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Citation de armand7000


Dans sa vie privée, elle fuyait autant que possible toutes formes de contraintes et se déchargeait volontiers sur les autres, et notamment sur Thomas. Elle préférait se laisser guider surtout quand cela la dispensait de subir une réalité qu’elle jugeait ennuyante. Un contre-courant générationnel, elle en avait conscience, car la tendance était plutôt au féminisme exacerbé. Être une femme libre et indépendante et se défaire de la suprématie masculine ? Oui elle adhérait à cent pour cent, sur le papier… Mais en vérité, elle trouvait bien commode de se reposer sur un homme, du moment qu’elle le choisissait. C’était peut-être à cause de cela, que ses tentatives pour se « caser », avaient toutes échoué. Elle ne se sentait pas en phase avec les garçons de son époque ! Elle en avait tristement conscience, jamais elle ne trouverait un homme comme Thomas. Jamais aucun ne lui était arrivé à la cheville. Dans ses relations, elle finissait toujours par se lasser la première. Son record absolu : Deux ans avec Cédric ! Elle venait de le quitter avec un soulagement libérateur, juste avant qu’elle ne s’envole pour la Colombie. Pourtant, et pour la première fois, elle s’était efforcée de faire son possible pour que ça marche, brimant et refoulant sa nature première. Mais les efforts n’étaient jamais suffisants, et les remarques toujours plus vindicatives. La projection d’un futur commun lui apparaissait avec frayeur, pareille à ces vieux couples aigris, qui ne savent plus s’adresser la parole sans s’écharper. L’imminence de son départ avait précipité sa décision. Non, leur relation ne survivrait pas à la distance, non il ne prendrait pas de billet pour venir la rejoindre. Leur chemin s’arrêtait là.

Elle allait pouvoir jouir de cette expérience d’aide humanitaire l’esprit libre, sans devoir rendre des comptes à qui que ce soit. Rejoindre Thomas et l’épauler dans sa mission au cœur d’une association de quartier revêtaient pour elle une saveur particulière, l’aboutissement de toutes ses années d’études, la liberté, et le réconfort inconditionnel de son frère. Il lui avait tant manqué ! Toute une année sans le voir, c’était beaucoup trop. Même s’ils avaient échangé par Skype à de nombreuses reprises, rien ne valait une présence physique. Thomas offrait ses services de pédiatre et à ce qu’il lui avait dit, ils ne seraient pas trop de deux.

La Colombie venait tout juste de sortir de cinquante années de division politique et de guérilla. Les fortes inégalités s’accentuaient et le pays déchiré par des luttes internes voyait ses populations les plus faibles délaissées. Le dispensaire se situait à trois cents kilomètres au nord de Bogota, au cœur du bidonville Arenal, crée il y avait de cela deux ans, par un homme originaire du barrio , l’association, en plus d’offrir des soins de premières nécessités exerçait un rôle social primordial, dont les enfants constituaient la priorité absolue. La tâche s’avérait compliquée, et la progression aussi facile que de marcher sur des œufs. Thomas l’avait suffisamment « briefée », il fallait aider les familles sans pour autant faire de l’ingérence, et s’adapter à la réalité économique du terrain.
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