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5/5 (sur 3 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) à : Iași , le 17/04/1916
Mort(e) à : Bucarest , le 17/11/1944

Source : éditeur
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Bibliographie de Magda Isanos   (2)Voir plus

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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Magda Isanos
L’homme

Remplissant et la chambre et le cœur tout entier,
l’homme vint du dehors, de la pluie et du froid.
Sa grosse voix fit le feu s’effrayer.
En enlevant sa pelisse, il jurait.

On dirait un grand chêne touffu,
pensais-je en moi-même – mais il est beau.
Il se fâche et s’emporte, et tout de suite il rit.
Je ferai maintenant qu’il ne s’en aille plus.

– Comme un roseau, tu es frêle et souple,
grommelait-il parfois.
Ton corps de fleur est hérissé d’épines,
crains mon bras cependant, il pourrait te briser…

La force émanait tranquille
de ses bras, de sa poitrine nue.
Fais-moi, Seigneur, pareille à Dalila
Fourbe et rusée,
pour que je puisse, alors qu’il dormira,
percer son secret et l’asservir
à mon rêve d’ici-bas…

(traduction de Claude Sernet)
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Les clairs matins

Parfois, les clairs matins
me font regarder le soleil et rire :
alors, je doute que je puisse mourir,
ma vie a un timbre joyeux et serein.

C'est en elle que je crois, c'est en son nom que je jure,
je crois aux couleurs de ma jeune saison,
svelte comme le bouleaux qui élèvent leurs troncs
dans le soleil, je voudrais en imiter le murmure.

Peut-être il n'y aura pas de soir, pas d'octobre pourri
pour y incliner mon front brûlant ;
pour plaisanter, les mains sur la poitrine, je dis :
la vie est partie, partie depuis longtemps.

Et alors, plus puissant que les jardins en été,
mon riche sang, dans mes joues comme la cire,
ressemble à une aurore qui commence à monter
non, ce n'est pas vrai que je vais mourir !

(p. 13)
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Mon Dieu, je n’ai pas encore achevé

Mon Dieu, je n’ai pas encore achevé
le chant que Tu m’avais murmuré.
N’envoie pas d’anges de feu et de glace ici,
toutes les nuits.

Je ne peux partir : l’appel des arbres je l’écoute,
« Halte ! » crient les fleurs, en poussant sur ma route.
Sur toutes les choses, j’ai à peine commencé
ma chanson, ma louange naïvement étonnée.

Aux gens, je voulais leur laisser
mon âme, en guise de pain pour l’arrêt,
en guise de champ, de ciel et de bois,
pour tous ceux qui ne me demandent pas
et ne me connaissent pas, il faut que je dure,
que je sois leur veilleuse future.

Je cherchais dans les herbes qui poussent
les secrets qui restent cachés à tous,
je regardais dans la fontaine et dans l’étang,
et j’écoutais les sapins au vent.

Alors les anges sont venus m’appeler,
Mon Dieu, je ne peux partir, je n’ai pas encore achevé !
Ouvre la cage : elles s’en iront,
mes impatientes chansons.

(pp. 293-295)
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Épilogue

Stridents clairons d’airain,
l’hôpital est resté loin.
Pour quelques-uns, l’heure du jugement a sonné,
et la mort, embrumée,

a pris la tuberculeuse : cette demoiselle
qui voulait tellement rentrer chez elle ;
a pris la vieille et la mère bonne,
sans en rendre compte à personne.

Des anges touffus, aux lumineuses épées,
volent encore les plafonds inclinés,
et près du lit étroit a paru
notre bouclier lumineux : Jésus.

(p. 261)
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Loin, il y a des tourbillons

Loin, il y a des tourbillons, des tempêtes.
Sur notre île calme, nous attendons.
Chacun à son gré, sur notre île, nous rêvons.
Qui mettra des couronnes sur nos têtes ?

Car c’est pour cela que nos fonts sont bâtis,
pour les porter, les couronnes fleuries.
Ils ont vécu, dira-t-on, dans cette cité.
Ils ont vécu, ils sont morts, dans la simplicité.

On parlera de nous. N’est-ce pas bizarre ?
Sur notre île aux rêves, nous avons eu notre part,
jeunes et pleins de la lumière qui de nous se sépare,
devenus sombres, nous voyons qu’il est tard.

On parlera de nous. N’est-ce pas bizarre ?

(p. 83)
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La forêt

L'arrière-saison arrivée,
la forêt a descendu, comme si c'était un trésor,
ses clochettes faites de verdure sonore :
nos artisans n'en possèdent pas le secret.

Comme si c'étaient des morts, elle leur a fait des tombeaux,
les cloches des chênes et des ormes,
mêmes enterrées, elles rêvaient de là-haut
et doucement sonnaient sous les portes énormes.

On en voyait encore les flammes des crinières,
et le monde les regardait ébloui,
pendant que le sang altéré des fruits,
vers les lèvres des filles, descendait dans la terre.

(p. 57)
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Ce ciel-là

Ce ciel-là est tombé doucement,
en exhalant une odeur bleue, tout près,
à l’heure triste où brillaient les étoiles,
comme des coupes pleines à moitié.

Comme des yeux fatigués par le rêve,
c’était ainsi que des paupières s’ouvraient là-haut,
et, confusément, comme au fond des eaux,
les dernières grues de la nuit passaient.

Il y avait des confins autour, le silence durant,
on entendait même les fleurs faire du bruit,
comme des ailes d’anges qui ont surgi
loin, dans les grands jardins innocents.

(p. 127)
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Chanson de la vanité

Milliardaire, je prodigue tout
mon grand trésor de chants et de sourires.
De toute chose, des sens tout frais je tire,
je trouve, comme le printemps, des fleurs partout.

Pareille aux brins d'étoiles en été
je glisse vers la fin très doucement,
je m'en sépare plus qu'un seul instant
ma flamme laisse aux cendres son secret.

De toutes les sèves et les poussières,
sous le soleil, j'avais bercé un rêve
en l'écrivant dans la seconde brève,
j'en dresse devant le temps une barrière.

Je vivrai peu et cependant c'est trop,
lorsque je pense aux gerbes de chagrin,
mon propre être m’apparaît comme vain,
en m'écoutant, je ne crois pas un mot.

L'épi de blé est mûr et je m'incline,
que la moisson vienne, que je sois
mise dans une grange faite de bois,
où l'on se tient les mains sur la poitrine.

En m'approchant de ce moment, je pense :
rien je ne regrette comme je pleure
l'amour, soleil qui reste dans le cœur
et que personne, ensuite, ne dépense.

(p. 105-107)
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Dans le bois

Dans le bois plein de la verte parure
du printemps, dans la lumière pas encore mûre,
je suis allée voir les lézards et les hannetons,
et parler avec les buissons.

Ma lyre, je l’ai accrochée
à la branche fleurie d’un églantier.
Des bourdons dorés sont montés sur les cordes tendues,
et des oiseaux, autour, sont venus.

Comme en dansant la ronde, les colombes viennent,
je leur parle : « Mes sœurs,
ce n’est ni nœud ni piège, n’ayez pas peur,
ce n’est que trouvaille humaine et vaine ».

Alors, les fauvettes, se réjouissant :
« Veux-tu que l’on te chante l’éternel printemps ? »
« Bons oiseaux, je le veux bien,
chantez, vous qui n’avez ni cordes ni mains. »

(p. 35)
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Les Oiseaux
   
Les oiseaux aux ailes fatiguées,
des marécages oubliés,
ont volé tant qu'a duré leur vol,
ensuite, ils se sont mis sur mon épaule,
et frappèrent dans ma tempe, presque fleurie.
   
D'autres plus petits flottèrent dans un essaim
multicolore, qui fait du bruit quand il vient.
La chambre remplie de plumes et de vent,
je clignais des yeux, doucement.
   
Tous, ils chantaient le soleil.
Et la pluie qui fait déverser les seilles.
Et le vent qui ébranle leurs nids,
même sur les plus hautes branches assis.
   
Ils se posaient en gonflant leurs jabots,
sur la veilleuse, dans les dentelles des rideaux,
sur mes oreillers... Et s'ils chantaient,
c'étaient parce que les safrans commençaient à pousser.
   
« Oh, chassez-les...» criais-je ; mais voici
le sombre aigle est déjà ici,
et il dit d'humaine voix :
« Un arbre veut pousser de toi ».
   
-
   
Păsările
   
Păsările cu aripi molatece,
din smârcuri sălbatece,
au zburat cât au zburat –
pe spatele lor era cerul culcat –
apoi începură să coicănească
tîmpla mea, gata-n vis să-nflorească.
   
Altele, mici, plutiră ca un roi
multicolor și-asurzitor spre noi.
Odaia se umplu de vânt și pene ;
clipeam alene.
   
Toate cântau soarele.
Ploaia, care-și varsă ulcioarele.
Vântul, care clatină toate
cuiburile lor cocoțate...
   
S-așezau pe pernele mele,
pe lampă și-n dantela din perdele,
și cântau, umflând gușele,
c-au început să răsară brândușele.
   
« Oh, goniți-le » ... strigam și, iată,
venea pajura întunecată,
care spunea cu voce omenească :
« un pom vrea din tine să crească ».
   
   
Traduit du roumain par Elisabeta Isanos | pp. 36-39
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