Son appel
Embrasse-moi, si peux, comme le vent
Qui secoue les mers de vastes frissons,
Comme un séisme en marche, terrifiant,
Comme les nues noircissant l'horizon.
Ou bien fais-le comme un papillon bleu
Qui sur une fleur s'attarde un instant,
Comme l'astre du jour, suave adieu,
Embrassant le soir qui vient doucement.
Tel l'orage la forêt étreins-moi,
Et comme son chant le cygne à sa mort,
L'ultime autant que la première fois,
Ainsi m’étreins et serre-moi bien fort !
Je suis la biche et t’attends dans le bois,
Je suis l’or qui se rêve au poignet cher,
Je suis l’humide, frêle, chaude terre
Criant au soc de la pénétrer droit.
Avec ta bouche tu me cherches
Comme un aveugle cherche une porte.
Ta raison s’est écroulée sous des mots fous
Et je suis tombé, vaincu
Sous les murs de ta cité.
(DU CÔTÉ DU LENDEMAIN)
La volonté de Camil Petrescu de substituer à un monde pragmatique et versatile un autre monde, fondé sur une sélection authentique des valeurs, cette volonté de mettre entre parenthèses le monde donné en faveur d’un monde fondé sur le solidarisme (sic !) social et sur le culte de l’effort intellectuel, pouvait trouver son équivalent spéculatif dans les exigences centrales de la phénoménologie.
(traduit du roumain par Florica Courriol)