Citations de Louisiane C. Dor (40)
Les paradis artificiels ne sont que des courants d'air : ils nous caressent la peau , rien qu'un peu , et puis le lendemain nous rendent malades à en crever
Nous sommes une dizaine à nous balancer sur The XX , transportés , bercés par des notes de musique que nous ne connaissons pas encore . Cotonneux et luisants , majestueux , nonchalants, d'inoffensives méduses . Nous sommes la légèreté . Nous sommes de tendres particules de douceur . Nous sommes la jeunesse d"aujourd'hui et demain .
Un jour , je mourrai debout . Je ne me couche que dans ma tête .
[...] tout de même, à un moment donné, il faudra bien aller dormir .
Je pense à la raison pour laquelle le H du mot “heureux” ne se prononce pas ; peut-être est-ce simplement car l'on ne peut que partiellement être eureux.
Je commande mon verre d'eau afin de dissoudre mon parachute . Le mot parachute est particulièrement mal choisi , car l'atterrissage se fait rarement en douceur .[...]Mon trip monte lentement , mais sûrement . Et puis, sans que j'en sois étonnée puisque j'en ai déjà pris l'habitude , mon corps soudain explose , laissant échapper moult choses par tous mes orifices : des arcs en ciel , des pétales de fleurs , des colombes et quelques libellules -roses . Mes yeux demeurent plus noirs encore que ne l'est la pièce . Muse chante "I'l feeling good ", ce qui me parait être une berceuse .
Mes yeux sont debout. J'aimerais que mes mains aient des pieds afin de pouvoir les emmener où je veux. Je me sens bien avec moi-même. Je me dis que je suis plutôt grandiose, et câline mon, moi intérieur. Je regarde mes jambes qui sont à la verticale, alors que j'étais persuadée d'être allongée. Mon cerveau communique avec l'autre sphère - je le laisse faire, je n'ai pas besoin de lui pour le moment.
(P60)
Ma timidité s'envole en un trait de cocaïne.
(P22)
On veut boire de l'alcool parce qu'on n'a pas le droit d'en boire . On veut sortir jusqu'à une heure parce qu'on a la permission de minuit . L'adolescent et le bon raisonnement sont deux aimants que l'on tente en vain de coller l'un à l'autre . Cela ne fonctionne pas , c'est ainsi . Chers parents : faites-vous à l'idée .
Mamie dit que les garçons n'ont ni queue ni tête ; c'est à moitié vrai : ces imbéciles n'ont vraiment pas de tête.
(P51)
Nous ne nous droguons pas. Le mot "drogue" est tout ce qu'il y a de plus grotesque. Nous ne sommes pas dépendants. Nous ne sommes pas des consommateurs. Nous prenons simplement de la MDMA plusieurs fois par semaines. Rien de plus.
(P35)
Paris est le rêve de tous ceux qui n'y habitent pas .
Les enfants de la nuit sont très souterrains .Il est bien plus excitant de jouer les fêtards six pieds sous terre : c'est une cachette, un cocon, un monde à part .
J'ai dix-huit ans pour toujours. Le futur ne me réserve pas d'avenir. Je connais déjà tout et les adultes ne peuvent rien y comprendre. Les adultes n'ont jamais eu dix-huit ans. Plus ils m'indiqueront une direction et plus j'emprunterai son contraire. Les adultes ne savent pas ce qui est bon pour nous. Ils souhaitent que nous soyons "normaux" et, pour ainsi dire, sans personnalité. Ils veulent faire de nous ce que eux n'ont pas réussi à devenir.
(P42)
La poussière est la sueur du temps. C'est à peu près ce que l'on vient chercher dans ce genre d'endroit [les boîtes de nuit] : suer et perdre notre temps car l'on n'arrive pas à le dépenser autrement.
Est-ce que c'est ça la vie ? S'attacher à des êtres pour les perdre ensuite ? Nager à la surface, se laisser bercer par le doux mouvement des vagues et soudain perdre pied, l'eau douce devient salée, vous n'avez pas la moindre branche sur laquelle vous échouer. Puis regagner la baie en se débattant comme un chiot, devoir tout réapprendre.
(P69)
Il y a cette fille à l'énergie débordante qui me laisse perplexe. Je lui demande à quoi elle tourne pour avoir autant la pêche. Elle me répond : "Au sommeil !". Je suis scotchée.
[...] Pourquoi lorsqu'on est sûr de soi on n'est jamais vraiment sûr de soi, [...] ?
Je rêvais que la lumière de la tour Eiffel pénètre dans ma chambre pour me bercer le soir. Je rêvais de passer mes réveillons à faire autre chose que manger du foie gras et boire du champagne sans bulles, entourée de ces adultes assommants qui disent "Vous avez entendu dire ? Oh oui, c'est scandaleux ! Moi, si j'étais maire..." bon sang.
La vie, désormais, a plus de couleurs. Elle est plus amusante, plus excitante.
Au fond de mon sac à main, des mégots de cigarettes, des pailles, des feuilles slim, des allumettes, des paquets de chewing-gum, quelques pièces jaunes, des cartes de taxis et surtout, des tonnes de tickets d'entrées. Des tonnes et des tonnes de tickets d'entrées.
[...] il y verrait Platon, Cupidon et le diable me tenir en laisse.