Adam Windjammer émergea des ténèbres et se redressa d'un mouvement brusque. Il lutta quelques instants, encore prisonnier de ses rêves, le temps que les visions qui hantaient son sommeil se dissipent à nouveau.
Il s'étira, le souffle court, suant dans la chaleur suffocante de la cabine principale. La carte était toujours étalée sur la table devant lui. La lumière de la lanterne éclairait le tracé irrégulier de la côte. Il en était encore à se demander combien de temps il était resté ainsi, la tête appuyée contre la table, quand il s'aperçut qu'il n'était pas seul.
- Qui est là ?
La silhouette du Français surgit de l'ombre,
- Monsieur Valoir ? Que faites-vous ici ?
- Pardieu, je n'arrivais pas à dormir ! expliqua Victor Valoir.
Il se tourna vers l'alignement de fenêtres treillissées.
- Vous avez entendu les canons : nous allons avoir des ennuis. De gros ennuis.
Il s'exprimait d'une voix basse, dans un français rocailleux que même Adam avait du mal à comprendre, bien qu'il ait fini par s'y habituer.
- Votre ami, M. Honthorst, n'aime pas ça non plus. En ce moment même, il sème la zizanie auprès des autres passagers, comme à son habitude.
- Du calme, monsieur Valoir, parlez plus lentement, sans quoi je ne vous comprends pas, répondit Adam.
Du dos de la main, le Français essuya la sueur qui perlait sur son visage et poursuivit posément :
- Que recherchez-vous, Adam Windjammer ? La gloire ? La fortune ? À moins qu'il ne s'agisse d'une demoiselle ?
- J'ignore de quoi vous parlez.