me suis emparée du premier, dont le titre m’attirait tout particulièrement : Le Puits de solitude. Je me suis assise sur le lit défait et j’ai caressé les lettres du bout du doigt.
L’argent, c’était plus simple à partager qu’une propriété. Du coup, je l’ai vendu une première fois - ce devait être en 95 - à un groupe baptisé la Nouvelle Église d’ontologie transcendantale. Ils avaient de grands projets. Ce sont eux qui ont construit le dôme pour leurs rassemblements et les bungalows pour accueillir des pensionnaires. Mais très vite, le fondateur a pris la fuite avec la caisse et l'épouse de son premier apôtre. Tout s’est écroulé et les disciples restants m’ont demandé de revendre l’ensemble.
Les créatures des collines, les arbres, les cours d’eau, les rochers me parlent à chaque passage, chacun chantant sa propre mélodie du chant à mille voix de la création.
A présent, une ligne écarlate nimbait le sommet des montagnes. Le bord des nuages se teinta de rose, et soudain, le soleil apparut juste derrière le mont Pinnacle.
J’avais l’impression qu’un voile s’était levé et que, désormais, j’y voyais clair. À l’âge tendre de seize ans, j’étais rassurée de découvrir que je n’avais rien d’un monstre. Je savais que je ne changerais pas, mais je savais aussi que je ne révélerais jamais ma véritable nature. C’était impossible sans couvrir ma famille de honte.
Quoi de plus efficace qu’un examen de conscience suivi d’une confession et d’une absolution ? Cela vous éclaire l’esprit. Nombre de personnes se reprochent toutes sortes de bagatelles après avoir perdu un proche. Elles se disent : « Si seulement j’avais fait céci, si seulement je n’avais pas dit cela… »
Du temps de Luther, les chiens étaient interdits sur la véranda. Aujourd’hui que je suis toute seule... Un chien, ça vous tient compagnie, n’est-ce pas ? C’est plus malin qu’on croit. Regarde comme il m’observe : je suis sûre qu’il comprend tout ce que je dis.
Quand tu étais jeune, tu croyais en toutes sortes de choses comme le Père Noël, les cloches de Pâques et le Prince Charmant!